Comme prévu, les parlementaires grecs n’ont pas réussi à se mettre d’accord pour élire un nouveau président. Selon leur constitution cela signifie la tenue d’élections législatives anticipées avec la possible victoire d’un parti contestataire Syriza marqué fortement à gauche. Pour plusieurs raisons, ce ne serait pas un drame, bien au contraire, sauf pour la malheureuse population grecque qui chasserait ainsi les politiciens corrompus et incompétents des partis traditionnels pour les remplacer par des idéologues aux moins aussi dangereux.

Du calme! Détendez-vous! J’ai juste voulu demander à mon peuple ce qu’il pensait de se faire sodomiser à sec avec du gravier. Il n’y a pas de mal!
La première observation indispensable est de relever qu’en Grèce, lorsque les élus de la démocratie représentative n’arrivent pas à se mettre d’accord, il y a un retour automatique vers le peuple : On ferait bien de s’en inspirer. En France, un parti laminé dans des scrutins peut exercer tranquillement les plus hautes fonctions et pouvoirs jusqu’à la fin de la mandature. Dans ces conditions alors qu’il y a urgence pour réformer la France, comment espérer qu’Hollande prenne le moindre risque ? Pourtant avec son déficit abyssal et la quantité de dettes émises en euro par la France en violation des traités signés avec ses partenaires de la zone euro, cette nonchalance coupable pourrait naturellement inquiéter et lasser nos partenaires. Le leader grec Alexis Tsipras a d’ailleurs comme projet de renégocier avec la Troïka la dette grecque sans sortir de l’euro. Bien que la Grèce soit un pays géré en dépit du bon sens, hautement corrompu et ayant subi la pire des austérités, c’est-à-dire une hausse de la fiscalité ainsi qu’une baisse des salaires de certains fonctionnaires, tout sauf de vraies réformes favorisant le retour de la croissance, on peut largement comprendre la position de Syriza. La Grèce a été saignée stupidement et s’est transformée en véritable tonneau des Danaïdes. Lors du rééchelonnement de sa dette, une grande partie de la paume a été assumée par les partenaires de la zone euro, pas par une solidarité prévue dans les traités, les euro-bonds sont toujours refusés par les allemands et à juste titre, par aveu de culpabilité. Jamais la Grèce et ses comptes trafiqués n’aurait dû entrer dans la zone euro. Or la France et l’Allemagne violaient les critères de Maastricht à peine ceux-ci signés. La zone euro a été créée sans les instruments pour la faire convenablement fonctionner avec une règle bidon des 3% de déficit budgétaire ramené au PIB dessinée sur une nappe de restaurant après un bon festin aux frais des contribuables. Voilà la faute originelle qui s’est muée en abcès qu’il faut désormais crever.
L’ODS se moque de la démocratie. Il s’en fout, il n’est pas élu.
Selon l’analyse de Thomas Sowell sur les oints du Seigneur popularisé en France par Charles Gave, les brillants experts qui ont conçu l’euro avouent maintenant que le projet était bancal dès le départ mais devait faire converger les économies de la zone, leurs propositions actuelles plaident pour un renforcement avec des transferts entre pays et une fédéralisation. Tiens donc, exemple magnifique du discours des ODS qui se résume ainsi : « Ce que nous avions préconisé n’a pas marché, mais nous l’avions prévu : Il faut maintenant aller plus loin ». Il va falloir m’expliquer dans le détail comment faire fonctionner démocratiquement une institution de plus qui aura le pouvoir de réformer les modèles sociaux aussi différents de ceux des pays de la zone euro. Sur cette simple question on voit très vite que le fédéralisme européen porté au pinacle par les centristes français est une chimère. De plus on voit mal cet attirail validé avec allégresse par les peuples européens par un référendum. Les allemands vieillissent et se soucient de la valeur de leurs pensions futurs et de leur actifs tandis que les pays au salaire minimum de moins de 800 euros attendent avidement l’argent frais tout beau tout neuf des partenaires mieux lotis… Parlant de référendums (Catalogne, Ecosse), on voit bien comment l’union européenne conduit à la dislocation des états rendus de plus en plus impuissants au fur et à mesure qu’ils lui cèdent des pouvoirs législatifs. Allons plus loin, si l’Italie du sud est restée pauvre c’est qu’elle se satisfait de vivre aux crochets de l’industrieuse et travailleuse Italie du nord avec la bénédiction de politiciens corrompus.
