Lors de la dernière campagne présidentielle, édifiante sur bien des points, la plupart des sujets majeurs avaient été soigneusement éludés. La hauteur vertigineuse des déficits budgétaires de l’état, la croissance atone et très inférieure aux taux d’emprunts corrigés par l’inflation, le poste de plus en plus proéminent du remboursement des intérêts de la dette avaient de si fortes implications économiques qu’aucun doute sur la stratégie économique de chacun des candidats n’aurait dû être toléré. Le tintamarre médiatique se borna hélas à déterminer les impétrants, comme dirait le bateleur communiste dont il va être largement question, à se déterminer sur la viande halal, le coût du permis de conduire et l’affaire Merah.
Cette dernière affaire, grave et exigeant une pause dans la campagne ne fut que le prétexte pour recharger les armes et repartir au combat sur des thèmes toujours plus futiles et éloignés des priorités. Quel journaliste sérieux, si tant est que cela puisse exister, peut-il aujourd’hui nier que la une de « the economist » qui titrait sur la France dans le déni avec l’élection la plus frivole jamais vue avait mis dans le mille ? A l’automne 2012, la classe journalistique toujours aussi réaliste et pointue notait qu’en ne promettant pas grand-chose au fond, Hollande avait les coudées finalement assez franches pour surprendre… La première surprise fut donc un crédit d’impôts aux entreprises couvrant à peine les hausses de taxes pesant sur elles inspiré d’un rapport dont la commande même trahissait la méconnaissance des dossiers par la nouvelle équipe dirigeante et l’absence de solutions que 10 années passées au placard avaient laissé largement le temps de mûrir… Avant même de lire ses conclusions, la commande d’un pareil rapport était déjà risible ! Pour défendre un pouvoir socialiste qui l’avait malmené en 1981, l’ineffable Alain Duhamel parlait au micro de RTL de « social libéralisme ». En France, lorsque les socialistes font un petit geste en faveur des entreprises, il en va ainsi. On comprend mieux pourquoi toute politique pro-business soit donc logiquement taxée « d’ultra-libéralisme » !
Un commentateur omniscient à la finesse d’analyse offusquant tous les pouvoirs politiques depuis 1981
Un an après, alors que les nuages noirs s’amoncellent à nouveau sur l’économie française frappée par une politique visant à réduire les déficits uniquement par la hausse des prélèvements, une incertitude sur le cadre juridique et fiscal et une réforme sociétale qui a mis des millions de français dans la rue, le constat est terrible : La gauche au pouvoir s’est malheureusement montrée encore plus incapable de résoudre les problèmes que le démon qu’elle avait promis de chasser. Toutes les théories libérales et les intuitions économiques (Laffer, Higgs) se vérifient les unes après les autres. Rien à faire, l’économie se venge toujours. Il convient d’expliquer cette dernière remarque, l’économie ne prend pas plaisir à se venger des socialistes, ce sont eux qui en cherchant à la contraindre stupidement se prennent invariablement un retour de bâton. Des exemples récents illustrent à merveille la méconnaissance des mécanismes économiques de la part des socialistes et comment leurs préjugés, lourds de conséquences, sont systématiquement battus en brèche par l’expérience du pouvoir. Pire, ils restent incapables de se dépêtrer de leur idéologie dont les catastrophes qui en découlent invalident toujours plus douloureusement leurs hypothèses fallacieuses.
Ce billet mériterait une analyse encore plus approfondie pour alimenter un livre car l’échec patent de l’expérience socialiste au pouvoir et qui risque fort de s’enrichir d’exemples concrets en 2014 ne porte que sur la partie actuellement visible de l’iceberg. Les principales hypothèses fausses des socialistes sont classiquement les suivantes :
- Méfiance des mécanismes de marché avec la tentation très forte de sortir du marché un grand nombre d’activités humaines au titre que la recherche de profit nuit à la collectivité.
- Méfiance envers le libre-échange accusé de favoriser la destruction d’activité humaine sur le territoire par une concurrence jugée immorale.
- Méfiance générale de la concurrence coupable de faire la part belle au moins disant social (et environnemental compte tenu des préoccupations actuelles de la gauche).
- La puissance publique doit venir en aide aux secteurs en déclin et sauver des emplois.
