La semaine du Duff : La loi Macron et les socialistes face à leur histoire

Cette semaine nos amis socialistes au gouvernement ont voulu donner du contenu à la promesse du président au sujet de la politique de l’offre. Rappelons qu’un pays comme la France observant plus de dix années consécutives un déficit commercial aurait déjà depuis belle lurette dévalué sa monnaie pour regagner en compétitivité. Mais ce n’est pas la seule solution magique pour recouvrir la compétitivité perdue : Sous Mitterrand qui faisait n’importe quoi avec son programme commun communiste, la dévaluation était la seule arme monétaire acceptable et pourtant la sortie par le haut n’a jamais été testée par paresse politique. Certes les réformes structurelles ne sont pas très vendables politiquement mais celles qui ont fonctionné ont assuré la réélection de leurs dirigeants sauf dans un cas. Le cas allemand de Gehrard Schröder. On nous explique que des réformes visant à privilégier le travail au détriment de l’assistanat sont impossibles en France et que la RFA avait des difficultés – bien compréhensibles – d’intégrer l’ex RDA. Certes. Il faudra m’expliquer quand même pourquoi la chancelière Merkel est à son zénith de popularité, elle qui vient de l’est et a osé prétendre face aux médias allemands lors de la dernière campagne législative fédérale que le smic était une cause évidente du chômage des moins qualifiés…

valls5La gauche peut mourir. Une certaine gauche DOIT mourir même..

Ce qu’il faut faire en France est connu de tous mais rejeté par défense corporatiste évidente : Les réformes dont nous avons cruellement besoin feront bien plus de perdants au départ que de gagnants nets. Raison pour laquelle elles sont pour des raisons bassement clientélistes reportées à la saint glinglin. Il faut près de deux ans pour que des réformes d’ampleur aient un impact positif indiscutable. C’est logique, ce ne sont pas les politiques qui font l’économie, tout juste le terreau, ce sont les entrepreneurs qui tentent malgré toutes les conneries réglementaires, administratives et fiscales qu’on leur fout dans les jambes qui font l’économie. Or nous sommes entrés dans un monde où les états socialisés et socialisants d’occident veulent masquer leur insolvabilité par des manipulations monétaires en espérant que cela leur épargnera le coût politique des vraies réformes structurelles. Tous les prix sont faussés car les marchés sont réglementés à l’outrance voire au non-sens (règles de Solvancy II et Bâle III). Il n’y a plus de prix de marché et le risque ne paie pas dans un environnement de taux presque à zéro. Dans ces conditions, il est logique de penser que quelqu’un qui veut gagner de l’argent en prenant des risques est un couillon, les socialistes du monde entier de gauche ou de droite ont fléché l’épargne non pas sur le risque mais pour garantir la solvabilité des états socialistes qui font des investissements improductifs. La seule conclusion logique de ce processus est d’assurer la pérennité, enfin quelques années de plus, attendez monsieur le bourreau, de l’ineptie occidentale : Depuis le décrochage du dollar face à l’or et aux chocs pétroliers plus le ralentissement démographique, les pays occidentaux redistribuent plus qu’ils ne produisent. Les choses ne se sont pas arrangées lorsque la concurrence bénéfique des émergents a profondément souligné les indigences occidentales. Quelle en est la conséquence ? Doit-on foncièrement se réjouir de voir les OAT à 10 ans perdre 100 points de base à chaque rétrogradation des agences de notations ? On pense ce qu’on veut des agences de notation et de leur indépendance supposée vis-à-vis de leur business model mais la vérité impose de dire que les conditions nécessaires à la croissance ont été rendue impossibles dans les pays occidentaux alors qu’ils en ont besoin pour payer la dette et résorber le chômage…

Hollande-photo-censuree-AFP-640x878Les français n’ont que ce qu’ils méritent : Leur médiocrité, leur paresse intellectuelle, leur jalousie maladive accouchent toujours de malheurs exemplaires. Nous y sommes et ce n’est nullement le fruit du hasard.