Les socialistes qui écoutent les ODS qui veulent détruire les Nations accusent le libéralisme d’être l’idéologie responsable de la destruction des Nations, on nage en plein délire.
Pourquoi faut-il crever l’abcès ? Tout le monde se félicite des taux d’intérêts bas en France : C’est la pire des nouvelles car les paroles de Mario Draghi et la faiblesse de Merkel à peine dissimulée par son refus des euro-bonds assurent aux pays mal gérés de ne pas subir la pourtant salvatrice réaction des marchés. Le virage de la rigueur en 1983 a mis fin à l’expérience communiste de François Mitterrand mais à l’époque, il y avait le franc et donc la nécessité pour le gouvernement français de rendre des comptes sur sa politique stupide et anti-capitaliste. L’euro a de facto supprimé cette corde de rappel avec pour conséquence, voulue par les concepteurs de l’euro, que les taux d’intérêts des pays de la zone restent proches avec des spreads constants ou se réduisant. La conséquence logique et tristement prévisible du fait de la faiblesse de la nature humaine fut trop d’usines en Allemagne, trop de fonctionnaires en France, trop de maisons en Espagne et trop de crédits en Grèce. Les marchés ont tenté de tester la solidité de la zone euro fin 2011 face à l’absence de réformes et de concertation dans les politiques publiques et économiques des pays de la zone. Il en a résulté l’éviction du clown italien Berlusconi remplacé par un technocrate élu par personne et l’éviction du socialiste Papandréou qui avait commis le crime de lèse-majesté de vouloir soumettre au référendum à sa population l’approbation de l’odieux plan de la troïka. Autant dans les circonstances actuelles il me semble plus que périlleux pour la France de sortir de l’euro autant je ne vois pourquoi une instance plus ou moins démocratique hors sol pourrait magiquement imposer une baisse drastique de la dépense publique, la fin des privilèges de la fonction publique et des entreprises publiques monopolistiques ou une vraie réforme pérenne du système de retraite. L’euro s’écroulera tôt ou tard, c’est une autoroute sans sortie et un vol de la démocratie par les technocrates. Malgré les turbulences que le vote des grecs pourrait provoquer, il y a deux décennies de mensonges à purger et ça peut y contribuer.
*Plutôt la qualité sable abrasif à arêtes vives pour décapage
Nous y voilà donc, un libéralisme anti européen. L’illustre et très respectable Charles Gave, hélas, europhobe.
D’abord l’histoire ne fut pas tout à fait celle ci. Au début, il y eu l’impossible réforme de la France, actée par ses dirigeants socialistes, acculés au début des années 90, à vendre la maison.
Car la dévaluation permanente et irrépressible de sa monnaie, c’est précisément cela: se rendre peu cher, peut être pour se rendre compétitif, tu parles, mais surtout pour être entièrement acheté.
Car la monnaie faible, ou régulièrement affaiblie, c’est d’abord la disparition. Le mal européen, c’est à dire les impossibles réformes Italiennes et Françaises, sans parler de l’Allemande, qui se faisait saigner par sa réconciliation sans réforme (réformer 60 ans de socialisme vous imaginez?) étaient en train de tuer le continent.
On voulut sortir par le haut et se donner les moyens de rejeter la responsabilité de la douleur sur plus grand que soi, tout en résolvant le problème de la première zone économique du monde: la chronique et dangereuse, regardez ce qui se passait à l’époque, instabilité monétaire entres ses principaux acteurs.
Les modalités de la seule solution possible, établir un taux de change fixe, furent ce qu’il ont été.
J’ai voté non à Maastricht, pour les raisons données aujourd’hui par Gave.
Pour faire simple, on aurait pu et du garder les monnaies nationales pour garder la visibilité des responsabilités nationales et punir les tricheurs. On choisit la voie de la fédéralisation par la bande, et ceci illustre le niveau de conscience, de probité et de patriotisme des grands ancêtres Mitterand et Delors: des traitres, des lâches et des démagogues aveugles, profondément ignorants et pessimistes, impuissants et misérables.
