C’est donc l’UMP et Nicolas Sarkozy tout spécialement qui ont remporté le scrutin départemental new-look nous ont martelé les médias toujours aussi fins avec leurs abondants analystes et pseudo-débats radiophoniques ou télévisuels. Quand on se donne la peine d’y regarder de plus près, on comprend mieux pourquoi le président de l’UMP censé incarner le principal parti d’opposition au gouvernement socialiste a réservé ses coups les plus rudes au Front National et au non aux branquignols qui dirigent la France. La victoire de l’UMP et de l’UDI sonne faux et ne présage rien de bon dans les scrutins décisifs qui s’annoncent, si ce n’est toutes sortes de surprises : Il n’y a plus de scénario à privilégier.
Depuis les européennes de 2014 qui avaient vu le FN virer nettement en tête, Marine Le Pen espérait sans doute franchir cette fameuse barre des 30% au premier tour comme certains sondages l’indiquaient. L’enjeu n’était pas de confirmer le statut de premier parti de France, ce qui fut le cas contrairement à ce qui a été malheureusement asséné dans les médias, la structure des binômes faussant toute analyse, au-delà de 30% le tripartisme PS/UMP/FN n’est plus instable, il explose carrément. Nicolas Sarkozy a bien senti le coup passer très près : L’UMP seule ou associée à l’UDI et l’UDI seule n’ont obtenu que 5% de voix de plus que le FN, dans le cas inverse, l’UMP aurait implosé. Ce n’est peut-être que partie remise. Nicolas Sarkozy affirmait que voter FN conduisait à l’élection d’un socialiste. Cette prophétie s’est effectivement accomplie dans les fiefs socialistes qui dans la trentaine de départements conservés en doit la moitié à la division des droites… Si le PS n’avait conservé que 15 à 20 départements, le mot « raclée du siècle » n’aurait pas été exagéré. La prophétie sarkozyste a en revanche été invalidée dans un grand arc est/sud est où la gauche n’existe tellement plus hormis quelques poches étranges (Grenoble) et de ce qui reste du vote ouvrier, même lorsque le FN avait beau arriver en tête, l’UMP l’a globalement remporté. A beaucoup d’endroits où, malgré un très bon résultat au premier tour, le FN n’a pu se maintenir au second, la victoire de l’UMP fut écrasante. En revanche, le sud-ouest, moins concerné par le vote FN et régions des Bayrou et Juppé restèrent sagement fidèles à leurs maîtres esclavagistes socialistes. Il y a donc bien un FN de droite dans le sud et un FN gauchiste au nord qui boit avec délice les élucubrations antilibérales marxisantes de Marine Le Pen et de Florian Philippot. Mais il y a aussi 2 UMP : La version droitière populaire et proche des identitaires du FN sudiste et la droite socialiste molle soumise aux oukases des rédactions parisiennes boboïsantes qui n’aime la droite uniquement lorsqu’elle tient un discours de gauche. Cette droite populaire hostile au conformisme imposé depuis Paris est toujours présentée comme hostile à l’économie de marché, repliée sur elle-même et constituée de perdants de la mondialisation : A la bonne heure ! Voilà qui arrange bon nombre d’éditorialistes parisiens bobos qui redoutent la réunification d’une grande partie de la droite et qui diabolise les idées conservatrices et les jacqueries fiscales et tous ceux qui s’oppose à la marche triomphale de l’idéologie égalitariste du camp du bien. Réciproquement, pas un mot sur l’élection du président socialiste du département du Pas de Calais bien heureux du soutien providentiel des communistes.
L’élection présidentielle de 2017 promet donc d’être beaucoup plus incertaine que les exécrables sondages ne laissaient augurer pour le président Hollande : Il a encore tout à fait ses chances d’être réélu dans un pays qui n’a pourtant jamais penché autant à droite et le tout, qu’il soit opposé à Marine Le Pen ou quelqu’un d’autre. Le Tripartisme est impossible dans le cadre des institutions de la Vème République mais nous n’allons peut-être pas vers une reconfiguration bipolaire. Nous sommes en train d’assister à la reformation de la situation quadripolaire de 1981 : RPR / UDF à droite et au centre et PS / PC à gauche. La version réactualisée de 2017 serait un FN ayant absorbé une grande partie du programme du RPR en le saupoudrant d’un original et infecte assaisonnement marxiste. L’UMP jouant le rôle de l’UDF puisque les anciens du RPR ont accepté de laisser aux vestiaires leurs idées conservatrices et même avalent bêtement la pilule amère du fédéralisme européen et autres crétineries qui font « modernes ». Le PS jouant le rôle éternel du PS, le socialisme n’existant pas il sera toujours le coca-cola de la politique : Un soda dégueulasse mais adulé par certains notamment les jeunes pour des motifs que la raison ignore et dont la recette et la composition entre collectivisme stalinien et libéralisme ne seront jamais rendues publiques. Enfin, nous auront les paléo-communistes et sa branche mutante qui au nom de la préservation de la nature ne s’intéresse qu’aux délires égalitaristes sociétaux et autres succulentes inventions pour détruire un pays et éradiquer sa culture.