L’année qui vient de s’écouler fut riche pour donner des exemples allant dans le sens du premier point : Le marché de l’immobilier peut chaudement remercier Cécile Dufflot pour avoir consacré la pénurie. Le blocage des loyers allié à un fond de garantie des impayés par une mutualisation des risques permettant de ponctionner les bons payeurs pour suppléer aux mauvais est une invention géniale pour reproduire à l’identique l’hiver 54 conséquence des loyers de 48… Déjà à l’époque, on mit en avant un sympathique abbé Pierre s’élevant contre la misère sociale et non contre le socialisme qui l’avait favorisé. C’est à mettre en relation avec la pensée bien moins bisounours de Milton Friedman sur les coupures de courant opérées sur les mauvais payeurs : Diluez le risque en mettant sur le même plan de la responsabilité les bons et les mauvais payeurs et vous obtiendrez invariablement un effet délétère avec une hausse des mauvais comportements… C’est moche mais c’est la vie, tant qu’on croit que des lois peuvent ramener 100% de la population à la gentillesse, à l’obéissance et à la bonté aveugle on s’expose à de rudes désillusions et à de sévères entailles à la liberté.
Une Ministre en robe de plage étonnée de susciter des réactions hostiles au moment du vote de hausses d’impôts et de restrictions de libertés au marché du logement
Sur le second point, il suffit de regarder certains de nos voisins. Avoir une balance commerciale positive avec la Chine c’est possible. Surtout quand on sait profiter des produits manufacturés moins cher qu’on importe. Mais chut. Il ne faudrait surtout pas dire qu’un pays capable d’être présent dans le luxe ne le peut pas partout, question de marché intérieur. Les français achètent des parfums aux prix exorbitants mais aiment les Dacia… Il y a eu la polémique « Bic » un vendeur de briquet fortement affecté par la concurrence subite des chinois mais également présent sur le marché de la planche à voile… Si vous y comprenez quelque chose, de grâce écrivez-moi… La discussion sur la concurrence a été évoquée ce matin dans les experts où Nicolas Doze a eu la malice d’opposer au sophiste économique Olivier Berruyer les deux chantres du libre-échange réguliers de l’émission : Alain Madelin et Jean-Marc Daniel. Ces derniers ont aussi pu rétablir la vérité sur la récupération parfois grossière des propos de Maurice Allais (notre seul prix « Nobel » d’économie) et le fond des propos hétérodoxes qu’il tenait vers la fin de sa vie. Tout en les critiquant subtilement. A voir, Berruyer intéresse du monde pour son franc-parler, mais un peu moins Cassandre qu’Olivier Delamarche, mais dont les analyses un peu courtes se sont gentiment faites malmener.
Lire la pétition des fabriquant de chandelles de Bastiat… Oups en 150 ans on n’a pas progressé des masses dans le débat économique!
Saint Arnaud ne croit manifestement pas aux deux derniers points. C’est sa mission. Voler d’entreprise en entreprise en difficulté pour pérorer et surtout trouver des ennemis extérieurs à la gentille et sainte France et dont la débâcle actuelle est parfaitement étrangère à la politique économique désastreuse qui aggrave sa situation décennie après décennie… Marine Le Pen a logiquement conclu que si l’oiseau était honnête, il rejoindrait le FN, ce en quoi elle a raison ! Sur le sujet de la concurrence, le gouvernement marche en crabe : Montebourde ministre bien qu’ayant insulté le président lors de la campagne de son ancienne concubine s’en prend à Free alors que les VTC ont finalement la permission d’exercer avec des contraintes pour assurer le petit business des taxis. Au sujet des professions trop réglementées voire sous numerus clausus, Benoît Hamon accorde le droit d’acheter ses lunettes sur le net on attend la même cohérence sur les autres professions de la part de celui qui demeura invisible pendant un an et demi.
