Le vide comme alternative au vide puisque du néant surgira le rien tout puissant

Donc c’est fait, les deux mastodontes du centre, B&B se sont pacsés. Au fond, que deux formations politiques proches en apparence et qui ne pèsent électoralement assez peu dans les intentions de vote s’allient, quoi de plus censé ? Cette alliance pardon, « alternative », intervient surtout au moment où la propagande tente de faire croire que le FN est en mesure de contester le leadership de l’UMP sur la droite et que le PS et ses alliés verts en surface, rouge en dessous (telle une pastèque mais sans l’agréable jus sucré et la légèreté du fruit) existent encore. Il se pourrait donc sur le papier, tout du moins, qu’un espace politique se soit ouvert pour un centre à peu près unifié.

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Mais où est passée l’orange du modem? Retour au bercail M. Bayrou?

Ce constat politique établi comme terreau favorable à l’émergence de cette fameuse « alternative UDI – Modem » est hélas bâti sur plusieurs incongruités. Parlons de l’UDI d’abord, quitter l’UMP pour défendre un autre projet n’avait rien de choquant en soi, bien au contraire mais quoi ? Au moment l’UMP se déchirait à sa tête et s’enfonçait dans le vide sidéral d’idée, qu’a dit M. Borloo d’audible ? Il faudrait être assez malhonnête pour dire que l’UDI n’a pas pu se démarquer clairement de l’UMP parce que celle-ci exposait aussi crûment que cruellement (pour elle) la vacuité de son projet, de ses valeurs et de ses aspirations pour la France. C’est tout le contraire, les gens assez nombreux d’ailleurs qui ont suivi Borloo dans sa démarche avaient tout le loisir d’affirmer, marteler, leurs convictions et plutôt que de promouvoir un programme risible en 50 propositions toutes plus ineptes les unes que les autres, L’UDI avait le champ libre pour avancer fermement sur quelques idées directrices fortes qu’exige une crise aussi majeure. Autre point important, l’UDI dispose de groupes parlementaires conséquents à l’assemblée nationale et au sénat ce qui assure un généreux financement public, indispensable à toute nouvelle formation politique pour figurer dans les médias et donc exister tout court. Cette cassure de l’UMP qui récoltait assez d’argent et d’élus avait donc toutes les cartes en main pour faire enfin résonner une musique différente. Pendant une année, Borloo n’a avancé que de l’eau tiédasse d’interviews en interviews, et pire, n’a jamais brisé les chaînes intellectuelles imposées par la pensée unique socialiste que ce soit en matière économique par le biais de la dépense publique qu’il ne semble pas urgent de baisser à l’entendre, ni sur le plan écologique pour lequel il semble toujours croire au géant Grenelle magique accouchant d’une taxe pour changer les comportements… A l’entendre, on se dit qu’une voix forte et déterminée pour contester les fatwas écologiques se fait franchement attendre. Développement durable « sustainable » pour ne pas dégrader son environnement, son biotope, cela va de soi, militer pour des éoliennes et autres foutaises qui enrichissent des grands groupes spécialistes du capitalisme de connivence pour récupérer à coup de lobbying de juteux contrats avec l’état, non. Dire qu’on a des doutes sur les conclusions du GIEC, que les énergies « alternatives » sont bidons et que la transition énergétique est une farce, que toute ces injonctions sont motivées toujours sur le plan moral, dans le but de créer des rentes injustes ne fait pas de vous un vilain pollueur qui balance sa vieille batterie dans l’étang du coin.  Dernier point, dans quelles conditions les élus UDI doivent-ils leurs mandats ? Ils ont tous été élus sous la bannière UMP ! Quid dans le futur ? Je suis prêt à parier que de nombreux maires seront réélus. Fromentin à Neuilly sur Seine peut dormir tranquillement, le trublion au talent génétique Jean Sarkozy a assuré ne pas briguer la mairie… En revanche pour les sénateurs et députés UDI, leur avenir est plus qu’incertain.

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Borloo, fier de son nouveau bébé de qualité chinoise.

A contrario de l’UDI, la seconde mariée, le parent 2, ne dispose d’aucun parlementaire à l’exception de quelques apparatchiks députés européens, citons Sylvie Goulard aux interventions régulièrement intéressantes dans les experts de BFM Business mais ayant commis un livre avec un mage technocratique, Mario Monti qui s’est logiquement pris une raclée aux élections italiennes après son mandat non démocratiquement accordé de président du conseil italien. Sylvie est liée à l’ALDE, l’alliance des libéraux et démocrates européens qui ne s’offusque pas beaucoup des atteintes à la démocratie en forte progression en Europe ni du caractère bureaucratique des directives européennes bien loin de la caricature qu’on leur dresse en France en les taxant l’ultra-libérales ni encore moins sur le fait que l’UE a fait pression pour que les premiers ministres grecs et italiens légitimes partent… Certes c’étaient messieurs Papandreou et Berlusconi, deux fines pointures mais que dirons-nous lorsque les marchés financiers, l’UE, le FMI colleront un ultimatum à notre brave président normal ?

Qui d’autre le Modem amène dans ses valises ? Quelques socialistes refoulés par la rue de Solférino, des européistes béats, et tous ceux qui ont pu croire à une « alternative » Bayrou avec ses 17% de 2007 spectaculairement fructifiés… C’est gratuit mais j’avais confié bien longtemps avant la présidentielle suivante que je voyais Bayrou retomber dans l’anonymat entre 5 et 10%. En 2012, à 9% il s’est même maintenu à un niveau qui m’a surpris. En 2007, c’était l’homme qui disait que la dette était un problème grave mais sans dire comment il allait s’en dépêtrer. En 2012, c’était l’homme qui disait que la dette était un problème très grave mais sans dire comment il allait s’en dépêtrer avec entre temps un bon nombre de ses soutiens lui avaient fait faux bond… Le résultat de 2012 ne tient pas du miracle pour autant : Il montre clairement que son érosion logique, hautement prévisible a pu résister bien mieux que prévu aux sirènes médiatiques qui mettaient en tête de gondole Hollande, Le Pen et Mélenchon face au président candidat.

