Le retour du Messie, possible borgne au royaume des aveugles

Fin du faux suspens ce vendredi. La semaine folle a donc délivré comme prévu tous les vrai-faux rebondissements attendus. Valls a obtenu sa confiance mais au rabais, Hollande est venu confirmer que les totems, horizons indépassables des menteurs (aveugles ?) socialistes étaient intouchables et que pour produire le « choc » il faudra se priver d’actionner les plus puissants leviers agissant sur l’économie française et enfin, Don Sarkozy a officialisé son retour à ceux qui croyaient qu’il était vraiment parti.

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C’est pas facile.

Dans mon précédent billet, je relevais que les motivations de la démission du gouvernement Valls 1 paraissaient obscures compte tenu du discours de politique générale à consonance gauchiste en contradictions sur de nombreux points avec celui tenu par le premier ministre à l’université du MEDEF. La conférence de presse du président Hollande est venue souligner les lignes de fractures telles que Valls et Hollande les définissaient désormais : Aucune réforme structurelle permettant de réduire la dépense publique ou d’améliorer, même un peu, la compétitivité des entreprises au-delà de l’usine à gaz inefficace que sera le CICE et sa mise à jour sous forme de « pacte de responsabilité ». Je l’ai déjà écrit, tant c’était cousu de fil blanc, depuis le départ, la boîte à outil de François Hollande ressemble furieusement à une boîte de jeu Smoby surannée avec des ustensiles en plastique pour enfant de moins de 5 ans, date de péremption maximale de ce quinquennat qui vire à la farce de mauvais goût. Le pire du pire c’est qu’Hollande cherchait à exhumer les conférences de presse données par le Général, celle de 1965 sur la crise du dollar est un parfait exemple sur l’affaissement intellectuel, culturel, historique des dirigeants de la Vème république. A ce jeu, Hollande fut triplement mauvais : Petites blagues à la pelle qui n’apportent rien si ce n’est à la consolidation de l’homme normal alors qu’il reconnaît désormais que la charge de l’état exige une implication surnaturelle, que sa communication sur l’île de Sein fut désastreuse et délibérée et enfin que l’exercice de vérification démocratique indispensable à mi-mandat avec comme idée sous-jacente le référendum ou la dissolution de l’assemblée nationale respectueusement à l’esprit des institutions, se limiterait au vote de confiance (étriqué) à l’assemblée nationale. Même si François Hollande se fout de nous avec des bons mots, des poncifs lénifiants et un louvoiement intempestif, il n’a échappé à personne qu’il était mal à l’aise comme jamais et après conférence de presse après conférence de presse, il faisait toujours moins d’audience télévisée et semblait de moins en moins crédible dans les enquêtes d’opinion. A 13% il est totalement carbonisé et cette semaine on sait que ce ne sont plus les seuls « frondeurs » qui en sont convaincus mais l’ensemble de la classe politique.

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C’est vraiment pas facile.

Hier soir Nicolas Sarkozy a donc passé son oral de rentrée chez le très gentillet Delahousse. Pourquoi accélérer son calendrier ? En quoi un parti présidé par Bruno Le Maire ou Hervé Mariton aurait été un frein à son retour ? Quoique les sondages indiquent, aussi loin, en 2016 Sarkozy aurait fort bien pu manger tout cru les François Fillon et Alain Juppé. Certes, se tenir écarté des médias (enfin presque) sous fond d’affaires auxquelles les ministres Cazeneuve et Taubira consacrent toute leur faible énergie à faire avancer n’était pas idéal. Je pense plutôt que l’ancien chef de l’état qui a depuis sa défaite multiplié les contacts avec des dirigeants politiques, économiques et toutes sortes d’élites, sait pertinemment que le pouvoir socialiste est au bord de l’effondrement. On a beaucoup parlé de la falaise fiscale américaine, c’est pourtant en France que les gros titres auraient dû être consacrés : Recettes en baisse, croissance sans-cesse révisée à la baisse et interventionnisme de la BCE montrant ses limites au point que Mario Draghi exhortent les pays du club med à se réformer mais sous-entendu la France en priorité (De gros efforts ont été conduits au Portugal, en Espagne et en Italie). Si on ajoute à ce sombre tableau, une fronde communiste – certes un peu factice – au sein de la majorité contre laquelle le président se montrât incapable et qui fut une contestation claire de son leadership, Laurent Delahousse a donc naturellement posé à Nicolas Sarkozy la question qui agite tous ceux qui ont bien conscience de cette situation explosive : Hollande terminera-t-il son mandat ?

