Jour J : les limites de la démocratie

Cette campagne aura été folle. Sans présager des résultats de ce soir (si à 20h on est capable d’affirmer qui sera au second tour) quelques remarques s’imposent. Il y a un an, dans l’émission de Nicolas Doze sur BFM Business, les invités se réjouissaient que pour la première fois dans une campagne présidentielle les questions économiques seraient prépondérantes. En 2012, plutôt que de parler du chômage et de la nécessaire réduction des déficits publiques le débat s’est arque-bouté sur le prix du permis de conduire et de la viande halal. Grâce aux primaires, on a parlé d’économie avant que les boules puantes ne soient balancées. Mais les candidats issus des primaires risquent de sauter dès le premier tour… Première limite à la démocratie, pourtant indispensable dans ces partis politiques sclérosés et si enclin au statu-quo.

Il y a un invariant dans l’histoire des hommes : une éternelle vanité à se croire plus malin que ces ancêtres. Au moment ou le niveau scolaire s’effondre et que de jeunes générations, si facilement diplômées, ignorent l’histoire avec allégresse et l’économie avec aplomb, il y a de quoi être inquiet. J’irais plus loin que la simple affirmation, qui pourtant devrait faire réfléchir, sur l’impossibilité d’éduquer de façon « neutre » à savoir que la plupart des enseignants penchent à gauche. Le secret historique le mieux gardé par aveuglement à gauche et à dessein fumeux à droite, c’est que le socialisme, la planification étatique de l’économie et les restrictions de la liberté individuelle se sont toujours soldés historiquement par la ruine, la dictature, souvent la guerre, une honte tenace dans tous les cas malheureusement minorée voire niée. Mélenchon siphonnant ce brave abruti parasitaire d’Hamon, en rejoignant le trio de tête dans les sondages, soudainement, des journalistes pas encore soumis aux thèses effrayantes du dictateur bolivarien à la française se sont réveillés. Le contre-pouvoir journalistique ne joue plus tant il apparaît évident que ceux-ci penchent à gauche, pire qu’ils trouvent encore de scandaleuses parades pour ne pas placer au même niveau de dangerosité la flottille de candidats marxistes avec l’affreuse Marine Le Pen qui n’effraie plus près d’un quart de l’électorat. Seconde limite à la démocratie. Il est urgent de couper les vivres à ce microcosme parisien qui en plus de se contenter de ne rien comprendre à la diversité de la France, l’insulte régulièrement et gratuitement.

Il y a 10 ans, en promettant le kärcher, Nicolas Sarkozy ramenait des abstentionnistes sur le droit chemin du vote. De discours non suivis d’effet à l’odieux prononcé à Grenoble, ville emblématique des collusions entre la gauche avec le pire, Sarkozy s’est rendu coupable d’une banalisation des idées extrêmes ce dont le social-démocrate Chirac s’était toujours interdit. Qui aurait pensé que seulement 10 ans après un jeune Rastignac sans parti, sans programme, ne s’étant jamais présenté à la moindre élection serait donné vainqueur dans les sondages? Autre tare de la démocratie, et surtout des partis en place : être un obstacle au renouvellement des tête et des idées. Selon toute vraisemblance, ni Benoît Hamon ni François Fillon ne seront au second tour. Il opposera la fille d’un dictateur en puissance – capable elle-même de l’évincer! – au protégé des médias, notamment ceux possédés par des capitalistes de connivence qui ont déjà pu apprécier ce court ministre et qui se disent que 5 ans de présidence serait une formidable opportunité. Churchill avait raison de dire de la démocratie qu’elle était le pire des système à l’exception de tous les autres. Depuis que les hommes sont sortis de leurs cavernes, ils n’ont pas cessé de se taper sur la tête mais c’est plus feutré désormais. La candidature de Macron respire à plein nez le capitalisme de connivence, nous sommes bien loin de cette société bloquée qu’il dénonce dans ses discours: il l’incarne comme personne tant il en a été jusqu’ici le principal vainqueur… Dans la dernière ligne droite, d’obscurs petits candidats sont venus troubler les débats et égrainés des idées toutes plus délirantes les unes que les autres. Voilà qui servait bien les intérêts du bel Emmanuel pour dissimuler la vacuité de son projet. Pas sûr que le triste rappel avec ce qu’il s’est passé sur les Champs Elysées jeudi dernier guide les français sur le chemin de la raison aujourd’hui. Entre le délire sécuritaire d’un état policier imaginé par Le Pen ou la complicité nunuche d’un vivrensemble, qui tue ouvertement depuis au moins Merah, où est passé la raison?

Justement, parlons de ce mot de « raison ». Fillon a basé ses arguments, toute se campagne et son programme, notamment économique, sur la raison au point qu’on lui a reproché de manquer d’empathie. Après 5 années de discours larmoyants, au pathos dégoulinant d’insincérité d’Hollande, ça nous aurait fait beaucoup de bien d’avoir un chef au sommet de l’état qui préside avec hauteur et avec un cap clair. Jouer sur le registre de l’émotion, ça fait possiblement gagner une élection, ça ne fait pour autant de grands présidents, Sarkozy et Hollande en savent quelque chose. Espérons que ce soir Fillon soit au second tour, sa personnalité un peu raide, froide correspond assez à ce que les français regrette de leurs derniers présidents qui ont laissé une trace dans l’histoire. Que dirons-nous des deux derniers sinon que souligner leur triste rôle dans la faillite à tous niveaux qui a commencé?

 

 

 

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A propos Duff

Ingénieur consterné par le monde dans lequel il vit...
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4 commentaires pour Jour J : les limites de la démocratie

  1. Cyril45 dit :

    Et maintenant, depuis 20 heures ce soir, le seul programme qui compte : Tous contre le Front National !
    J’ai pourtant espéré jusqu’au bout, tout comme vous, une qualification de François Fillon.
    Cordialement et bonne soirée quand même !

    • Duff dit :

      Enculés par 5 ans de socialisme les français ont fait le choix de la continuité.
      Quels billets vais-je publier désormais? Constater une nouvelle fois qu’une fois qu’on a mis la main dans l’engrenage socialiste on ne peut plus s’en défaire? c’est déjà ce que je dis… Ce soir on a assisté en direct à un suicide collectif.

  2. François Carmignola dit :

    La situation est d’autant plus grave que si vous regardez le carré de Nolan et comparez les résultats entre 2012 et 2017, vous réaliserez que:
    – le sociétal (Hollande/Macron+Mélanchon contre Sarkozy/Fillon + Le Pen) n’a pas bougé (50/50)
    – l’économique rejette le libéralisme de 10 points des deux cotés (Hollande vers Mélanchon et Sarkozy vers Le Pen/Aignan).

    Aini pour des raisons liées à la peur de l’Europe libérale et à un moralisme mal placé, sans avoir pu débattre des vrais problèmes (dette et chômage) l’électorat se jette dans les bras d’un européiste fanatique qui plus est vide de tout discours et certainement corrompu. Cette élection est un malentendu gravissime et ça va très mal se passer.

    • Duff dit :

      Les français ont choisi d’affronter une crise de régime avec un freluquet de 39 ans tenus par des intérêts financiers puissants. Je suis raisonnablement inquiet aussi.

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