Il fallait donc qu’il eusse lieu ce débat avec les 11 prétendants. France Télévision, qui devait organiser le second le 20 avril, cherche désespéramment une solution de remplacement tant personne n’a envie d’assister à cette mascarade une seconde fois. A seulement 5 sur TF1, c’était déjà pénible à suivre. L’ajout des 6 recalés a comme prévu rendu l’émission inaudible, ennuyeuse au possible, risible par les participants et les propos démentiels qui ont pu être tenus en toute décontraction. Les deux journalistes des chaînes d’info, quoique meilleures que les tocards du service publique, avaient toutes les peines pour garder le contrôle. La cacophonie annoncée et effective, ce n’est même pas le plus important.
Le premier constat qui saute aux yeux est l’effroyable composition de ces 11 candidats : seuls deux paraissent conscients des enjeux et possiblement en mesure d’éviter au pays une sortie de route rapide, après seulement quelques mois d’exercice du pouvoir. François Fillon sera bien entendu contesté comme jamais, pour un président de droite, par des factieux de tous poils, et, Emmanuel Macron aura bien peu de chances de sortir de son chapeau une majorité suffisamment cohérente pour gouverner sereinement. Voilà qui constitue mon principal effroi ; mais je ne peux m’habituer à la présence sur la ligne de départ d’au moins 3 paléo-communistes aux discours soit glaçants par leur totalitarisme assumé (Poutou et Arthaud) soit dissimulé par un voile de culture qui permet à Mélenchon de rendre tantôt truculentes tantôt poétiques les idées les plus infamantes. Sans un écologiste qui aurait grossi d’une unité les rangs anti-capitalistes avec des formules chocs à base de poncifs éculés, signalons la présence de Jacques Cheminade que j’ai trouvé le moyen de ne jamais entendre (j’ai lu le programme pour me prononcer). Enfin la gauche socialiste était représentée par Benoît Hamon dont la nullité avérée et le parasitisme social, incarnée par son « parcours politique » (à défaut de professionnel), ne mollissent pas. Enfin Macron plane en apesanteur, quelque part entre Hamon et Fillon, profitant de ce vaste espace politique ouvert par l’absence d’une candidature centriste et d’un socialiste, économiquement réaliste. Toutefois le format de l’émission lui était favorable, on avait tant annoncé qu’il serait la cible privilégiée de ses opposants principaux autant que des « petits candidats« . Peu de temps pour s’invectiver, aucun débat de fond possible, surnager au milieu de cet océan de délires étatistes, de complotisme anti-européen, sans devoir s’expliquer ou prendre un risque lui convenait finalement assez bien.

La France
A droite, l’absence de clarté de ce qui est devenu l’UMP qui a gouverné de 1995 à 2012, est revenue comme à Boomerang à la figure de François Fillon. Il est pourtant infiniment moins fautif que Chirac, qui vote le traité de Maastricht en 1992, contre toute attente, et, Sarkozy qui piétine le référendum de 2005. Mais les socialistes de droite, Dupont-Aignant et Asselineau voulaient le saigner à blanc pour son passé eurosceptique. Fillon leur a répondu sèchement par deux constats évidents dans la situation actuelle : l’UE se désagrège (Conséquence du Brexit passée sous silence par presque tous!) donc il est grand temps de revenir à une union sur des grands principes (subsidiarité?) mais hors de question de jeter le bébé avec l’eau du bain. Le soutien des français à l’€ est si fort que le programme de Marine Le Pen, sitôt élue, est tout bonnement promis à être mis à la poubelle. Asselineau, professoral, avec ces citations de traités constitutionnels, est resté ce qu’il n’aurait jamais cesser d’être : un youtuber conférencier incapable de dissimuler le mal-être profond d’un énarque tombé en disgrâce (notamment ancien du cabinet de la très nulle Françoise de Panafieu). Disgrâce provoquée par son refus de se soumettre à l’européisme ou par son incapacité à travailler en équipe, sa nullité à l’écran ou que sais-je encore? Je n’ai même pas envie de m’interroger sur le sujet. Pour finir, Marine Le Pen a encore une fois démontré la vacuité de son projet, de ses convictions et de son opposition complètement factice au « système » qui l’enrichit grassement dont elle semble, elle et son parti abuser à Bruxelles comme au plan national. Enrichissement bien plus efficace que si elle avait du ne se reposer que sur son talent, et lui offre une immunité parlementaire. Poutou le lui a fait remarquer d’ailleurs, lui, il ne dispose pas de « l’immunité ouvrière« , c’est gênant pour la candidate de « la voix du peuple« . L’état de décrépitude de nos institutions, des partis politiques et de notre économie interdit hélas de rétorquer que l’immunité des syndicalistes en général, de ceux d’Air France qui agressent physiquement leurs supérieurs, celle-là, elle existe bel et bien. Au détriment des salariés des compagnies publiques ou semi-publiques quand dans le même temps la CGT signe parfois des accords de compétitivité dans le privé. Point inaudible par les temps qui courent surtout avec un si faible temps imparti à chaque candidat.