Maintenant la situation avait un avantage. La stabilité monétaire d’une part, les taux bas d’autre part. Cela dure encore. Je serais curieux de savoir, toutes choses égales par ailleurs, je veux dire l’absence totale de gestion libérale digne de ce nom, ce que serait notre état sans l’Euro…L’Argentine ? La Jamaïque ?
Cette situation idéale pour avancer, pour réformer, ne fut pas mis à profit. Le Canada, la Suède, réglèrent leurs problèmes de fond. Nous l’aurions fait, nous serions ce que nous aurions pu être si le funeste Maastricht n’avait pas bouché les yeux des marchés et laisser les fous gaspiller et emprunter sans retenue: la première puissance du monde, et pour longtemps.
La Grèce représente l’absolu, la quintessence de l’horreur socialiste du tiers monde. Le fils à papa en photo, fut jeté dehors pour incompétence après avoir vécu de la corruption absolue et généralisée de son peuple organisée par sa famille de pourris.
Tu parles, il proposait de décider démocratiquement (sa volonté de référendum dont vous faites l’éloge) de spolier l’Europe à qui il venait de voler mille milliards d’Euros.
Alors qu’au milieu d’une crise mondiale d’une ampleur inouïe, on prêtre 500 Milliards d’euros à son pays de débiles corrompus avec l’obligation de faire en sorte, quel effort horrible, que les impôts votés « démocratiquement » soient recouvrés, ce qu’il n’étaient tout simplement pas, vous nous parlez de sodomie avec gravier, la situation actuelle, avec des réformes en cours, accompagnés de quelques résultats, ce que nous Français, n’avons aucunement.
D’accord avec vous pour crever l’abcès, mais cela sera fait par les peuples et pas par la « fédération », comme le croyaient les lâches fondateurs.
Pour finir, contrairement à Syriza, les Grecs souhaitent rester dans l’Union. Tout ceci n’est qu’une péripétie et on s’en sortira.
Bonsoir,
Notre désaccord est au fond léger mais fondamental : L’euro nous a protégé c’est un fait mais comme vous le notez, ce temps n’a pas été mis à profit pour appliquer les réformes indispensables en France et en Italie mais ce n’est pas un hasard que j’ai mentionné comme fruit de « la triste nature humaine ». Je ne prétends pas être économiste mais j’ai beaucoup lu, je lis et je me renseigne. A de très rares exceptions les pays, mêmes démocratiques, arrivent à se réformer avant la banqueroute. Le cycle le plus répandu, et de loin, c’est banqueroute puis réformes libérales puis constante augmentation sur une génération du secteur communiste jusqu’à la banqueroute suivante.
A ce petit jeu, la démocratie n’est qu’une fiction ludique pour tenter de responsabiliser les électeurs dont le seul mérite est de prémunir tout dirigeant ainsi élu de la tentation de solder la faillite en tapant sur les voisins. Avant les lumières et les révolutions industrielles qui ont vu un spectaculaire décollage de la croissance économique, le plus efficace moyen de s’enrichir ou de régler ses dettes était d’envahir et d’asservir ses voisins, l’histoire européenne depuis les romains n’est remplie que de cela. En 2 siècles la France a du faire défaut sur sa dette près d’une dizaine de fois et la Grèce au moins le double. Même les anglais n’y ont pas coupé et malgré l’histoire du FMI débarquant à Londres en 1979, ils l’ont échappé belle moins de 30 après. Pour moi la France doit faire défaut et plus tôt sera le mieux, pour ma génération de trentenaires sans patrimoines et quasiment sans épargne.
Là où je ne comprends pas votre propos car c’est le nœud gordien à mon avis, une instance supranationale qui exigerait des réformes douloureuses serait immédiatement contestée par la population récalcitrante d’où cette fonction indispensable de la démocratie qui élit des crétins mais qui responsabilisent les électeurs un minimum, quoique pas assez. Aujourd’hui les dirigeants français ont les pouvoir pour faire ses réformes mais ils préfèrent s’étriper sur des sujets sociétaux sans intérêt et accuser Bruxelles de tous les maux en se gardant bien de parler de l’euro à l’exception du FN. Quand est-ce qu’on sortira de cette mauvaise farce? Par une institution supra-nationale?
