Comme j’ai déjà dû l’écrire à maintes reprises, Hollande n’a aucun cap sérieux mais cette formule lapidaire mérite une précision : Hollande n’a aucun cap à la hauteur des enjeux et des difficultés structurelles de la France. A cette observation, il convient d’ajouter que le président suit quand même un cap dont le maître mot est clientélisme. Cette semaine on a appris que la courbe de popularité du président atteignait un record historique de nullité, quelle étonnante surprise ! Cette dégringolade s’explique par la prise de conscience des français d’essentiellement deux choses.
Premièrement, l’exercice du pouvoir à l’ère télévisuelle est terriblement sujet à la critique portant sur la forme. Kennedy l’avait compris aux USA tandis qu’en France au même moment, les conférences de presse du Général distillaient un parfum de majesté d’un niveau hélas jamais revu depuis. N’ayant pas encore 34 ans, ce sont les vidéos de l’INA cruellement postées sur internet qui me permettent ce jugement ainsi que la lecture indispensable de ses mémoires de guerre que j’ai lu avec délectation en parallèle de celles de Sir Winston Churchill. Des styles d’écritures qui diffèrent mais de vieilles et glorieuses nations sublimées voire fantasmées dans les deux cas, et, c’est ma thèse, c’est ce qu’attendent les peuples. Hollande voulait ré enchanter le rêve français n’est-il pas vrai, comme diraient les britanniques ? Demandez au personnel politique actuel d’écrire un livre, la capacité à accoucher ses idées sur le papier étant très révélateur de sa propre capacité à structurer sa pensée et sa vision du monde, ceux qui écrivent bien sont malheureusement cantonnés à des rôles subalternes tandis que ceux qui sont au sommet, comme être en haut de l’affiche, ne sont que des acteurs ayant franchi avec succès toutes les étapes du casting.
Secondo : cette courbe de popularité, ou de mécontentement selon le point de vue, connaîtra tôt ou tard un point d’inflexion, comme celle du chômage. Ce n’est pas politique, c’est juste mathématique. Les impôts, règlements, et toutes les contraintes administratives donc bureaucratiques détruisent des emplois dont la compétitivité ainsi affaiblie ne pouvaient survivre à la compétition internationale. Preuve qu’Hollande enchaîne les indécisions, il n’a pas revalorisé le SMIC à son arrivée, aveu implicite que ce salaire minimal est un frein à l’emploi et qu’une revalorisation brutale exigée par toutes les chapelles communistes provoquerait une hausse conséquente du chômage. Hollande est peut être un social-démocrate en peine face à un PS encore trop marxiste comme le sont ses alliés. Le penser équivaut à chercher des points positifs à quelqu’un qui a échoué dans toutes ses actions comme le fait si bien l’indéboulonnable Alain Duhamel qui s’était esclaffé au lendemain du rapport Gallois et du CICE qu’Hollande était un social libéral. En France, vous pouvez donc être « taxé » de libéral dès lors que vous baissez certains impôts de 5 alors que vous augmentez les autres de 30… J’en tiens pour preuve de ce qu’avance, l’incroyable déclaration de Séguéla lundi dernier sur BFM. Quand il ne parle pas de montres suisses, le bonhomme dresse un constat factuel, implacable et réaliste des duretés esquivées visiblement de plus en plus maladroitement par Hollande :
Ne regardant pas la télé et étant tombé accidentellement sur cette émission un soir à l’hôtel en déplacement professionnel, je ne sais pas si les deux intervenants sont coutumiers d’une pareille acuité politique. En attendant la société française est composée de près de 70 millions d’habitants, seulement 30 en âge de travailler, près de 6 millions de fonctionnaires qui ne sont sans doute pas en recherche d’emploi dans le secteur privé et au moins autant qui sont au chômage ou en activité réduite. Le calcul est vite fait, un français sur 4 cherche un CDI dans le secteur privé, on est bien loin du chiffre pas si désespérant du taux de chômage officiel de 11% ! Combien de temps une société par ailleurs aussi redistributrice peut-elle tenir ? En Grèce, en Espagne et au Portugal où les allocations chômage sont ridicules comparées à la France, ces sociétés tiennent pour le moment grâce au lien familial sanctifié là-bas, et au marché noir. A Lisbonne en 2011 déjà, je n’ai rien pu payer en carte bleue en dessous de 40 euros… Le même phénomène prend de l’ampleur en France puisque la Banque de France reconnaît qu’en 2013 on relève un fort accroissement du nombre de billets en circulation.
L’acceptation à l’impôt est constitutive d’un état. Voir des jacqueries se développer, le marché noir en hausse, des mouvements internet de contribuables furibards se multiplier, tout confirme qu’Hollande est en train de détruire méthodiquement la France. La courbe du chômage ne s’inversera pas, au mieux elle se stabilisera économiquement au niveau que les prélèvements obligatoires et les règlements du travail autoriseront. La courbe de popularité du président elle aussi finira de baisser : Depuis son élection, Hollande ménage son électorat tant qu’il le peut au risque d’un deal perdant perdant. Accroissement des dépenses publiques en embauchant des fonctionnaires et en revalorisant leurs traitements, baisse insignifiante sur certains postes ou suicidaire concernant l’armée, Hollande croit pouvoir limiter la casse annoncée aux élections de 2014. En fait il n’en est rien, non seulement le PS est promis à une raclée aussi magique que méritée et en plus l’aggravation des comptes publiques est une bombe à retardement dans l’exercice du pouvoir rendu encore plus délicat par Hollande lui-même…
Au lendemain des municipales ou des européennes, quelles alternatives s’offriront à Hollande pour que les courbes fassent mieux que se stabiliser ? Un remaniement ? Pour suivre quelle logique ? Une dissolution ? Il faudrait du courage pour expliquer cela aux français et surtout à sa clientèle ! Hollande et ses faux objectifs est pris au piège par ses propres voeux pieux, il faut croire que la France naïve et malléable avait besoin de ce cirque infernal pour à nouveau ouvrir les yeux. De Gaulle écrivait dans ses mémoires ceci au sujet de la France dès ses premières lignes :
« Ce qu’il y a, en moi, d’affectif imagine naturellement la France, telle la princesse des contes ou la madone aux fresques des murs, comme vouée à une destinée éminente et exceptionnelle. J’ai d’instinct, l’impression que la Providence l’a créée pour des succès achevés ou des malheurs exemplaires. S’il advient que la médiocrité marque, pourtant, ses faits et gestes, j’en éprouve la sensation d’une absurde anomalie, imputable aux fautes des français, non au génie de la patrie. […] Bref, à mon sens, la France ne peut être la France sans la grandeur.»
Non seulement Hollande ne plait pas en tant que personne et personnalité mais sa politique mécontente aussi bien à droite qu’à gauche et les Français(es) ne doutent plus que ni lui ni son gouvernement ne soient à la hauteur de la situation.