Pour ceux qui n’avaient pas compris, le gouvernement Valls version 1.0 avait été démissionné par le premier ministre. Ce soir on constate que tous les membres sont reconduits à l’exception de ceux qu’on voulait exfiltrer sans prendre le risque politique de les virer officiellement. On compte donc naturellement parmi les sortants la ministre de la propagande Aurélie Filipetti, l’histrion inutile Benoît Hamon et sa majesté fulminante Arnaud Montebourg. Le procédé interpelle tout de même, nul doute que les mauvaises nouvelles économiques en vue et le train de mesures désagréables, toujours plus éloignées du surréaliste discours d’Hollande pour se faire élire ont certainement poussé Valls à réclamer d’Hollande sa première décision tranchée de son mandat.
Pour Gégé, c’était Valls qu’il fallait balancer et que le tournant, il le fallait bolcheviste. Certains ont des convictions de façade, d’autres sont complètement fous. Lui il est fou.
Sa seigneurie Montebourg dégage enfin lui et, comme par hasard, ses idées rétrogrades et extrémistes furent saluées ce matin sur RTL par le polémiste Éric Zemmour qui dressait, larmes à l’œil, sa nécrologie. Voilà un point récurrent dans l’histoire des pays plongés dans l’adversité, au pied du mur, confrontés à l’urgence de mesures fortes visant à corriger 20 à 30 années de déni : Les pensées antilibérales finissent par coaguler afin de désigner le coupable intérieur mais le plus souvent extérieur, responsables du malheur injuste d’une classe moyenne de plus en plus exploitée le long de la route de la servitude. Nos déconvenues viendraient donc de notre faiblesse vis-à-vis de Bruxelles, d’un euro trop fort, monnaie que nous n’avons plus le loisir de dévaluer et de la perfidie des allemands, géniaux manipulateurs pour vassaliser ses voisins à son profit exclusif.
Logique égalitariste #1 : Si le meilleur élève réussit, il doit partager les points avec les moins bons. Comme ça on a tous le BAC (tant pis s’il ne vaut plus rien).
Ces analyses tiennent tellement debout que sa majesté Arnaud Ier avait jugé bon d’insulter (outre les patrons, entrepreneurs et investisseurs par la suite) la chancelière Merkel en la comparant à Bismarck, figure méconnue de l’ultralibéralisme teuton… D’ailleurs si l’austérité préconisée par Merkel était si libérale que cela, elle aurait déjà pris la parole en Europe et haussé le ton depuis longtemps pour signifier à tous les socialistes qui l’entourent que monter les impôts connement pour résorber les déficits publics, sans toucher aux carcans qui entravent l’économie et sans redéfinir le périmètre de la dépense publique conduirait à la catastrophe. Même lorsqu’elle fut invitée par Nicolas Sarkozy au 20h de TF1, avec billet première et petits fours, elle ne se contenta que de vanter la ruineuse politique familiale française…
Le redressement productif fut donc un échec aussi cinglant qu’annoncé, l’économie est véritablement horriblement insensible au talent de Ô Talent.
Le calcul de Montebourg est finalement aussi débile que celui de Mélenchon. Tous deux n’ont pas compris que le leadership de la contestation face aux indispensables et incontournables réformes libérales était un créneau solidement occupé par Marine Le Pen. Outre le discours socialiste qui les mettrait en compétition, elle dispose de l’arme de destruction massive qui est en train de retourner une partie de l’électorat traditionnel de gauche déçu et taraudé entre le vote désormais FN et l’abstention : Les conséquences prévisibles du communautarisme encouragé par l’immigration prônée par la gauche en période économique mauvaise et avec un modèle social trop généreux à bout de souffle. Montebourg peut se regarder en se rasant et y penser, qu’il se regarde aussi après les prochaines élections présidentielles où il se demandera pourquoi sa superbe fut proprement balayée…
Il le peut le faire! Il peut le dire. La magie divine extralucide de l’économie dirigée, protectionniste, anti-mondialisation c’est de se tirer à temps.
Au sujet des autres enseignements du remaniement, Taubira reste malgré son soutien discret aux frondeurs, il va falloir me creuser la tête pour ne pas y voir exclusivement le signe qu’Hollande pense que le laxisme judiciaire de la poète guyanaise entretient un FN élevé, potentiellement salvateur pour sa réélection, y compris et surtout en cas de dissolution. Najat Vallot Belkacem prend l’éducation nationale pour n’y mener aucune réforme mais là aussi dans l’espoir d’exacerber une contestation que les médias achetés ne manqueront pas de traiter d’ignoble, d’extrémiste, de xénophobe, de résurgences nauséabondes de 1934. Pareilles foutaises grossières venues de médias de plus en plus décrédibilisés pourront-elles faire d’Hollande un solide rempart face à la destruction de l’unité du pays qu’il aura lui-même piloté avec flair et magnificence ? Rien qu’à le voir sous la flotte sur l’île de Sein, moment désastreux de communication qu’il a lui-même organisé en refusant tout parapluie, j’ai comme une idée sur la question. Enfin pour remplacer le néo-communiste Montebourg à l’économie, il nomme un ancien conseiller énarque passé par une des banques Rothschild présenté comme un « libéral de gauche ». Cohérent avec sa politique de l’offre moins avec Taubira mais si loin de son ennemi sans visage de la campagne présidentiel.
Chère caution.
Au final, Hollande clarifie un peu mais laisse des contradictions et des stratégies antinomiques pour espérer garder aussi longtemps que possible l’espoir d’une majorité. Soyons honnêtes, cette armée mexicaine a une date de péremption de 2 à 6 mois. Peut-être qu’il cherche à violenter le PS à faire son Bad-Godesberg en souffrance et pense s’en sortir avec une dissolution en 2015. Seulement son absence de charisme, son incapacité à trancher percée au grand jour par Valls qui peut désormais lui porter l’estocade à tout moment et la sortie ménagée de Montebourg qui va nuire sans rien glaner, Hollande a créé une situation explosive dont il pourrait fort bien être le premier à en payer les frais.
Bygmalion a du recevoir plusieurs commandes pour déclencher la pluie, c’est pas possible!