Il n’y a pas que la Germanwings qui a des pilotes fous. Sauf que là on ne parle pas de 150 victimes innocentes.
L’incroyable conjonction de planètes à l’œuvre actuellement pourrait effectivement donner de l’air au président Hollande proche de l’asphyxie : Contre-choc pétrolier, baisse de l’euro et des taux d’emprunts et léger redémarrage économique en Europe. L’indécrottable optimisme du président qui le pousse à l’immobilisme, bien encouragé aussi par l’imbécilité navrante de sa majorité à l’assemblée nationale, doit lui faire également penser qu’il peut tenir encore deux années en l’état actuel des choses. Je n’y crois pas vraiment, dans mes premiers articles de ce modeste blog, je n’avais absolument pas vu venir la division par deux du prix du pétrole ni le QE en zone euro croyant stupidement que l’orthodoxie monétaire et budgétaire allemande resterait inflexible. Dont acte. Admettons toutefois cette hypothèse. Après tout ce qu’Hollande aura pu traverser comme infortunes personnelles, de mauvaises nouvelles, de scandales et de débâcles électorales, il pourra apparaître comme le roseau qui plie mais ne rompt jamais : Il faut le lui reconnaître cette étonnante souplesse inattendue. S’agissant du véritable inventeur de la formule du « ni ni », Marine Le Pen qui renvoya dos à dos Sarkozy et Hollande en 2012 et use et abuse de la formule « UMPS », son père lui a fait la leçon cette semaine : Outre la stratégie malheureuse de ne pas vouloir d’alliés ni de s’affirmer clairement de droite, le FN ne percera probablement jamais le plafond de verre des 30% car idéologiquement, ce parti n’est qu’un ramassis hétéroclite de pétainistes (qui doivent cependant tousser en maisons de retraite) d’aigris de tous poils et cerise sur le gâteau : Des nostalgiques les plus antilibéraux des gaullistes et de l’Algérie française. Voilà qui n’est pas bien plus cohérent que la ligne autarcique matinée de socialisme de la fifille ou de herr Philippot. Ceci-dit, si l’UMP a la brillante idée de présenter Juppé, il fera comme Bayrou : C’est l’histoire d’un mec qui bat tout le monde au second tour mais qui par manque de chance (probablement) ne l’attendra jamais. Dernier élément, l’affaire Bygmalion traîne mais commence à charrier son lot de mises en examen et qui pourrait bel et bien planter un gros silex dans la chaussure de Nicolas Sarkozy déjà en marche pour la présidentielle. Rien n’est fait et j’ai comme l’impression que cette incertitude latente n’aidera pas celui ou celle qui aurait l’idée folle de vouloir enfin réformer le pays.
La clique gouvernementale fera tomber Sarko au moment opportun, du genre qqs semaines avant la présidentielle en pleine ascension dans les sondages, ce sera plus jouissif ! Sarkosy va entraîner la droite dans son naufrage et ça, sans joker (ce qu’il ne veut pas prévoir) !
Bonsoir,
C’est ce que je laisse entendre aussi. En même temps la situation de Sarkozy est complexe à la fois pour lui et pour les sympathisants UMP : S’il a quelque chose à craindre des affaires, il était de sa responsabilité de ne pas briguer la présidence de l’UMP ni d’avoir la moindre vue sur la présidentielle suivante. Il est évident que la plupart des « affaires » feront pschitt mais s’agissant de Bygmalion et des dépassements de frais de campagnes en 2012, si Sarkozy en sort indemne, il en sortira très très amoché. D’un autre côté, les militants UMP auraient du intégrer ce paramètre au lieu de poursuivre leur vénération aveugle envers leur leader maximo.
Raison pour laquelle j’ai déjà écrit ici, contrairement à ce que je pensais le soir de sa défaite le 6 mai 2012, qu’il est fort possible que Nicolas Sarkozy expédie la droite parlementaire par le fond. Ce que j’ajoute ici c’est que l’espace médiatique et de réflexion proposé par Lemaire et Fillon cf mon avant dernier post, va être trop restreint d’ici 2017 pour espérer la moindre alternance utile et productive.
Dans ce contexte là, avec un FN fort mais durablement discrédité pour nouer des alliances et en l’absence de volonté effective de la part de l’actuelle équipe dirigeante, il se peut fort bien qu’on signe contre notre gré un bail de 5 ans supplémentaire à une gauche qui pète au nez du peuple et maudit la France..