Dans ces conditions, je pense que toute embellie salvatrice à Hollande est impossible, je l’aimerais pour le bien de mes concitoyens mais je me dois d’expliquer pourquoi je n’y crois pas et qu’au fond, ce n’est pas si mal. Ce que je veux, c’est qu’après près de 8 années de crises où le PIB par habitant baisse en France et qu’il a fallu plus de 7 années pour retrouver le niveau de PIB d’avant crise mais largement boosté par la dette, qu’on prenne collectivement conscience que dans l’histoire de France c’est tout simplement du jamais vu. Jamais la France n’a consenti aussi longtemps un pareil abaissement, avilissement. Jamais. Penser qu’il pourra demain se produire des choses jamais vues ne me semble donc pas si impensable…

1815923L’occident n’a rien compris à la signification de la chute du mur de Berlin : Il reste bien quelques communistes nostalgiques mais c’est le socialisme qui ne fonctionne pas. Il n’a jamais marché, ne marche pas pour de solides raisons et donc il ne marchera jamais.

Le projet de loi Macron est dans ce contexte intéressant. Pour la première fois des socialistes vont dans le sens libéral si bien exposé par l’économiste Jean-Marc Daniel : Le sous-titre de son ouvrage « le socialisme de l’excellence » était de mémoire «combattre les rentes et promouvoir les talents ». Macron ne s’attaque pas aux principales rentes, celles généreusement accordées par l’état à ses administrations ou sociétés publiques, et il ne s’attaque en rien au second volet. Comment sortir par le haut d’une crise pareille et d’une dépense publique excessive qui redistribue autant ? Est-ce par une illusoire baisse des charges sur les bas salaires qui reportent le poids de la dépense publique sur les gens innovants, qui créent de la valeur-ajoutée ? La réponse est donnée par les jeune diplômés des grandes écoles et maintenant par des boulangers même qui dès qu’ils le peuvent foutent le camp de notre pays. Valls au journal télévisé  a été clair : Il restera tant qu’il aura une majorité, astucieuse façon de dire qu’il va planter les socialistes et Hollande enfermés qu’ils sont dans leurs dogmes et leur anticapitalisme viscéral. Laisser le champion des synthèses impossibles, Hollande, sur le bord de la route et prendre à témoin l’opinion face à cette gauche rétrograde, voilà ce qui anime possiblement Valls avec son poste avancé Macron. Réformettes sans effet mais suffisantes pour diviser la gauche. Peu importe les français, ils se sont fait leur religion. Il convient de découper la gauche désormais.

 

Si Valls a le projet derrière Macron de séparer l’ivraie du bon grain, c’est à dire d’arracher le PS à son anticapitalisme maladif, à son antilibéralisme congénital, je le soutiens à plus forte raison qu’en face Sarkozy englue la droite dans ses travers habituels. Si comme je le pressens Valls n’est qu’un opportuniste voulant se sortir de la contagieuse impopularité d’Hollande pourtant structurelle, alors il se plantera et échouera à sortir la gauche de sa torpeur actuelle. La loi Macron c’est inefficace et trop peu sur le plan économique mais c’est un bon test pour la gauche et ses futurs débats, à suivre donc.

A propos Duff

Ingénieur consterné par le monde dans lequel il vit...
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9 commentaires pour La semaine du Duff : La loi Macron et les socialistes face à leur histoire

  1. zelectron dit :

    Loi « Macron »: En particulier, le texte prévoit d’autoriser l’exploitation de lignes d’autocars sur le territoire national, et de renforcer la régulation des autoroutes.
    L’actuelle Autorité de régulation des activités ferroviaires (ARAF) deviendra l’Autorité de régulation des activités ferroviaires et routières (ARAFER). Elle pourra contenir les tarifs de péages, mettre plus de concurrence dans les marchés d’autoroutes, et donner son avis sur l’ouverture des lignes d’autocars nationales.
    Quand on sait que la SNCF a joui pendant presque 70 ans d’un monopole absolu du transport de passagers de villes en villes pour protéger son marché au profit des cheminots (en surnombre ahurissant) véritable nid de frelons socialistes, avantage inconditionnel au prétexte du service publique (vraiment?) obtenu au lendemain de la libération par le CNR (comité national de la résistance, truffé de communistes alors obéissants à Moscou), on peut se poser la question si les nouveaux obstacles érigés par l’extension des pouvoirs (discrétionnaires) de la nouvelle structure « Autorité de régulation des activités ferroviaires et routières (ARAFER) » ex ARAF ne serviront pas surtout à protéger les intérêts du rail en permettant à iDBUS (recruteur de gens de gauche, potentiellement grévistes)de s’étendre le plus vite possible pour barrer la route aux compagnies privées qui pourraient faire de l’ombre avec des tarifs de 3 à 4 fois moins chers.
    PAS DE LIBRE ENTREPRISE DANS UN RÉGIME SOCIALISTE !