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2 politiques qui après avoir essuyé des défaites dont l’élection présidentielle se voyant encore comme des « alternatives » au pays.

UDI parlementaire, Modem présidentiel ? En 2007 Bayrou a dangereusement flirté avec Ségolène qui savait que sans la majorité de ses voix elle finirait laminée. Elle le fut malgré l’indécision de Bayrou bien résolu déjà de rendre la tâche plus compliquée à Sarkozy. En vain. Mais que cherchait-il s’il n’était pas uniquement motivé par une profonde inimitié avec le futur président ? Politiquement, on ne peut comprendre son hésitation que s’il avait la certitude que Sarkozy allait se bananer à l’Élysée : Sarko échoue et comme je ne l’ai pas soutenu je deviens une « alternative » puisque j’ai refusé de pactiser avec le diable socialiste ? Voilà qui est analogue en tous points à la brillante stratégie du FN comme il le démontre depuis des années : Se montrer intransigeant au point de ne jamais faire le geste qui permet une alliance en affirmant qu’on peut arriver seul au pouvoir. Le résultat est désespérément une  mise au banc du jeu politique qu’on vous traite d’extrémiste ou non. En 2012, Bayrou prit une décision typique d’Hollande, une décision personnelle appelant voire justifiant une indécision collective. Dire qu’à titre personnel on vote au second tour pour un tel en expliquant que l’on n’est pas propriétaire  de ses voix, c’est un argument qui peut résister aux assauts violents des plateaux de télévision français avec leur compétents journalistes interviewers, mais c’est évidemment une position indéfendable. Borloo, lui, s’était retiré, mais n’avait jamais cherché à nuire à Sarkozy puisqu’il inscrivait l’UDI dans l’avenir, et logiquement face à la folie socialiste qui n’avait rien retenu de la leçon de la chute du mur de Berlin. Borloo n’avait pas soutenu explicitement le président candidat et s’était mis en retrait car convaincu de sa défaite imparable. Tant que Borloo martelait « pas d’alliance avec le PS mais avec l’UMP », les choses étaient suffisamment claires pour ne pas nécessiter d’autres éclaircissements. Bayrou fin tacticien apportât son soutien personnel à Hollande alors qu’en posant pour Paris Match un été (lequel, je ne me rappelle plus, 2007 ? 2011 ? Sans opinion ? un mars à celui qui me retrouve l’info !) en déclarant relire Alexis de Tocqueville, le message subliminal était qu’il ne pourrait jamais apporter son soutien à une gauche restée collectiviste. Ses ambitions de ratisser large, surtout à gauche parmi les rares cerveaux qui avaient compris que le PS était trop gangrené par des communistes ont échoué faisant glisser le Modem au centre gauche sans unité programmatique.

Que pèseront B&B ? Probablement rien, les municipales vont être un carnage pour un mouvement aux objectifs obscurs et à l’alliance trop récente. En cas de faible score aux européennes, il y aura comme un parfum de scission. Les libéraux trahis par Bayrou le soir du premier tour de 2012 qui ne condamna pas le socialisme au contraire, digèrent difficilement cette alliance, pardon alternative. Et dire que c’est le VRP des café Jacques Vabre qui décoche une flèche incendiaire, Jean-Pierre Raffarin qui n’a nullement sa place à l’UMP mais bien plus à l’UDI qui déclare que « c’est l’équipe B »…

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Futur drapeau de l’UE, si ce n’est déjà le cas.

Pour conclure avec ce que j’ai retenu dans les grandes lignes : En s’extirpant du tas de fumier de l’UMP au bon moment avec dans ses valises un nombre appréciables de parlementaires, le bilan de l’UDI au bout d’un an est malheureusement très décevant. Quand Bayrou parlait de référendums et de consulter le peuple après son éventuelle élection en 2012 alors que le débat se cristallisait sur la viande hallal, je me suis demandé s’il n’allait pas descendre en dessous de la barre fatidique des 5% mais sa résistance fut veine et sabordée par le principal intéressé… J’aimerais que cette formation « alternative » expose clairement les bases d’une « alternative » au socialisme mais le fond et la forme indiquent que B&B restent calculateurs et n’ont que la roublardise d’un grand père qui ressentirait des remords à battre son petit-fils aux échecs : Voyant une opportunité, au lieu d’avancer une tour ou la reine, il avance un pion…

PS : teasing ! Un de mes prochains billet évoquera les positions de certains polémistes dits de droite qui n’ont pas été éjectés des antennes avec l’arrivée de la gauche au pouvoir dont on connaît pourtant l’immense ouverture d’esprit et qui affiche déjà au compteur pas mal de grossiers mensonges, diversions grotesques, falsifications de la vérité… Une idée fortement inspirée par le remplacement très intéressant d’Eric Zemmour par Guillaume Roquette pour faire face à l’ineffable Nicolas Domenach dans « ça se dispute »… Une « alternative » gagnante celle-là !

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A propos Duff

Ingénieur consterné par le monde dans lequel il vit...
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Un commentaire pour Le vide comme alternative au vide puisque du néant surgira le rien tout puissant

  1. L Argent dit :

    On en veux encore !!! de mon cote je vous place dans mes bookmarks, a tres bientot.

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