Jeudi dernier vit enfin le premier passage du ministre Emmanuel Macron dans l’émission fleuve « des paroles et des actes » de France 2. L’émission avec le ministre avait été décalée pour cause d’attentats si je me rappelle bien. Elle eut donc lieu après le fameux 49-3 dégainé pour voter sa loi ce qui permit d’enrichir les débats politiques des simples considérations économiques. Le ministre a esquissé ce que devrait être une gauche réformatrice et non clientéliste tout en ménageant les sensibilités et les aléas actuels de la majorité en perdition : En plus de bonnes idées, ce Macron semble être un fin politique.

Pour un proche congrès PS, les frondeurs ont saboté l’union nationale du 11 janvier : S’ils ne l’avaient pas fait, d’autres s’en seraient chargé…
Les premiers sondages d’opinion, toujours volatiles et éphémères confirmèrent avec justesse – et j’espère sur le fond – l’impression que m’a laissée ce petit moment de télévision. Macron avait été attaqué d’emblée après sa nomination pour son passage dans la banque Rothschild et via les soupçons légitimes que peuvent inspirer un trentenaire non-élu, conseiller du président ayant tété la mamelle empoisonnée du capitalisme de connivence régnant en maitre en France : Passer de l’ENA à l’inspection des finances, travailler avec Attali et Monti pour un rapport – énième redite du rapport Armand-Rueff – pour fricoter avec l’affreuse banque d’affaire au nom magique qui émoustille tous les conspirationnistes même jusqu’aux moins inspirés. Les faits sont là moins d’une semaine avant un scrutin à priori local dont tout le monde veut nationaliser les enjeux : Le président Hollande et son premier ministre Valls baissent dans les enquêtes d’opinion ne pouvant surfer éternellement sur le sentiment d’union nationale du 11 janvier tandis que le ministre non élu opère une percée intéressante. Intéressante et justifiée. La loi Macron ce n’est pas le Pérou mais elle commence à briser des tabous à gauche qu’il serait bon d’amplifier : Emmanuel Macron explique d’emblée que lutter contre les situations de rentes via la concurrence est un service rendu aux consommateurs et leur pouvoir d’achat et facteur de croissance. Macron doit malheureusement arrêter vite sa démonstration alléchante car en qualité de ministre opposé sur l’échiquier politique aux frondeurs, qu’Hollande tente d’apaiser, il ne peut en dire plus. Il aurait pu dire qu’à un moment où les augmentations de salaires et toute tentative de coup de pouce à la demande était suicidaire tant que notre balance commerciale indiquait clairement notre trop faible compétitivité vis-à-vis de nos voisins, il valait mieux libéraliser notre économie pour la redynamiser en interne. Il n’était pas non plus en mesure de pousser le raisonnement qu’on sentait poindre en filigrane à savoir que pour maintenir la cohésion sociale et donc temporairement l’asphyxiant volume de dépenses sociales, il fallait aussi récompenser le talent et la prise de risque plutôt que de pousser à l’exode les diplômés à fort potentiel et les investisseurs qui mettent en risque du capital surtout dans la « vallée de la mort » c’est-à-dire pour des montant proches mais inférieurs au million d’euro.
Comme prévu dans ce format d’émission, les interventions des animateurs politiques fut d’un ennui mortel et concentré sur des broutilles politiciennes éprouvantes pour quiconque est lassé des jeux de dupe érigés en art dans les démocraties faussement représentatives. Les débats contradictoires étaient plus révélateurs et riches d’enseignements. Face à l’UMP Benoît Apparu, soutien de d’Alain Juppé, le débat pouvait être consensuel : Apparu fut renvoyé dans ses 22 mètres pour les 2 raisons qui rendent inaudible l’UMP en ce moment, à plus forte raison que son leader actuel est un fantôme du passé avec trop de cadavres dans les placards et de poussière sous le tapis :
- L’UMP exige des réformes de plus grande ampleur mais que fit-elle en 10 ans d’exercice du pouvoir ? A peu près rien. Surtout suite à la crise de 2008. Sarkozy sur TF1 et avant sur Europe 1 et France Info esquive tellement mal le reproche qu’on n’a même pas besoin de lui rappeler que ce sont les gouvernements de socialistes officiels ou de droites socialisantes qui ont été balayés aux élections mais que des pays bien gérés ont reconduit leurs dirigeants.
- Si la loi Macron n’était qu’un fourre-tout n’allant pas très loin pourquoi des députés comme Apparu se mettent à la critiquer depuis l’utilisation du 49-3 alors qu’ils avaient publiquement indiqué qu’allant dans le bon sens, ils allaient la voter ? N’ont-ils pas compris que les français sont plus que las de ce jeu de rôle faits de postures politiciennes inspirées par le court terme et la conquête du pouvoir qui ne défendent en rien la moindre cohérence structurant une future action une fois revenu aux affaires ? De ce point de vue, Nicolas Sarkozy est non seulement amnésique comme nous venons de le voir mais plutôt que de prendre de la hauteur, tel un ancien président de la république, il préfère l’opposition au gouvernement sur un mode pré-crise : Postures, grand-écart idéologique, aucune proposition constructive.

