Le schisme des socialistes ne se produira pas, jamais.

Alors que de nombreux indicateurs avancés ou concrets ne laissent présager rien de bon sur l’état de l’économie française dans les mois à venir, messieurs Hollande et Valls laissent fuiter dans la presse leur volonté farouche de poursuivre la politique définie après les municipales. Le pacte de responsabilité et les efforts budgétaires de (soi-disant) 50 milliards de dépense en moins auront bien lieu, quoiqu’en disent les frondeurs du PS. Ils laissent aussi entendre qu’outre le bras de fer interne avec les socialistes, ils attendent de pied ferme toutes les autres tensions inéluctables à la rentrée. Rêveraient-ils d’accomplir ce que personne à droite n’a réalisé depuis les réformes (hélas incomplètes) du Général en 1958 ? Sauront-ils arracher le PS des griffes du marxisme tandis que celui-ci n’a jamais fait autre chose que de faire semblant de s’en éloigner depuis le congrès de Tours ? Non, non et non et de toute façon, ils n’ont plus le temps.

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Le retournement est là, vous voyez mal.

Dans à peine plus de deux ans, l’exécutif cessera de prendre toute mesure susceptible d’hérisser le poil de l’électeur français moyen. C’est précisément la durée qu’il faut attendre pour que des mesures de grande ampleur, avec comme conditions pas garanties qu’elles aillent dans la bonne direction et une conjoncture continentale pas trop défavorable, avant de récolter les fruits de ce qu’on a semé : C’est donc au début du mandat que l’on doit produire l’essentiel des réformes, c’est déjà trop tard pour Hollande. Son quinquennat est déjà terminé et foutu. Voilà qui appelle deux constations simples :

  1. Il faut de la mémoire politique : Chirac a été élu en racontant n’importe quoi en 1995, démagogie électorale classique à la française mais il avait cherché à rétablir d’abord les comptes publiques. Il avait tenté de justifier avec des arguments fumeux que pour aller là il voulait il fallait passer par une étape intermédiaire… Il a naturellement perdu les élections législatives anticipées de 1997. Même à une époque où la situation économique de la France n’était pas gravissime, on paye toujours électoralement le fait de ne pas appliquer ce pourquoi on a été élu.
  2. Pour mettre en application immédiate le programme pour lequel on a été élu, il faut établir un constat lucide de la situation, défendre ses orientations et d’avoir la feuille de route des réformes urgentes à voter au plus vite.

Dans le cadre de l’élection présidentielle de 2012, Hollande ne s’est pas rappelé du cas Chirac : Miraculé du Sofitel new-yorkais, il s’est assuré de la victoire en dégainant tout azimut les arguments chers aux socialistes : Les riches sont des salauds qui doivent en prendre plein la gueule, la finance est une ennemie, la vulgarité de Sarkozy a creusé la dette et a fait plonger des centaines de milliers d’innocentes victimes françaises dans le chômage. L’économie se venge toujours : Rien à redistribuer aux malheureux exploités ou aux chômeurs à indemniser dès lors que la prise de risque, le talent, le mérite sont méprisés par égalitarisme jaloux. Hollande a voulu marier deux contraires absolus : Le matraquage fiscal sur le travail et la réduction des déficits. Tant que nos bons socialistes ne comprendront pas que ce sont les rentes qu’il faut éliminer par la concurrence et la rétribution nécessaire au talent et à l’effort qui assureront aux entreprises françaises de générer des profits et des rentrées fiscales et de la création d’emploi, seule la pente déclinante s’offrira comme perspective. Hollande a réussi l’exploit extraordinaire d’arriver sans programme, sans feuille de route sérieuse – celle passée aux journalistes sera un jour encadrée comme la pire farce de toute la Vème République – et encore pire, de démarrer son mandat en accomplissant l’exact malfaisance de ses orientations économiques aussi absurdes que contre-productives en tenant un discours pro-entreprise avant de se raviser en janvier 2014. Amateurisme, incompétence, inconséquence, volte-face, enfumage permanent. Enfin, bien que ce soit subjectif, je ne suis pas certain que les escapades nocturnes et casquées pour tromper sa concubine soient moins obscènes que le fameux « Carla c’est du sérieux ».

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L’UMPS était une bonne trouvaille, hélas on devrait parler de UMPSFNFDG.

Après un peu plus de deux années perdues qui comme sous Sarkozy n’ont servies qu’à repousser les problèmes à plus tard, les taux d’intérêts de la dette qui se creuse restant anormalement bas, une autre manipulation qui se paiera d’une manière ou d’une autre mais douloureusement, Hollande va terminer son mandat par de l’enfumage. Il y est désormais condamné et ça n’est manifestement pas dans sa nature que de provoquer une scission, un schisme au sein des socialistes pour choisir la France au détriment du futur électoral du PS. On va maintenant chercher des mesures à effet léger voire insignifiant pour feindre de faire, finalement l’essence même du PS depuis la SFIO, des baisses d’impôts microbiques par rapport à la hausse vertigineuse des prélèvements depuis les années 70, des allègements sur les bas salaires pour endiguer la hausse du chômage alors que cette aubaine fiscale plongera les bas salaires dans une trappe à cause des effets de seuils : Même phénomène sur l’impôt sur le revenu, tant qu’on décourage les français à travailler plus, ce système pervers tiendra aussi longtemps que la démocratie française permettra l’élection de gens médiocres et cyniques avec une bedaine se moquant bien de l’avenir tant que leurs amis et eux-mêmes peuvent bien en profiter…

Ritchie Blackmore comme toutes les personnalités borderline lâche quelques vérités qui échappent malheureusement aux crétins juste désireux de boire leur coca devant TF1 ou France Télé en pétant leurs frites Mc Do.

