Je sais fort bien que l’Union Européenne a bien quelques vertus. Sans certaines directives œuvrant à l’ouverture de marchés publiques à la concurrence, la France se gargariserait encore aujourd’hui de son minitel à l’heure d’internet en laissant le monopole des télécommunications à France Telecom. Ces ouvertures à la concurrence sont très bénéfiques et cassent des tabous imposés par le consensus gaullo-communiste de 1945, on pense immédiatement à la Poste et à la SNCF.
Mais l’UE ce n’est pas que ça car l’organisation du marché commun de la CEE avec le traité de Rome suffisait. Il s’agit désormais d’une union politique qui vise à abolir les Nations puisque les Nations européennes ont produit trop fréquemment dans l’histoire des haines et des rancœurs soldées dans le sang. Je comprends que l’on puisse adhérer à cette vision mais comme toute organisation humaine fondée sur le mensonge, les choses se terminent mal, qu’on le veuille ou non, l’histoire est tragique et aucune construction humaine n’est éternelle. L’UE n’a jamais apporté la paix d’ailleurs, les membres de l’UE n’ont jamais tenté de s’allier militairement en dehors de l’OTAN après la chute de l’URSS qui représentait une menace infernale que seule l’aide des américains pouvait contrer. Ce sont le demi million de soldats américains stationnés en Europe de l’ouest et la dissuasion nucléaire acquise par les britanniques et la France qui ont forcé le statu quo.
Autre mensonge : l’UE est démocratique. Il y a bien un parlement, il y en a même deux! Séances plénières à Strasbourg ou à Bruxelles… En bons gestionnaires sur quoi les partis politiques européens peuvent-ils s’accorder? Sur des avantages fiscaux, des émoluments absolument odieux pour ceux qui en bas de l’échelle triment en se demandant comment finir le mois, de jolis bâtiments, de jolis avantages en nature. Nos élites nous pètent au nez et s’étonnent des réactions épidermiques… Les grecs ont montré l’inanité du projet de constitution de 2005 : les réformes voulues depuis Berlin conduisent à l’élection d’un démago dont la gouaille dissimule à peu près l’imbécillité de son programme, qu’il est obligé d’enterrer par sa soumission à l’euro et donc à ses créanciers.
Quelques jours après le vote britannique, la presse s’est déchaînée (surtout en France puisqu’elle est tenue en laisse) contre les ténors du Brexit. Quelle mascarade odieuse. UKIP n’a qu’un seul député à la chambre des communes, un défroqué conservateur. Le leader, Nigel Farage est député européen puisque c’est dans les pays membres de l’UE l’un des rares voire le seul scrutin à la proportionnelle. Comme quoi, pour se donner un air démocratique, les élections européennes sont comme notamment chez nous, le seul scrutin conforme à la démocratie… Farage ne peut rien faire d’autre que de continuer à dénoncer les tartuferies politiques mais en aucun cas participer aux négociations. Ténor du Brexit, Boris Johnson a consulté les députés conservateurs et a renoncé en attendant encore son heure: trop d’opposants, trop de rancœurs face à son courage politique, parce qu’il en fallait, bien que la presse britannique n’ait pas autant bombardé de crotte que ce que la presse française se permet de faire envers les eurosceptiques. Pour invoquer l’article 50, les conservateurs se rangeront ce mercredi derrière Theresa May qui intellectuellement était en faveur du « Leave » mais qui par loyauté à Cameron dont elle était ministre n’a pas fait campagne. Une potiche de service quoi. On la jugera sur pièces mais elle a tout du bouc émissaire facile.
Ce qui déplaît le plus aux européistes c’est que Farage actionne avec talent, gouaille, le bouton « populiste » en appuyant où ça fait mal. Oui l’essentiel du personnel politique pro-UE n’a jamais foutu les pieds dans une entreprise et pense probablement comment punir le peuple britannique de son vote scandaleux. Ces eurocrates ne songent même pas un seul instant aux conséquences terribles d’un refus d’un accord de libre échange entre la France, l’Allemagne et le Royaume Uni. Au fond ils s’en foutent, ils ont pour la plupart dépassé le principe de Peter depuis très (trop) longtemps. Et oui ces eurocrates sont dans le déni. Je n’arrête pas de l’écrire depuis l’été 2015 mais l’UE et l’€ sont morts. Les peuples n’en veulent plus. Les critiques nationalistes sont certes inspirées d’un antilibéralisme qui sent la naphtaline mais le refus des partis politiques de gouvernement d’aider Cameron vers une solution vers plus de subsidiarité trahit la déconnexion des élites européistes avec leurs peuples qui va mal se terminer. Y compris dans les pays qui vont techniquement bien, l’Autriche en tête, demain l’Italie et tous les pays de la zone sud de l’€ dont malheureusement la France semble désormais faire partie.
Aucun rat n’a quitté le navire, les rats ont juste acté la déconnexion des partis de gouvernement avec les aspirations de leurs peuples respectifs. Contrairement à la politicaillerie française, en cas de défaite ou d’absence de majoritaire claire basée sur un projet politique, ils partent ou restent en retrait. Regardez ce socialiste ringard de Jeremy Corbyn qui s’accroche comme une moule à son bouchot alors qu’il a été désavoué bien plus gravement, les médias subventionnés français en parlent-ils autant que la prétendue désertion des pro-Brexit alors qu’ils ne pesaient qu’au mieux 1/4 du parlement britannique,tous partis confondus ? Bon courage à Miss May qui va certainement sauter très vite, à moins que derrière sa formule « Brexit means brexit » se cache un nouvel élan salvateur comme fut celui de Mrs Thatcher.