Face au triste spectacle que « ma faille politique » a donné depuis 2 ans, il me fallait revenir mettre de l’ordre tout remettre nickel et envahir Mars.
Heu Nico? tu gênes là. Si si… ça va pas là…
Vint ensuite le second débat face à Florian Philippot qui servit sa soupe habituelle sur le mode : « c’est la faute des autres ». Le disque vinyle raillé se mit en marche comme prévu, la faute de l’UE ultra-libérale, l’euro scandaleusement cher pour la pauvrette d’industrie française, la mondialisation avec la concurrence déloyale des enfants chinois mal nourris, les hordes de bicots venus toucher des allocations etc. Posément, Macron a renvoyé son quasi-camarade de promo de l’ENA dans son en-but. De loin, Macron fut le premier à répondre aussi efficacement à l’ami flipot ces dernières années le faisant sortir de ses gonds et montrant une combattivité qui me laisse penser que Macron a bien des chances de ne pas suivre la destinée d’un Dominique de Villepin qui ne trouvant pas sa place dans le monde politique s’était grillé tout seul. La démondialisation est une connerie intellectuelle démentie par les faits donc (adieu Montebourg et Jacques Sapir) et le protectionnisme est forcément affublé du qualificatif « intelligent » parce qu’il est fondamentalement con, immoral et tueur pour le pouvoir d’achat des petites gens. Le tour de force fut si grand que Macron parvint à dominer l’adorateur du socialisme nationaliste sans verser dans un libéralisme classique qui aurait subitement dépareillé avec le reste de son intervention qui vantait une gauche moderne, certes dépouillée de ses oripeaux socialistes ancestraux, mais qui ne coupe pas totalement les ponts avec la soif de « justice sociale » si chère à la gauche hélas trop égalitariste. De l’horlogerie suisse en somme…

Bon l’élection de 2017 se fera au centre alors je suis allé au centre. Mais le seul centre que j’ai trouvé c’est celui d’Emmaüs. Sont pas riches par là j’ai l’impression.
L’épilogue est venu sur le site d’information du Boulevard Voltaire, création de Robert Ménard et de Dominique Jamet. Philippe Bilger ose dire que lui aussi a été séduit par la prestation en dentelle du ministre Macron : Opposition politique de fond avec l’UMP avec points d’accords évidents, la France a besoin de réformes structurelles de fond, opposition combative et convaincante face au FN version socialisme conservateur à tendance autarcique, le tout sans jamais trop froisser l’aile gauche du PS en annonçant des réformes inattendues sortant du cadre élaboré par Hollande et Valls. Les commentaires navrants sur le site (qui utilise pourtant facebook et donc n’autorisant pas un total anonymat) révèlent l’enfermement irréversible de l’électorat FN dans le déni tandis que les institutions de la Vème république rendent impossible l’alliance des réformateurs de centre droit avec ceux de centre gauche. Nul ne peut prédire ce qu’il en sortira en 2017 : Si Marine le Pen est bien au second tour, ce sera une déception car le camp réformateur ne sortira pas totalement légitime en recevant des voix potentiellement extrémistes… Macron a quant à lui un avenir à défaut d’avoir un espace politique. A suivre donc…
Merci pour tout … un sujet d’actualité .. l’arthrose fait de ravage autour de nous .. espérant qu’un traitement radical ou une prise en charge complète voir le jour prochainement … bonne continuation.
Bonsoir,
Votre message est ambigu : Si vous avez des points de désaccords, je serais ravi d’en discuter.
Cordialement