Cdlt
c’est evident que le retour de Sarkozy est une carte dont le PS n’osait rever. Les gens de l’UMP n’ont rien compris.
Bonne analyse, sinon. Les choses sont vraiment incertaines.
Hello, c’est ce que je dis aussi. Avec mon image récurrente de Sarko qui prend la flotte lui aussi.
Il a remis de l’ordre dans la baraque mais ça peut n’être que très temporaire.
cdlt
Bien d’accord avec vous pour dire que l’UMP a fait une belle bêtise en mettant Sarko à sa tête. Non pas parce qu’il ne fait pas le job à la tête du parti (encore qu’on aimerait tous connaître les propositions de l’UMP pour la France) mais parce que les Français ne l’aiment pas.
Mon idée, c’est que Hollande a toutes ses chances pour 2017. Effet conjoncture dont vous parlez et aussi le sentiment des Français qu’avec les socialistes ils ne risquent pas de grands bouleversement libéraux : quelques petits changements à la marge type loi Macron (il faut bien vivre avec son temps, n’est-ce pas) qui seront toujours encadrés par la gauche de la gauche. La semonce des départementales, c’est une façon de râler à peu de frais, les derniers sondages indiquant que les Français veulent garder Valls et sa politique. La seule épine dans le pied de Hollande, ce serait les ambitions de Valls.
Bonjour,
J’avais écrit dans un billet à l’automne 2014 qu’Hollande avait les bourses serrées dans les mains de Manuel Valls. En cas de démission de ce dernier, Hollande est foutu et sans solution. Seulement, Valls ne peut partir qu’à condition que le climat des affaires se dégrade franchement et qu’Hollande semble ne plus avoir la moindre chance de figurer au second tour de la présidentielle : Ces menaces s’éloignent, Valls peut même actionner le 49-3 pour faire passer quelques mesurettes destinées à calmer Angela. De fait la situation européenne a changé entre temps : Il faut éteindre l’incendie ukrainien et gifler l’autre ahuri d’Athènes. Sauf rebondissement imprévu, Hollande et Valls pourraient bien continuer leur danse amoureuse jusqu’en 2017.
En revanche je serais moins sévère que vous à l’encontre de Sarkozy : Il a gagné une présidentielle tellement promise à la gauche que celle ci y envoya une candidate totalement nulle. En recueillant 20 millions de voix au second tour en 2007, il a réalisé une performance qui datait de l’élection de 1965 qui vit la victoire d’un certain Charles De Gaulle… Quand on analyse l’abstention, on comprend que Sarkozy avait soulevé un immense espoir de changement (rupture à l’époque) et fait voter des gens qui ne croyaient plus en la politique. 8 ans après et face aux renoncements de Sarkozy et face aux socialistes qui se voient obligés de conduire une politique opposée à celle qu’ils tenaient pour se faire élire, ces gens ne votent plus.
Ce qui affecte Sarkozy ce n’est pas qu’il n’est pas aimé mais c’est qu’il a trahi les espoirs qu’il avait soulevé. Maintenant si l’élection du président de l’UMP était vraiment ouverte, il n’aurait pas pu revenir : 160 000 votants c’est rien, c’est certainement moins que le nombre d’élus locaux du parti… Autrement dit, Sarkozy a été élu par 60% d’apparatchiks et aucun français lambda. On verra si primaires ouvertes il y aura, la volonté du centre-droit de se trouver un nouveau leader un nouvel élan ou pas. Je constate qu’Hollande et Sarkozy n’y ont pas intérêt et font tout pour éviter cela. Au fond la fille Le Pen aura encore un bon moment le père dans les pattes pour rappeler ce qu’il y a derrière la vitrine de la SARL Le Pen.
Bon lundi de Pâques.
Re-bonjour,
J’ai effectivement manqué de nuance avec Sarko. Les français ne l’aiment pas en majorité, aujourd’hui (et en 2012). Ce sont les militants qui l’ont mis à la tête de l’UMP, mais ce n’est pas la France. Personnellement, je lui reconnais des qualités, et je le crédite de bonnes réformes, notamment celle du service minimum, préalable indispensable à toute tentative de réforme ultérieure, et celle de l’autonomie des universités. Ca me chagrine toujours d’entendre parler de son bilan sans tenir compte de la crise de 2008. Mais froidement, aujourd’hui, je pense qu’il ne peut pas faire l’affaire à droite. Il s’est mis une bonne partie des Français à dos et son rejet est quasi viscéral.
Ping : « Il faut que les entreprises jouent le jeu » (@MarisolTouraine) | Contrepoints
Ping : « Il faut que les entreprises jouent le jeu » (@MarisolTouraine) | Actu politique