La politique n’est qu’un ridicule théâtre d’ombres (SNCF mon amour)

Tony Blair avait une formule astucieuse pour justifier la politique économique des travaillistes une fois revenus au pouvoir après une très longue parenthèse conservatrice. Il n’y a pas une politique économique de gauche ou de droite, il n’y a que ce qui marche et ce qui ne marche pas. Les brillants intellectuels français, phares de l’université française, rayonnants leur collectivisme maladif sur le globe (mais en vérité fort peu au delà des frontières hexagonales) n’ont jamais compris la leçon fondamentale donnée par les britanniques. Comment se fait-il que, bien que manifestement martyrisés par Miss Thatcher, ils aient pu lui faire remporter 3 fois consécutivement les élections?. On ne s’étonnera pas qu’au même moment, ces sommités de la pensée occidentale fermaient les yeux sur la nullité affligeante de la gauche française aux affaires. Le verdict des urnes était pourtant limpide. Le socialisme a fait connaître à la gauche des déroutes électorales inouïes après 5 ans d’exercice du pouvoir provoquant même la disparition durable (enfin!) du PS en 2017. Les gouvernements ayant entrepris des réformes libérales ont toujours été reconduits sur la même période, je ne vois que 2 exemples récents et contraires, de courtes défaites intervenues avant une amélioration spectaculaire de l’économie opérée en Grèce et au Portugal. En Espagne, le coup n’est pas passé loin pour Rajoy qui a finalement été reconduit après quelques mois et des élections anticipées pour lever le blocage, comme si, la raison avait finalement prévalue chez les électeurs espagnols.

La réforme de la SNCF que prépare le gouvernement n’est pas une révolution copernicienne mais on comprend parfaitement que les cheminots n’aient aucunement envie de céder leurs avantages ni de se voir accablés de la responsabilité de la dette abyssale de l’entreprise. Le tout TGV était bel et bien le fruit des caprices politiciens tandis que ceux-ci se justifiaient sur le rôle stratégique de la SNCF en matière d’aménagement du territoire allant sous-investir par compensation sur les lignes existantes et en mauvais état provoquant accidents, retards, qualité de service de plus en plus ridicule. Ce qui se prépare est un rafistolage de plus sans que les racines du mal ne soient traitées, elles ne risquent pas de l’être, le mal profond n’ayant jamais été explicité. Le gouvernement commence à reculer sur un texte, pourtant léger au départ, et se borne à prétendre que, non, le passage d’une compagnie nationale au statut d’entreprise anonyme à capitaux détenus à 100% par l’état n’est pas une étape préalable à une privatisation. Cette communication maladroite, ouvertement mensongère pour éviter de parler des choses qui fâchent à savoir que les transports en communs n’ont rien à foutre dans les missions de l’état, c’est de l’ancien monde n’en déplaise à M. Macron. Jupiter veut éteindre le statut de cheminot, fort bien, mais s’il veut gagner l’adhésion d’une large majorité de français pour éteindre tous les status et régimes spéciaux, il ferait mieux de balayer devant sa porte et commencer le ménage dans la haute fonction publique. Ce n’est pas verser dans le populisme et la démagogie que de penser que l’exemple doit être pris d’abord dans les sphères les plus protégées et grassement rétribuées. Tout comme le verdict des urnes, notons que dans un pays qui aime l’automobile et où les autoroutes sont gratuites, le fait que les compagnies ferroviaires britanniques transportent deux fois plus de passager depuis la privatisation annihile tout débat spécieux de comparaisons internationales. Idem avec les allemands qui continuent de voter Merkel alors que l’offre politique pour réformer les loi Hartz de son prédécesseur social-démocrate ne manquent pas et ceci, malgré sa nullité visible sur les autres sujets brûlants du moment. Autre exemple, la réforme des institutions qui prévoit une réduction des parlementaires et une dose de proportionnelle. Outre le fait qu’il se prépare une aggravation de la mise sous tutelle du pouvoir législatif par le pouvoir exécutif et du rôle ridiculement monarchique du président de la République, on regrette encore une demie-mesure. La proportionnelle, c’est intégrale ou rien du tout. Le fait que l’élection d’Emmanuel Macron a été rendue possible par la fragmentation de l’opinion du fait que les deux élections majeures en France reposent sur des scrutins à deux tour.

Pour le moment la recomposition politique nécessaire après les présidentielle n’a pas eu lieu. Le centre et une partie du centre-droit soutient pour le moment un pouvoir social-démocrate qui avec plus d’habileté que François Hollande ménage réformes vaguement libérales et constructivisme sociétal, typiquement progressiste. Wauquiez durcit le ton à droite mais ne convainc pas, ne séduit pas et il est permis de penser qu’il ne sera pas le leader charismatique qui permet à la droite bonapartiste de conquérir le pouvoir. Il refuse de trancher, comme Marine Le Pen qui n’est aucunement crédible sur un repositionnement du FN (ou RN) sur un crédo libéral/conservateur depuis l’éviction de son énarque socialiste favori. La formule de Blair exprimait intelligemment ce qu’une personnalité assez fine fait naturellement lorsqu’elle souhaite conserver la face bien qu’ayant été défaite en débat : admettre le point de vue de l’adversaire en le reformulant dans un vocable acceptable à ses troupes. La vérité, désormais chiffrée avec des statistiques probantes, c’est qu’au moins depuis la première révolution industrielle, le socialisme n’a jamais atteint ses buts affichés pour la condition des plus modestes, qu’il a toujours échoué, et, lorsque le pouvoir tombait dans les mains de socialistes non-démocrates, les régimes se sont toujours vautrés dans la dictature plus ou moins sordide, plus ou moins meurtrière. Nos hommes politiques feignent de l’ignorer, ne leur demandez pas pourquoi et surtout n’attendez pas d’eux de réformer leurs relais puissants qui leur permettent de dissimuler cette vérité pourtant criante aux seuls qui se donnent la peine d’y réfléchir. La politique est un triste théâtre d’ombres et les démocraties dites pourtant libérales en occident régressent actuellement, la conquête du pouvoir étant plus déterminante à ces gens que son exercice dans la recherche de la satisfaction du plus grand nombre. Espérons que le fait que cela se voit comme jamais trouve une issue positive.

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A propos Duff

Ingénieur consterné par le monde dans lequel il vit...
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3 commentaires pour La politique n’est qu’un ridicule théâtre d’ombres (SNCF mon amour)

  1. zelectron dit :

    Ça fait longtemps que les trains devraient intégralement automatisés . . .
    ou pourquoi économiser les salaires des cheminots alors qu’ils sont inutiles !
    on pourrait se demander pourquoi les ingénieurs d’Alstom n’ont pas installé ces processeurs activables/désactivables dans les locos depuis belle lurette, au nez et à la barbe des cheminots avec surveillance audio-vidéo à distance et report d’infos techniques à la clé. Je vois la tête des cheminots voyant qu’ils ont été bernés/supplantés

    • Duff dit :

      On a vu avec la ligne 14 qu’on pouvait se passer de personnel qui conduisait les train. Si la décision de moderniser certaines lignes comme la 2 ou la 5 en conservant des opérateurs ne peut qu’être politique. J’en conclus donc que l’interventionnisme politique en matière de transport est ouvertement hostile au progrès et une forme de soumission aux syndicats rétrogrades. Bien dans la ligne de la politique « théâtre d’ombres ».

  2. zelectron dit :

    on est parfaitement d’accord, veules, lâches, timorés et j’en oublie …

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