J’ai voté oui en 2005 au projet de constitution, je croyais au fédéralisme et je me disais que puisque les politiciens français étaient nuls, confier des décisions importantes à des étrangers plus responsables devaient être une meilleure solution qu’attendre un nouveau sauveur. Et j’ai vu que dans les peuples l’idée de Nation comme socle pour décider des choix et des grands arbitrages était la seule solution raisonnable et acceptable aux yeux des peuples : Vous dites qu’une monnaie forte était préférable à des politiques laxistes imposant des dévaluations régulières. 100% d’accord mais le fait est que si j’étais allemand, je serais furieux contre l’euro pour d’autres raisons que l’absence de réformes en France mais pour sa faiblesse. L’euro est un mark dévalué vu les gigantesques excédents commerciaux allemands depuis plus de 10 ans. Les allemands n’ont pas l’intégralité du pouvoir d’achat que leurs efforts et leur compétitivité devraient leur accorder. Et en plus il faudrait qu’ils sortent le carnet de chèque pour les pays communistes du sud? Vous pensez vraiment que ça ne va pas attiser les tensions entre les peuples alors que c’était l’exact mission de l’UE puis de l’euro que de les rapprocher? Gave a raison et c’est également la raison pour laquelle je ne pense pas que Farage et son UKIP soient extrémistes. L’UE et l’euro vont raviver des tensions qui avaient disparues avec le marché commun et asservir des peuples en y laissant prospérer localement du socialisme. Poubelle donc.
Dernières précisions en vrac : Sur Papandréou, je ne le défends nullement, j’aurais du être plus sarcastique à son sujet. Bien entendu que c’était une merde comme les autres. J’ai bien écrit « partis politiques traditionnels tous corrompus ». Sur la réunification : Helmut Kohl a fait le baisé de la mort à la RDA au moment de la réunification. Se croyant magnanime il a garanti qu’un mark papier-toilette de l’est valait un mark de la RFA. Cette sympathique décision a immédiatement tué l’économie trop peu compétitive de l’ex RDA. Toute ressemblance avec l’euro serait fortuite… Seulement il y avait en Allemagne ce qui manque à la zone euro: Une volonté de vivre ensemble et l’acceptation naturelle des allemands de l’ouest de financer et de transférer des fonds pour leurs cousins de l’est. A vérifier mais les länders de l’est en remerciement votent à gauche… Foutue nature humaine à la mémoire courte…
Cdlt
Serge Federbusch ne va aussi loin que moi mais lui aussi pense que la mascarade gréco-européenne a assez duré.
http://www.atlantico.fr/rdv/chroniques-pot-aux-roses/moscovici-est-alle-se-faire-voir-chez-grecs-serge-federbusch-1931443.html/page/0/1
Ah que cette discussion est douloureuse ! I
D’abord je suis tout à fait persuadé, désolé et je ne vous en veux pas, que le fédéralisme est un crime absolu et une bêtise impardonnable.
Nous sommes donc d’accord: seules les Nations qui finissent toujours à un moment à se convaincre d’être raisonnables sont en position de faire ce qu’il faut, de leur plein gré et c’est la seule chose qui vaille.
Je suis comme vous: à un moment il y a un sursaut, et cela doit arriver bientôt. Par contre, il faudra cette fois être impitoyable, nous avons trop attendu et les choses deviennent graves.
Le monde moderne est dangereux: rural, donc sage, à 90%, enchanté par la belle époque et sa magnifique culture, regardez ce qu’a pu devenir la France de nos grand parents. Ca pourrait être bien pire…
P.S. je n’ai pas accès aux articles d’Atlantico…
L’article de Serge F. sera bientôt disponible sur son site en accès free :
http://www.delanopolis.fr/
Peut être sur Contrepoints ce week-end. Un point qu’il note en plus depuis que j’ai écrit mon billet c’est qu’entre temps, Moscovici s’est baladé à Athènes pour tirer les oreilles des grecs. Enough said.
Cdlt