Un ministre sympa qui veut acheter, produire et exporter français et taxer les autres sans rejoindre le FN, pas une quatrième voie, la quatrième dimension
L’état ne peut pas tout disait ce regretté Lionel Jospin. Encore un valeureux socialiste sacrifié sur l’autel de la réalité qui avait osé braver l’intuition de son maître à la francisque et au parcours intellectuel parfaitement linéaire que tout avait été fait contre le chômage. Non rien a été fait et tant qu’on se dérobe au principe schumpétérien de la destruction créatrice on passe à côté de l’essentiel : La formation en France dispose d’un budget équivalent à celui de la défense, toujours plus amputé au passage, tandis qu’on s’engage dans d’interminables querelles africaines sans issue et sans soutien européen. On a voulu le collège unique au nom de l’égalitarisme si cher à Vincent Peillon pour mieux détruire l’instruction et pénaliser les classes laborieuses et, comble, favorise les enfants de profs et de couches aisés ultra-majoritaires dans le systèmes élitiste désormais. La brave Ségolène incarne l’acharnement étatiste pour « sauver » des emplois en pariant contre le marché : Elle se vantait d’avoir sauvé Heuliez, les salariés apprécieront d’avoir été menés en bateau autant de temps tandis que les contribuables de la région se réjouiront d’avoir maintenu en vie artificiellement une entreprise condamnée, à la technologie sans débouchée. Il y avait peut-être un savoir-faire intéressant pour un repreneur, les lois sociales françaises l’ont peut-être refroidi. Ou alors tous les acteurs du marché se sont trompés en estimant impossible de faire de ce lame duck un point de départ à un nouveau business. Ce dernier point n’est pas impossible, personne n’est parfait mais c’est justement la multiplication des acteurs sur un marché qui favorise l’émergence de la meilleure solution en baissant le risque d’une mauvaise décision prise par un trop faible nombre d’acteurs. Concurrence quand tu nous tiens… C’est la raison pour laquelle l’aventure de la BPI se terminera soit tragiquement soit judiciairement via un scandale financier à l’instar du crédit lyonnais. Rappelons que si les banques ne financent pas l’économie, c’est qu’elles cherchent à maximiser leurs profits en fonctions des réglementations étatiques. La consanguinité des dirigeants de banques et des régulateurs n’arrangeant rien, les banques s’adaptent aux décisions politiques. Si elles ne sont pas incitées à prendre des risques sur le financement des entreprises mais ailleurs, ce n’est que la résultante de décisions politiques, les mêmes reprochant aux banques leurs choix qui créent des établissements de crédits publics… Voilà comment s’est créée une boule de neige prête à dévaler la pente.
Claironner mais surtout ne pas considérer les entrepreneurs comme seuls acteurs de l’innovation…
Sur le moins disant social, nous en reparlerons je sens, Pascal Lamy ex OMC figure parmi les personnages susceptibles d’entrer au gouvernement après le limogeage d’Ayrault rendu évident ces derniers jours après le recadrage élyséen sur la réforme profonde ou même superficielle des impôts que le pauvre Jean-Marc appelait de ces vœux… Sans parler de la bourde toute fraîche sur le rapport sur l’intégration qui prône un changement de civilisation décomplexé pour reprendre un adjectif tant commenté à gauche…
Jean-Marc est mort vivant, Arnaud même en baragouinant en anglais ne dissimule pas son aversion envers les marchés, le libre-échange et sa croyance indécrottable d’un possible remboursement de la dette (sans faire les poches des épargnants enfin un détail de l’histoire qu’il vaut mieux de pas révéler pour être élu) sans croissance, les socialistes exposent au grand jour leurs divergences que la primaire aurait dû trancher. Mais qui était candidat ? Un homme capable de trancher ? Les événements récents indiquent qu’un changement de premier ministre – la logique impose donc un changement de cap économique – après les scrutins du printemps 2014 se prépare. Il faut dans ce contexte que les manifestations anti-taxes s’amplifient pour espérer une quelconque inflexion de la politique hollandaise. Ma raison tempère le reste de foi catholique dans les miracles, seule une dissolution de l’assemblée nationale assurera un véritable changement de cap vendu préalablement aux électeurs. Et ça tombe bien, il semblerait que la droite ait enfin compris que les querelles de personnes soient non seulement stériles intellectuellement mais un frein à l’innovation politique. L’arrivée de Denis Payre avec son mouvement « Nous Citoyens » proposant des réformes de bon sens semble avoir fouetté Charles Beigbeder bien décidé de multiplier les initiatives et les think tanks pour comme il l’a dit lui-même face à Nicolas Beytout de « l’opinion » provoquer l’émulation intellectuelle qui a permis l’accession de Margareth Thatcher au poste de premier ministre et d’appliquer un programme mûrement réfléchi… Affaire de concurrence encore…
PS : cerise sur le gâteau le débat entre Berruyer, Madelin et Daniel:
heuuu pourquoi BFM Business annonce que c’est avec Olivier Berruyer alors qu’il se fait déchirer toute l’émission durant?? C’est quoi sa plus-value dans ces conditions??