    • Duff dit :

      Bonjour,

      La SNCF est une création du front populaire qui a nationalisé toutes les industries liées de près ou de loin à l’armement ce qui a évidemment contribué à la défaite de 1940. Le CNR a validé les sinistres débilités du front populaire ainsi que les lois les plus liberticides passées sous Vichy. Le régime de retraite par répartition et l’embryonnaire sécu en particulier…

      Je ne me fais aucune illusion sur les socialistes qui ne porteront jamais atteinte à leur clientèle électorale mais ses échecs doivent secouer une bonne fois pour toute la droite qui entre 2002 et 2012 n’a rien réformé.

      Cdlt

  2. francoiscarmignola dit :

    Alors que je suis globalement d’accord avec votre constat, d’une sévérité impitoyable pour tout l’ensemble de ses politiques là, je vous trouve marqué par une mode toute intellectuelle de la « tendance » comme on dit en politique.
    En effet, dans toute discussion sans rupture, les acteurs occupent des positions, en politique on dit « note entre 0 et 20 sur un axe allant de droite à gauche ». La position sur l’axe d’une personne dépend de ses « propositions », « soutiens », « affiliations », « déclarations » et se trouve régulièrement recalculée avec des coefficients complexes pour aboutir à des nombres avec plusieurs chiffres après la virgule, les réformes sociétales n’étant pas encore passées par là. Le qualificatif « social libéral » par exemple est typique d’une de ces notes, en fait de leur agrégation, un certain nombre d’affidés, attirés par les salaires des cabinets ministériels en vogue, s’y étant rassemblés.
    Nous sommes ici dans la cour de récréation du peuple de la gauche, bien entendu.

    A partir de là juger in abstracto d’une telle politique, en disant qu' »elle va dans le bon sens », qu' »elle pourrait être plus courageuse » me parait être de l’ordre de l’euphémisme, voire de l’indulgence coupable. Vous savez bien que tout cela n’est que simagrées, faux semblants, et qu’on assiste à une tentative désespérée de faire face aux exigences européennes, en fait Allemande maintenant.

    Valls n’a aucune volonté politique et Macron encore moins: ce sont des communicants purs, et ils dansent, dans la misère intellectuelle et morale que vous décrivez; c’est tout.

    • Duff dit :

      Bonsoir,

      Vous avez raison mais il y a deux points très importants qui se jouent et qui surpassent les facéties de Valls/Macron/Hollande.

      Avant l’arrivée de Thatcher et du FMI à Londres, le dernier gouvernement labour qui n’avait pas reçu mandat pour ça avait reconnu que l’augmentation de la dépense publique n’était pas la solution et une partie du problème (en fait de mon point de vue, c’était tout le problème). Cette gauche perdue et qui doit face aux caméras avouer que ce qu’elle a mis en place dans le passé est un échec fait beaucoup réfléchir et a grandement aidé les conservateurs dans leur choix et l’exécution des réformes. Si Sarkozy avait été réélu de justesse, le pays aurait été paralysé à la moindre microréformette : C’est donc tant mieux qu’il revient aux socialistes de purger la merde qu’ils ont mis en place et d’assumer la responsabilité de l’effondrement du pays : Ils fuiront leurs responsabilités mais une grande majorité de français auront enfin compris que le social libéralisme est un oxymore et que le socialisme est fautif. Dommage que dans ce contexte l’UMP ne nous propose qu’un duel minable entre Sarkozy et Juppé. Il y a bien mieux en rayon.

