Absent toute la journée pour cause de déplacement, je viens de découvrir les articles de presse traitant l’information que j’ai entendu ce matin vers 6h. C’est avec consternation que j’ai pu lire quelques messages enragés d’internautes qui ne trouvent rien de mieux d’accuser le monde de l’argent, l’insupportable chaîne TF1 et je ne sais quelles autres imbécillités déplacées. Ces gens qui commentent n’ont donc jamais rien d’autre à faire qu’à déblatérer pour probablement soulager leurs existences minables.
Parmi les victimes du crash en Argentine se trouvaient donc au moins 3 personnes aux destinés exceptionnelles fauchées tragiquement. Florence Arthaud aimait le risque et avait frôlé de très près la mort il y a quelques années, sauvée par une technologie balbutiante lorsqu’Eric Tabarly nous quittait. Ces navigateurs au grand large auront toujours le chic aristocratique d’affronter la vie et la nature seuls et de manière toujours singulière. Alexis Vastine boxait, un sport rude et brutal qui a étrangement gardé sa noblesse dans un monde paradoxalement toujours plus violent tandis que les joutes humaines se font de plus en plus à distance. Sa sidération face à une décision arbitrale aux JO de Londres avait ému. Il venait de perdre sa sœur, je crois, une pensée à sa famille et à ses proches qui viennent d’encaisser un nouveau coup terrible, très loin de ce qu’Alexis pouvait endurer.
Enfin, il y avait la nageuse qui avait rayonné aux JO de Londres. Renonçant à la vie d’ascète à 24 ans, elle nous quitte moins d’un an plus tard et sans doute sans avoir eu le temps d’esquisser sa nouvelle vie, ses nouveaux défis. Cruelle cette existence qui peut s’achever brutalement après des miracles ou trop tôt après autant de travail, de peines, de joies éphémères. Ils ne venaient pas du « sport-business », ils avaient des valeurs et des passions qu’ils étaient prêts à assouvir en se donnant les moyens que la majorité admire admettant en être incapable d’autant d’effort et de sacrifice. Antoine de Saint-Exupéry les auraient adulé.
Au delà de la reconnaissance, de l’admiration, de la tristesse consécutive à l’événement, de l’hommage reconnaissant et inspirant, des sincères condoléances adressées aux familles et aux proches KO debout, je ne me prends pas pour un célèbre chroniqueur à succès. Il me vient donc en tête la citation tirée de Mark Twain rappelée par la pathétique émission racoleuse des nudistes de D8 : « Dans vingt ans vous serez plus déçus par les choses que vous n’avez pas faites que par les choses que vous avez faites ». Je suis presque désolé de conclure avec ceci, je sais que c’est un très grossier moyen de tenter de prendre de la hauteur face aux futilités ambiantes. Espérons que leurs destinés parfois trop courtes les aient comblé de joie. Espérons que nous tous, qui avons vibré devant leurs exploits, nous n’oublions jamais que la satisfaction face à la médiocrité n’apporte jamais la moindre joie.
Bonsoir Duff,
Je partage ce que vous écrivez.
la satisfaction face à la médiocrité n’apporte jamais la moindre joie
Comme vous avez raison ! La joie, c’est la marque essentielle que l’on a posé l’acte juste, que l’on a pris le chemin juste, conforme au meilleur que l’on peut donner de soi.
Et ces trois-là étaient au sommet d’eux-mêmes. De belles et courageuses personnes.
Amicalement,
❤