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Il faut dépasser les clivages partisans socialisme/libéralisme. Mouais, sauf que seul le premier a été tenté et que partout ailleurs et à de brefs moment le second a été testé, toujours avec succès…

A cette question, Nicolas Sarkozy s’est montré prudent et respectueux des institution mais on ne peut s’empêcher de se remémorer son allocution le soir de sa défaite lorsqu’il rappelait qu’il avait souffert de l’irrespect à gauche de l’institution qu’il incarnait en précisant avec gravité qu’il l’avait eu au téléphone et en ajoutant que « ce sera difficile », une phrase que visiblement Hollande a appris par cœur… Justement conformément à ce respect des institutions, Sarkozy fut calme, posé, étonnement serein au début de sa prestation mais bien vite ses éructations légendaires émaillées de petites phrases assassines à l’encontre de la gauche ou de ses concurrents potentiels à droite refirent surface. En ajoutant l’absence de propositions phares ou de cap clairement défini, Sarkozy s’est montré fidèle à lui-même : La brillante incarnation de la droite bonapartiste, incontesté et de nouveau incontestable sur ce terrain, mais une fois de plus un bonimenteur talentueux qui n’aura pas le courage de révolutionner ni la pratique monarchique du pouvoir ni de redéfinir le périmètre d’action de la fonction publique. En verve, ce soir Bruno Le Maire sur TF1 a énoncé ses grands axes, clairs, ambitieux et laissant respirer la société civile, le tout en 5 minutes notant au passage qu’en plus de 40 sur France 2, Nicolas Sarkozy avait dû manquer de temps pour le faire. Sarkozy peut s’entourer de jeunes loups, les jeunes réformateurs et conscients des dérives du « modèle social » français largement inspiré du compromis avec les communistes du CNR d’une part et de l’état français de Vichy d’autre part, plébiscitent en nombre Le Maire. J’attends de voir si Nicolas Sarkozy se prête au débat face à Bruno Le Maire, parfait entraînement pour l’énarque défroqué qui pêche encore par sa communication mais qui est celui – et de loin – a le mieux saisi l’état de notre pays en n’en prenant le poult sur le terrain.

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L’affreux journal libéral anglais fait du « french bashing ». Hum bin ouais bin nan. Il avait tristement raison. Étonnant non?

En prenant les rênes de l’UMP, que va apporter l’ancien président ? S’il faut abattre les vieux clivages et affirmer qu’il est inutile de se demander s’il faut être socialiste ou libéral, même le bon vieux Juppé s’est déclaré libéral. C’est dire tant il nous sert de l’eau tout juste tiède pour ne pas ternir ses bons sondages. S’il veut abattre le clivage gauche/droite, Le Maire rappelait justement ce soir que ce serait un cadeau inestimable fait à Marxine Le Pen qui vomit l’UMPS. Au-delà de son talent communicatif intact revigoré par l’observation indispensable que l’anaphore de François Hollande, le soir du débat présidentiel, s’était transformée en longue litanie de mensonges et que l’actuel président était son propre procureur, Sarkozy prend le risque de stériliser les débats salvateurs qui se faisaient jour à droite. Il risque de tuer la réhabilitation du libéralisme qui était en train de s’opérer conduisant à la classe journalistique gauchiste dans son ensemble d’affirmer que les dirigeants de l’UMP n’avaient plus de projet (largement faux). J’attends de voir sur quel projet politique il compte revenir tant il fait planer le risque de l’entretien du mythe de l’homme providentiel qui saurait activer les bons instruments de l’état providence collectiviste français alors que le monde connecté qui se met en place rend archaïque une organisation centralisée et pyramidale du pouvoir. Nicolas, écoutez d’urgence les jeunes, pas les arrivistes qui vous ont rejoint pour des postes et les rémunérations associées, ceux qui veulent faire bouger la société vers le progrès et l’innovation, ils vous diront que vous menacez la transformation de la France avec ces vieilles lunes dépassées de l’état stratège, limite colbertiste, le mythe de l’impulsion venant du haut, que vous risquez de retarder l’entrée de la France au XXIème siècle.

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A propos Duff

Ingénieur consterné par le monde dans lequel il vit...
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