Le conservatisme selon Marion M. Le Pen : échec programmé

Invitée par les conservateurs du CPAC aux USA, la petite fille du fondateur du FN a eu le privilège de s’exprimer en anglais et de dévoiler sa vision politique de la France. Voilà moins d’un an que l’ancienne députée avait temporairement, mais surtout astucieusement, quitté la vie politique. Ce n’est visiblement pas l’heure du retour, il lui reste encore presque 4 ans pour peaufiner sa stratégie selon l’échelon qu’elle visera. Prononcer un discours à quelques minutes d’intervalle du vice-président US indique la couleur, ce sera la présidentielle de 2027 voire même avant. Et probablement pas sous l’étiquette FN qu’elle a tout intérêt à laisser mourir avec sa tante ou par les mémoires sulfureuses du patriarche. Ce dernier s’amuse encore, 60/70 ans après, à déculpabiliser Pétain au détriment du général De Gaulle tandis que cette histoire n’intéresse plus (hélas) les plus jeunes générations. Le succès en librairie confirme le potentiel de nuisance du grand-père qui aura le loisir, jusqu’à son dernier souffle, de balancer une ultime provocation dans des micros complaisamment ouverts. En tentant d’inscrire ses pas dans ceux de Trump, la Marion risque de déchanter et de doucher les espérances que certains à droite placent en elle.

 

Sa définition du conservatisme est proche de celle développée par Laurent Wauquiez dans l’Emission Politique, logique, puisqu’elle avait lancé une offre de service, une main tendue envers ce dernier. L’analyse des méfaits de la mondialisation qualifiée de « libérale » est similaire et justifie les mêmes vieilles recettes protectionnistes. Ahurissant de constater que toute opposition au président Macron, le croyant libéral, s’enferme joyeusement dans des postures étatistes, collectivistes voire anticapitalistes. La droite française en général semble aussi convaincue que l’islam n’est pas soluble dans les démocraties libérales d’occident sur les questions sociétales. Sans convaincre dans le fond des raisons qui l’amène à le prétendre, cette posture étant clairement plus assumée chez la Marion tandis qu’elle s’exprime au café du commerce chez les cadres conservateurs LR. Mon agacement est donc plus fondamental : ni elle ni Wauquiez ne sont capables de lister les valeurs avec lesquelles nous ne devrions pas transiger. Est-ce la liberté politique et son corollaire sur la liberté d’expression? La laïcité comme rempart aux exigences communautaristes sapant les libertés publiques? La liberté économique qui plaît à certains de nos voisins au point de ne pas voir dans le protectionnisme une solution crédible? A des degrés divers, les démocraties dites libérales se sont laissées corrompre par le socialisme et ses conséquences prévisibles : déresponsabilisation de l’individu, corporatisme, clientélisme, chômage, exclusion, dette etc. Voilà un terreau malheureusement très fertile aux pressions communautaristes, émanant d’une partie du monde musulman, éclaté et soumis à des rapports de force extérieurs. Les attentats islamistes apparaissent que comme la forme la plus violente et radicale de ce questionnement quotidien d’une partie de l’islam, bien consciente des faiblesses actuelles des démocraties occidentales, en proie à un incroyable doute existentiel seulement moins de 30 ans après l’effondrement du communisme.

L’élection de Trump fut très plaisante à regarder depuis la France non pour ces idées que la Marion tente de reprendre. Elle le fut parce qu’elle a infligé un camouflet extraordinaire à tous les médias véhiculant un terrorisme intellectuel qui avait achevé la liberté d’expression. En France, ce sont des lois qui criminalisent la pensée, l’ancien ministre Luc Ferry avait d’ailleurs averti il y a quelques mois que le poids du politiquement correct a atteint des niveaux paroxystiques aux USA puisque la liberté d’expression y est mieux constitutionnellement assurée. Le programme de Trump, hormis les réformes économiquement libérales volontairement passées sous silence par nos apprentis « Alt-Right » français, est globalement très médiocre voire nocif. L’élection de Trump et sa possible réélection doivent tout à la nullité totale des démocrates tant sur le plan intellectuel que moral, leurs magistères auto-proclamés.  Première erreur d’appréciation de la Marion. Seconde erreur, la liste des tares rappelées par l’eurodéputé britannique Daniel Hannan. Elle fera peut être mieux que sa tante mais avec des idées pareilles, celle qui se réclame inspirée des droites bonapartiste et légitimiste poussera assurément les orléanistes et les centristes à regarder ailleurs. Même un social-démocrate comme Emmanuel Macron (au hasard) fera l’affaire.

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A propos Duff

Ingénieur consterné par le monde dans lequel il vit...
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