23 juin 2016 : une date historique. Contre vents et marées, contre l’oligarchie avec ses corrupteurs et ses politiciens corrompus, contre la propagande de plus en plus risible, contre l’exploitation inouïe d’indécence du meurtre sauvage d’une malheureuse députée, les anglais (et les gallois) ont fait honneur à la démocratie. L’arrogance des technocrates et des leurs institutions et projets politiques tel que la monnaie unique ont reçu ce qu’ils méritaient : une claque sans précédent.

la subsidiarité made in EU
L’an dernier j’écrivais que la gestion calamiteuse de la crise des migrants avec l’incroyable posture solitaire d’Angela Merkel et l’incapacité à résoudre l’équation pourtant simple de la dette grecque avec en plus d’autres précédents, le traité de Lisbonne qui balaie d’un revers de main le résultat de référendums, et, le rôle douteux de la diplomatie européenne et américaine dans le putsch en Ukraine, l’UE était morte mais personne ne l’avait encore saisi. Le processus d’auto-destruction va donc certainement s’accélérer après le camouflet britannique. Surtout, il est hautement prévisible que la réponse à cette gravissime crise de la construction européenne esquissée par les tenants du fédéralisme en France couplée aux ambitions hégémoniques allemandes débouchera sans coup férir sur des propositions qui accentueront le rejet des peuples européens envers l’UE. Nos pays sont en crise mais on se borne à tort de dire que c’est la dangereuse alchimie entre crise économique et crise identitaire alors que c’est une erreur, l’UK va mieux aujourd’hui. L’UK a rejoint l’UE en 1975 à la veille de son effondrement et parce que cette faiblesse avait possiblement fait croire à ses politiciens que rejoindre le club prospère l’aiderait… L’Autriche et les Pays-Bas n’ont pas un chômage de masse et sont prospères, il n’y a aucun immigré à l’est de l’Europe alors pourquoi ce rejet des élites, des projets qu’ils nourrissent pour leur pays? Notre crise en occident (d’où Trump au USA) c’est une crise démocratique. Nous sommes gouvernés par des gens qui sont religieusement convaincus que si ce qu’ils ont fait a échoué c’est qu’ils ne sont pas allé assez loin. Cette fuite en avant face au réel touche à sa fin. Par la coercition, le bricolage monétaire, la spoliation et autres prédations économiques et politiques nous ramènent avant le siècle des lumières, ça ne peut que mal se terminer.

Marrant comme être un économiste de gauche paie toujours bien malgré une totale incompétence!
J’aime bien Nicolas Doze mais dire que les questions sécuritaires et d’immigration l’ont emporté sur le reste c’est prendre les britanniques pour bien plus cons qu’ils ne le sont. Eux les inventeurs de la démocratie représentative et d’un parlement souverain? On plaisante? Les conservateurs pro-Brexit ont parlé économie pour négocier des accords de libre-échange avec le Commonwealth et de démocratie pour que les lois en vigueur au UK soient exclusivement votées par des représentants du peuple britannique à Westminster. L’UKIP en a fait de même mais a ajouté le complément : oui la politique migratoire même hors de la zone schengen a tout à voir avec des instances européennes qui favorisent directement ou indirectement l’immigration qui devient de facto incontrôlée chez tout état membre. Peu importe les turpitudes à venir, les jeunes décérébrés qui avaient peur de la démocratie et de la souveraineté du peuple réfléchiront dans quelques années, l’UK se rappelle encore se dont les français ont oublié : au XXème siècle, ils sont morts par millions pour défendre la liberté politique, pas pour un petit escroc luxembourgeois que l’histoire oubliera bien vite et sa clique de bras cassés. Personne n’a intérêt à ce que le commerce avec l’UK soit compromis, la raison reviendra bien vite. A long terme, les britanniques ont fait ce qu’ils avaient de mieux à faire, que le successeur de Cameron gère bien les outrances factices de la Kommission pour rassurer le monde économique et fasse au mieux avec les écossais et les irlandais du nord. Quant à Cameron, il sort assez grandi. Il a joué le jeu de la démocratie, il a cherché un compris qu’il pensait acceptable mais n’a commis qu’une seule erreur, l’ampleur du compromis, il a sous-estimé le rejet massif qu’inspire l’UE. Sans s’afficher avec l’UKIP mais en étant le leader « présentable » du Brexit à la BBC, Boris Johnson, pourtant ancien maire de Londres qui a massivement voté le Remain, a eu plus de flair et le risque politique qu’il a pris devrait l’amener à conduire les négociations.
Encore une fois, et ça m’irrite de l’avouer, mais les anglais viennent encore de nous donner une leçon pratique de démocratie. La question était simple et qu’on ne me dise pas que l’avenir de Cameron était dans la balance, les 3/4 voire plus du Labour soutenait le Remain. Elle était simple cette question mais derrière, d’autres questions qui se posent à tous les européens étaient sous-jacentes : l’UE est-elle bénéfique? Si non, elle-elle réformable? Dans ce cas, qui veut la réformer? Enfin, en a-t-il le poids politique? Vu la maigreur des réformes obtenues par Cameron et le vote des anglais de jeudi, un constat s’impose : l’UE est un chateau de cartes irréformable de plus en plus autoritaire qui finira par s’effondrer. Comme d’autres imbécillités constructivistes se donnant plus ou moins un aspect démocratique, l’UE s’écroulera. Le plus tôt serait le mieux, je préfère que ce soient des gens raisonnables qui donnent l’ultime pichenette plutôt que des nationalistes autoritaires qui émergent de plus en plus et hélas, surtout en France.
« postface » : tous les plateaux TV ce matin en France ont invité des gens qui avaient milité pour le Remain ou y étaient favorables. Une pensée émue à Alex Taylor qui est allé débiner les mêmes âneries bien-pensantes partout. Rien que voir la tête apeurée des journalistes qui ne comprennent pas pourquoi on les prend maintenant majoritairement pour des clowns, des pantins ridicules, j’avais gagné ma journée!