L’idée de rappeler quelques faits et d’en conclure que le changement, ce n’est pas maintenant et que les hommes politiques ont préféré trahir l’intérêt général pour leurs propres petits intérêts me fut inspiré par un entretien récent qu’a donné l’ancien guitariste de Deep Purple, Ritchie Blackmore. Comme tous les artistes géniaux et tourmentés, j’ai trouvé ses propos à fleur de peau et sans concession riches d’enseignements. Après deux minutes, il part du constat que les gens qui parlent beaucoup ne disent rien au fond ce qui le fait embrayer sur les hommes politiques qu’il accuse de dire de la merde convenue avec de la rhétorique et alors que tout le monde sait qu’ils se foutent de nous, le monde fait semblant de tourner normalement. Dans un pareil cirque médiatique de plus en plus odieux compte tenu de l’appauvrissement grandissant, de l’impuissance factice et consentie par les politiques, il est étonnant qu’encore beaucoup de gens y croit ou font semblant d’y croire, même si ça semble changer un peu. J’irai plus loin pour qu’une lumière crue révèle que les deux premières années d’Hollande à l’Elysée furent un échec aussi prévisible que l’échec à venir pour les deux suivantes. Quelques citations en vrac :

droiteetgauche6aa3cYakafonkon. La relance c’est pas maintenant autant que c’était pas avant.

Winston Churchill à propos des politiques : « Un bon politicien est celui qui est capable de prédire l’avenir et qui, par la suite, est également capable d’expliquer pourquoi les choses ne se sont pas passées comme il l’avait prédit. » Sapin et Moscovici apprécieront autant que le président sentant le retournement et la croissance en train de revenir produisant une future et hypothétique inversion de la courbe du chômage. La formule de Margareth Thatcher est célèbre et de plus en plus d’actualité en France tant l’histoire qui se joue ici ressemble furieusement à celle de son pays à la fin de la décennie 70 : « Le socialisme ne dure que jusqu’à ce que se termine l’argent des autres. » Elle avait également bien saisi le projet non-dit du socialisme tant il apparaît indiscutable que le maquis de lois, de défiscalisations permettant aux riches d’échapper à l’impôt discrètement via des niches douteuses (Fabius et ses tableaux exonérés d’ISF en proue) : « Je n’ai jamais oublié que l’objectif inavoué du socialisme – municipal ou national – était d’accroître la dépendance. La pauvreté n’était pas seulement le sol nourricier du socialisme : elle en était l’effet délibérément recherché. » Maintenant que le maquis fiscal de déductions, de crédits, de niches et de surtaxes est devenu incompréhensible, pas étonnant que chacun cherche à vivre aux crochets des autres et qu’un climat délétère se soit installé. Hollande et sa simplification, encore un choc qui ressemble à une pichenette, n’y fera rien. L’invariable conclusion d’une malencontreuse expérience socialiste est résumée par Charles Gave complétant l’observation de l’entretien volontaire de la pauvreté et de la dépendance au social-clientélisme socialiste de Thatcher : « La seule explication rationnelle aux désastres engendrés par les socialistes, c’est qu’ils ont essayé de nous affranchir de toute richesse, utile et inutile pour enfin nous libérer de ce matérialisme sordide que génère le capitalisme. La pauvreté la plus totale a suivi leur passage au pouvoir. » Enfin, Vincent Bénard du Parti Libéral Démocrate a cette observation magnifique sur la tentation planiste de la société chevillée au corps des socialistes : « Le socialisme est cette idée bizarre selon laquelle les hommes, incapables de se gouverner eux-mêmes, seraient tout à coup capables de gouverner les autres en devenant hommes d’État. »

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Si les français avaient encore un peu d’ambition, de volonté, de force, de fierté, ils auraient élu quelqu’un prenant ses distances avec l’UE, l’OTAN et aurait refusé l’euro. A la place, on a Hollande. Amen.

Si aucune de ces citations ne vous semble d’actualité, vous faites partie de ceux qui combattent le socialisme uniquement sur le volet progressiste des questions de société – et encore, MLP et son gourou ex-chevènementiste Florian Philippot n’ont pas brillé de leur présence à la Manif pour tous – comme quoi le FN demeure une alternative plus qu’hasardeuse au socialisme… Pour les autres, interrogez-vous sur les raisons de la mollesse insupportable de l’UMP et de l’UDI, à plus forte raison si dans le cas archi-vraisemblable Hollande rate sa réforme territoriale et son autre pseudo-réforme cachée derrière le pacte de responsabilité : Le socialisme est incurable, tel un cancer généralisé, il affecte aussi les cellules qu’on croyait saines.

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A propos Duff

Ingénieur consterné par le monde dans lequel il vit...
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2 commentaires pour Le schisme des socialistes ne se produira pas, jamais.

  1. DUff,
    Trés bon comme d’habitude.
    Jacques

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