      Secondo, l’avenir de la zone euro et des réformateurs d’opérette style Valls/Renzi dépend de la fermeté de Merkel. Or si les allemands avaient toute velléité de se montrer intransigeants, on l’aurait déjà vu et parfaitement compris. Merkel ne bouge pas et tant qu’Obama et sa clique sont en place donc jusqu’à fin 2016, elle ne mouftera pas. Pas sur qu’une administration républicaine fraîchement élue en janvier 2017 changera de position vis à vis de l’UE et de l’euro. Une seule chose peut bouger la donne : Merkel bougera si l’AfD continue de monter et obtient ses premiers élus. C’est donc le calendrier électoral allemand qu’il faut regarder.

      Cdlt

  3. Un peu tard, mais je ne suis pas tout à fait d’accord.
    D’abord, Thatcher n’a pas été soutenue par qui que ce soit, et puisque vous en parlez, dire qu’elle a été aidée par le labour, c’est une euphémisme, mais pas pour les raisons que vous dites.
    Vous vivez toujours dans le paradis enfantin d’une France qui vit tranquillement ses alternances en progressant par à coup en se faisant des petites bises. Il n’y a pas à juger de « progrès », mais à casser un système. Il faut maintenant que ce soit brutal, on a trop attendu.
    Que voulez vous que me fasse une « paralysie » du pays ? Tétanisé par 95 (putain vingt ans), vous pensez encore que Juppé et Chirac ont eu raison d’être aussi lâches ? Comment leur pardonner ce sinistre Noël d’abandon ? Il fallait se battre et ils nous en donné pour vingt ans.
    Aujourd’hui, plus que jamais, il faut du conflit et pour cela renoncer au consensus: il faut imposer par la force que donne la loi (sans la changer) ce qu’il convient de faire.
    Merkel ne peut rien faire de particulier, elle jouit, elle, du « consensus » qui date de l’abandon du marxisme par les sociaux démocrates, réalisé en 59. Elle n’a plus qu’a gérer la sinistre stupidité anti-nucléaire, qui s’explique autrement d’ailleurs… Alors, l’AFD ! Elle est seule en Europe sans la France, que voulez vous qu’elle fasse ? Attendre 2017…

    • Duff dit :

      Merci de votre commentaire.

      Vous êtes plus rude que moi ce que je comprends. En filigrane, je pressens que la France a besoin de pédagogie avant les réformes brutales. Réformer sans pédagogie au préalable et c’est la paralysie du pays avec le risque incertain de devoir retourner devant les urnes. Quand Thatcher arrive, les conservateurs sont prêts et ne discutent pas des réformes avant l’affaire de la poll tax. Il n’y a rien de tout cela en France mais la dislocation du PS alliée à l’émergence – certes encore limitée – de mouvements tels que « Nous Citoyens » poussent l’opposition à établir un programme de réformes avec un agenda précis. Le feront-ils? J’ai peur que non, la pression est encore trop faible.

      2017 ne sera pas l’élection de la bascule car rien ne bouge ni en Allemagne ni à la BCE pour contraindre la France à respecter ses engagements. Mais 2022 me paraît si loin que beaucoup de choses auront bougé d’ici là.

      Cdlt

  4. 2022 !!! Vous rigolez ? De quelle pédagogie parlez vous ? De quel retour devant les urnes parlez vous ? La constitution est telle que vous avez devant les yeux ce qui est exactement ce qui pourrait s’opposer à ce que NOUS DEVONS faire: précisément rien et qui fut fantasmé par un lâche, Chirac, « aidé » par son valet Juppé. Il suffit d’y aller et de ne pas se faire terroriser par un misérable mort (Oussekine) ou par quelques otages… J’ai vraiment mal vécu 88 et j’enrage de voir quelqu’un de plus jeune encore fasciné par toutes ces lâchetés.
    La venue au pouvoir des libéraux en 17 (2017, il faut se débarrasser de deux chiffres) ne sera pas comme il y a cent ans: on passe par les armes les traitres et cette fois, bordel de Dieu on va à Berlin !

  5. zelectron dit :

    Le socialisme est par essence confiscatoire et spoliateur sauf pour ses séides et/ou affidés.

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