J’évacue immédiatement le cas du brave Jean Lassalle. Accent sympathique et possible atout terrien gâché, mais par moments avec magnificence, personne ne comprend son combat, ni les ressors ni la finalité. Asselineau et NDA prouvent que le marketing européen de MLP est factice. Les idées communistes ont la peau dure et que les réformes récentes (publication des noms des parrains) n’a rien changé à la donne. La réduction de la période d’égalité de temps de parole, elle, se traduit par un débat final qui sera probablement annulé. La démocratie est souillée par la surreprésentation des idées extrémistes qui, en plus, peuvent se plaindre d’une inégalité de traitement face aux idées des partis dits « raisonnables » co-responsables de la débâcle à tous niveaux que nous subissons. Mon ultime effroi est donc celui là : au fur et à mesure que les partis traditionnels, de plus en plus discrédités pour proposer des solutions aux maux qui rongent la France, au lieu d’agir et assumer le risque, préfèrent tendre le bâton pour se faire battre. Si on passe 2017, je serre les fesses pour 2022.
Au fait vous qui êtes un fan du carré de Nolan, Sciences Po en a fait un:
https://t.co/jlDZzLZqG8
Le débat est assez clair en fait, et il faut bien comprendre que Macron est absolument seul: si il passe le 2ème tour, la France quittera l’Europe à brève échéance, car Le Pen sera élue. En 2017.
La situation est maintenant explosive, et il n’y a plus que les sondeurs pour croire aux sondages…
J’ai incrusté l’image amusante. Je pensais le JDD plus neutre que ça mais c’est amusant et révélateur. Déjà ils ont réussi à placer Lassalle. Bravo à eux! Evidemment je les décalerais tous sur la gauche. Mais je suis d’accord que seuls deux se singularisent sur le côté libéral. Amusant aussi qu’ils parlent de « culturel » alors qu’il s’agit du clivage droite/gauche qui porte plus sur les questions sociétales en réalité. Nolan place ce clivage horizontalement pour placer le libéralisme en haut! 🙂 .
MLP conservatrice? Sur l’immigration oui, non sur le reste. Mais comme c’est le sujet tabou on peut placer NDA à côté, c’est effectivement un socialiste comme elle mais certainement plus de droite qu’elle et donc normalement un poil moins socialiste. Macron cache son progressisme sociétal par tactique, je le crois plus éloigné de Fillon clairement.
Si Macron est opposé à MLP il devrait gagner haut la main malgré une abstention forte car MLP est nulle et son positionnement décourage la droite fillonniste de voter pour elle dans une large part. Je reste persuadé que nous assisterons à une surprise au soir du premier tour, que le duel tant annoncé et tant redouté des médias pourrait avoir lieu : MLP vs Fillon. On en reparlera évidemment surtout si mon intuition me trahit. Si Macron élu les ennuis arriveront en 2022, je pense que c’est ce que vous vouliez dire.
j’abonde dans votre sens !
Non ce n’est pas ce que je veux dire…
Sans mobilisation ou si Hamon se trouve trop abandonné et on en prend le chemin, il reste possible que le second tour Le Pen Macron ait lieu. Dans ce cas, l’élection de Le Pen est possible. Macron est incroyablement détesté et la droite libérale votera Le Pen, j’en serai. Le tout sauf Macron jouera, c’est ma thèse.
Car il faut voir que la montée de Mélanchon joue le même rôle à gauche en 2017 qu’en 2012 : un repoussoir vers le raisonnable ou ce qui en tient lieu. La même figure de style se répète donc en un peu décalé. Comme en 2012, Mélanchon appellerait à voter Hollande (ici Macron) mais cette fois pour la bonne raison, c’est le plan.
Et bien cela se voit, et cette fois cela ne marchera pas. Le sentiment de dégout devrait prévaloir devant une pareille trahison. La gauche anti européenne et la droite libérale préfèreront le désordre. Et puis le risque est faible: il suffira de voter non au référendum sur l’Europe qu’elle organisera pour que Le Pen parte, elle l’a promis. Le changement c’est maintenant !
Ce que je veux dire, donc, est que le vote Macron des petits jeunes libéraux perdus et des mémés naïves est un vote d’aventure extraordinairement dangereux: le foutoir se déclenchera dés 2017 et non pas comme trop de gens le disent, dont vous, plus tard.
@François Mélenchon ne sert pas le vote utile cette fois ci : Une trop grande partie de la gauche trouve que Macron est une arnaque et qu’il est trop libéral.
Les français ne feront pas un saut dans l’inconnu contrairement à l’ordre qui leur donné.
Il faut maintenant s’activer et faire dégager Macron. Tout doit être fait pour cela, et en particulier convaincre les neuneux qu’au petit freluquet, les bourgeois vont préférer le désordre. Alliance avec le prolétariat pour dégager l’immonde à tout prix: voilà ce qui nous/vous attend. Le seul vote possible est Fillon si vous voulez la paix. On vous aura prévenu.
H16 a repéré une bonne vidéo d’un journaliste indépendant qui risque du coup de le rester longtemps… Pourvu qu’il ait raison, je partage assez le point de vue.
Excellent ! C’est en plus mon souhait le plus cher: le seul vrai combat oppose le gaulliste et le communiste. Merci !
Le vote utile c’est aussi à double tranchant, beaucoup de socialistes qui lâchent Hamon pour Macron surtout si Mélenchon monte. Donnée qui sera aussi connue des centristes qui votent Macron et se demanderont s’il est bien raisonnable de lâcher Fillon.
Je ne ferai aucun pronostique mais il est possible que les 2 qualifiés pour le second tour seront finalement assez au dessus du 3ème et du 4ème. Comme je le dit, on serre les fesses.