La déflagration qui a ébranlé toute les formations politiques, dites de gouvernement, le soir du premier tour de la présidentielle, continue de produire ses amusants petits effets. Tandis qu’aux européennes de 2014, les partis centristes et pro-européens de l’époque (UDI et Modem alliés pour la circonstance) n’avaient pas réuni plus de 10% des voix exprimées, nous voici aujourd’hui avec encore plus de partis centristes pro-européen… Après les deux partis historiques et LREM du président Macron, voici Agir le parti des constructifs. Pourquoi un nouveau parti différent de l’UDI? Bonne question mais qui en appelle une autre, puisque l’UDI affiche quelques velléités d’indépendance vis à vis des Républicains version Wauquiez, quelqu’un a-t-il compris le positionnement de l’UDI?
Invité sur Paris Première chez les deux Eric, Franck Riester tente péniblement de se justifier. A vrai dire, on n’y comprend pas grand chose. Naulleau se permet même de se foutre de lui en lui demandant quand aura-t-il la clarté d’un Thierry Solère, parti rejoindre son ancien chefaillon, Bruno Le Maire, chez LREM. Les valeurs de Riester, énumérées à plusieurs reprises dans le même ordre tel un élément de langage est plus éclairant. Je cite dans l’ordre – de mémoire – « libéral, social, européen, réformiste et humaniste « . Citer le libéralisme en tête de gondole, à la bonne heure, voilà qui est courageux. Mais nous sommes en France, le courage politique est tout relatif, il faut immédiatement affubler cette horrible école de pensée atroce et inhumaine de l’adjectif « social « . Faut pas déconner. François Fillon avait certainement été maladroit dans sa justification de toucher aux totems français que sont la protection sociale collectivisée et la pléthorique administration hors mission régalienne. On avait surtout bien relevé le malaise des élus LR pour défendre l’idée pourtant novatrice de s’attaquer à la racine du problème.

La France
Riester s’en prend à Wauquiez en lui reprochant une étrange droitisation, c’est vrai au fond, quel sacrilège ultime que d’oser tenir des propos de droite dans un parti de droite. Pire, depuis des lustres les cadres pensent et agissent (parfois) comme le centre mou et européiste, un social libéralisme qui s’appelle en fait social-démocrate partout ailleurs mais chez nous tout est décalé à gauche. Mais les électeurs, eux, sont bien restés à droite. Ce décalage a provoqué une scission, pas uniquement motivée par des querelles internes d’égos, car si les cadres ne décidaient pas à résoudre la question de la ligne plus longtemps, les électeurs auraient fini par foutre le camp, la nature ayant tant horreur du vide. A gauchiser son discours, Merkel a fait naître en Allemagne un parti à sa droite. Voilà plus de 15 ans que le FN s’invite au second tour de l’élection majeure et encore, sans l’indicible médiocrité de Marine Le Pen lui valant une curieuse défaite, LR aurait pu se faire étriller comme le PS aux législatives.
Confortée par la réélection de Mitterrand en 1988 avec Michel Rocard comme premier ministre d’une part et les événements de 1989 à 1991 (effondrement du communisme) la sociale-démocratie aurait du prendre le pas sur les marxistes du PS. Il n’en fut rien jusqu’à 2017, le PS est du coup en mort cérébrale pour le moment. La droite est elle challengée par une famille d’apprentis dictateurs dont la représentante actuelle a paradoxalement propulsé le mouvement très haut tout en démontrant sa nullité totale. Le système électoral qui a fait des libéraux cocus avec des conservateurs en carton-pâte d’abord et maintenant avec des sociaux-démocrates faussement réformistes vont-ils un jour se prendre en main ou enfin trouver leur point de chute? Avec Agir ou Wauquiez? Probablement pas. LREM, je parie que non. Mais nous progressons, avant les partis politiques français c’était 50 nuances de socialisme. Nous sommes dorénavant à 50 nuances de sociale-démocratie.