Enfin, et cette fois-ci annoncée à l’heure, la composition de la nouvelle équipe gouvernementale est connue. En dehors du premier ministre Edouard Philippe, seuls deux élus LR intègrent cette équipe de 22 personnes respectant globalement les équilibres promis. Ils auront en charge toutes les équipes de Bercy, gros morceau donc et très casse-gueule (Le Maire était le seul prétendant à la présidence à vouloir baisser la CSG que Macron veut augmenter). Les ministres d’Etat, eux, semblent beaucoup plus proches du président Macron et des socialistes tandis que le Modem décrochent 3 maroquins, non des moindres. Rapide revue en détail et des conséquences possibles. Comme redouté, le renouveau, l’ouverture à la société civile, la parité sont de jolis vœux pieux qui se heurtent à l’exigence d’efficacité et de cohérence de l’action publique. Ce premier gouvernement n’échappe pas à la règle malgré le sans-faute d’Emmanuel Macron depuis son élection.
Gérard Collomb hérite de l’intérieur, poste si exposé actuellement. Avant même qu’Emmanuel Macron ne se lance dans l’aventure, tout en se tenant à l’écart des gouvernements pitoyables d’Hollande, Collomb soufflait déjà l’idée sur les plateaux TV que Macron était présidentiable. Réélu à Lyon qu’il gère d’une main de fer au grand dam des élus Modem cherchant une investiture dans le Rhône, on peut faire pire comme socialiste. Jean-Yves Le Drian et Sylvie Goulard étaient attendus mais chacun au poste de l’autre, le premier fut un des rares, si ce n’est le seul ministre compétent d’Hollande, apprécié et réélu en Bretagne sans s’allier ni aux verts ni aux communistes. La seconde, MODEM, ralliée de la première heure, partageant les convictions européennes du président et très compétente, étant probablement la seule candidate sérieuse pour Matignon. Là encore comme socialiste ou centriste, on fait bien pire, Goulard étant même globalement libérale. Richard Ferrand quant à lui, socialiste breton, modéré lui aussi, fait également partie avec Christophe Castaner voire le benjamin Mounir Mahjoubi, des élus ou gens engagés à gauche qui avaient rejoint Macron convaincus que le PS était mort du fait des synthèses impossibles entre les réformateurs sociaux-démocrates et l’aile marxisante. Mention spéciale au porte-parole Castaner : aux régionales en PACA, il s’est désisté pour faire élire Christian Estrosi et fut manifestement talentueux durant la campagne présidentielle. Encore quelqu’un issu de gauche avec lequel une droite réformatrice a plus envie de travailler que les vieux croûtons LR, en place depuis trop longtemps, qui défendent avec encore plus de talent que la plupart des socialistes, notre modèle social collectiviste agonisant. Les personnalités issues de la société civile ont une expérience managériale et/ou de conseil à haut niveau qui les rendent très intéressantes sur le papier. Inutile d’épiloguer.
Je vois deux ombres au tableau : Bayrou a poussé une soufflante pour plus d’investitures La République En Marche à des encartés MODEM pour qu’au final son ministère soit le plus important possible. Il hérite de la justice. On verra donc, mais vieille tactique politicienne pour servir des desseins personnels. L’autre ombre est la nomination du fantasque Nicolas Hulot capable de nous planter des éoliennes partout alors qu’elles coûtent très cher et ne produisent rien. Enfin, Bruno Le Maire était tenté de sauter dans le vide, il l’a fait mais il risque d’en payer le prix durement. Ce gouvernement me paraît plus centriste et équilibré qu’il n’y paraît mais va laisser des prises à LR d’une part et à l’UDI, dont personne n’a été débauché, pour donner l’envie aux français de ne pas donner à LREM trop de députés et certainement pas la majorité absolue. Je parie donc sur un remaniement en juin et une scission de LR/UDI seulement après le second tour des législatives. Premier (petit) échec du président Macron.
Merci de ce résumé. Hulot est difficile à cerner. Il semble manipulable. Il a été longtemps conseillé par Jancovici (franchement anti-éolien et pro nucléaire à cause de son analyse du réchauffement climatique) et a été manifestement capable d’écrire ceci (2005 – source incertaine): ————– « Au départ, l’énergie éolienne est une très bonne idée mais à l’arrivée, c’est une réalisation tragique. Si on nous disait au moins que cela permettrait de fermer des centrales. Mais ce n’est pas le cas. Cela peut dénaturer des paysages pour des résultats finalement incertains… En bref c’est simplement de l’habillage »
J’ignorais, j’ai pris l’exemple des éoliennes pour illustrer ce que l’écologie couplée à l’idéologie peut produire de plus absurde.