L’ancien président est donc enfin sorti du silence politique. Car sa lettre est éminemment politique, quoiqu’elle s’en défende, les journalistes ne s’y sont pas trompés. Tout comme les journalistes ne se sont pas trompés de camp pour se positionner immédiatement en faveur de Nicolas Sarkozy ou contre lui : Le Figaro, Le Point et Valeurs Actuelles ont soutenu fermement l’initiative et le propos de l’ancien chef de l’état alors qu’au cours de la campagne de 2012 ils cédaient du terrain à leurs adversaires, le spectre de la défaite se dessinant, tandis qu’à la lumière des évènements et du score final, cette défaite n’était pas irrémédiable. Le Monde baissait le masque en insistant sur les approximations de forme en les érigeant en fautes coupables : Du Plenel light en somme, ce dernier allant un peu plus loin en se faisant procureur, juge et partie mais surtout journaliste consciencieux qui prend soin de sa boîte aux lettres. Bien que je ne sois pas un chaud partisan du retour de Nicolas Sarkozy pour 2017, il faut constater que ses mots en quelques lignes ont eu plus d’impact fédérateur à droite que les centaines de discours des Copé et Fillon. Bruno Le Maire progresse lentement et sillonne la France mais ne sera pas dans la course, au mieux premier ministre en 2017 voire d’Hollande en cas de dissolution… Son intervention cette semaine chez Bourdin sur les affaires Sarkozy, le climat délétère en France et sur les violations du droit international commis par Poutine en Ukraine était remarquable mais reconnue comme telle pour une petite poignée de gens… C’est très certainement le meilleur à droite et pourtant on ne cesse de se focaliser sur Nicolas Sarkozy ce qui mérite quelques explications sur la situation actuelle. Les mauvaises langues, les « haters » éternels se sont demandé quel nègre avait écrit la lettre, sous-entendu « mince, Sarko y va fort et c’est bien écrit ! » : Gaino ? Pourtant à sa lecture, la ponctuation, l’agencement des mots, tout laisse facilement imaginer Sarkozy le dire en discours et l’ancien président est de loin, de très loin, le plus brillant orateur à droite, et pas seulement, d’où l’engouement immédiat des sympathisants de droite suite à cette tribune.
Enquêteur, juge et procureur : La tentation totalitariste de Plenel. Non la Stasi n’est pas loin…
Comme prévu les journalistes ont longuement débattu de la forme et très peu du fond en se focalisant uniquement sur un point, certes le plus important, la référence à la Stasi mais en le balayant d’un revers de main considérant cette référence outrancière. Elle ne l’est pas hélas… Qui de ces bons journaleux a milité pour accorder l’asile politique en France à Eric Snowden ? Personne. Qui de ces bons journalistes s’est offusqué que la France refuse le survol de son territoire à l’avion du président bolivien Evo Morales parce qu’Obama le suspectait d’abriter Snowden ? Personne. Qui de ces bons journalistes s’est élevé pour dire que les moyens déployés par la NSA (ou par l’équivalent français) étaient décuplés par des lois sensées lutter contre le terrorisme et que les contours flous de ces lois avaient permis d’écouter n’importe qui au final ? Personne. Qui de ses bons journalistes s’est ému de la récente loi française de programmation militaire qui viole les libertés individuelles en rendant les écoutes possibles dans un cadre juridique aussi flou qu’arbitraire ? Personne… On se focalise sur les écoute car l’invention du téléphone est ancienne mais désormais le smartphone sait tout de vous : Ce que vous échangez via internet, quelle est votre position géographique au mètre près etc. Sur le fond, Nicolas Sarkozy est la victime de lois autorisant les services de police et de justice d’enquêter de manière très intrusive dans sa vie privée que l’UMP a voté par le passé à l’unisson. Voilà qui me rappelle le cas du jeune veilleur de la Manif Pour Tous qui a écopé d’une peine de prison ferme pour avoir refusé de donner ses empreintes, une jolie loi UMP sensée ficher les méchants terroristes et qui s’abat pour la première fois sur un jeune innocent… Hervé Mariton a eu beau jeu d’aller lui rendre visite en prison alors qu’il a laissé passer cette loi, peut-être se sentait-il le poids du remord, lui qui fut cadre de Démocratie Libérale d’Alain Madelin avant de rejoindre l’UMP au moment de sa formation…
Peu m’importe de savoir si Nicolas Sarkozy a feint de parler au nom de tous les justiciables alors qu’il parlait de son cas, Georges Orwell serait terrifié de constater qu’en l’état actuel le puzzle français (et américain aussi) commence à furieusement représenter son roman 1984. La droite est coupable des errances économiques et judiciaires de la France : Elle n’a jamais remis en cause ce que la bien-pensante gauche installait progressivement, par petites touches, un état totalitaire soft qui méprisait les libertés individuelles qu’elles consistent à entreprendre économiquement ou vivre sa vie selon ses désirs et non suivant un ordre moral collectif. Parmi les bénéficiaires du totalitarisme soft on trouve en bonne place les faiseurs d’opinion (avant l’arrivée d’internet qui bouscule les codes établis en termes de liberté d’expression et de libre pensée) donc les journalistes en particulier. Ce petit monde essaie de nous vendre Alain Juppé qui s’est couché devant cette pression en décembre 1995 et qui aura 72 ans en 2017. A l’inverse ce petit monde se lie contre Nicolas Sarkozy – dix ans de moins – qui avait suscité un espoir d’abolition de cette tyrannie sans nom en 2007. Peu m’importe la personne, mais il me semble vital comme jamais que la droite soit enfin libérale, qu’elle défende la liberté d’entreprendre face aux cartels et la liberté individuelle face à l’arbitraire. La référence à la Stasi n’est pas outrancière, elle est historique : Peu m’importe les débats pour savoir si la France ressemble à la RDA dont le « D »signifiait « démocratique », nous subissons manifestement un totalitarisme mou et gluant qui accorde plus d’importance à la morale propagandiste qu’au droit.