On se fait vieux quand on digère la défaite de l’équipe de France de football en finale du championnat d’Europe organisé à la maison en seulement 2 minutes. Vieux ou lucide. Ou tout simplement parce que c’est la coupe du monde le trophée le plus prestigieux. Mais vieux et lucide parce qu’on en a vu d’autres, entendu d’autres. C’est la folie du football d’ailleurs, mélange obscur, et même très ambigu entre talent individuel et discipline collective, sport qui ne peut que réussir aux français quoiqu’on dise (à tort), que les français ne sont pas des mordus comme d’autres le sont, nous sommes en même temps vieux, lucides et insouciants comme les jeunes à la fois…
Dimanche soir, c’était un joyeux bordel. Tant pis pour les pisse-froids professionnels, il n’y a que le foot qui provoque de pareils moments. Dans un pays où sortir un drapeau national vous vaut une suspicion d’adhésion à un parti politique surfant sur la misère sociale, le racisme et une maladive nostalgie d’un pays fantasmé, interdit de changer (en bien ou en mal) dans lequel on avait déjà passé sous silence les événements les plus regrettables de la célébration du premier titre en 1998, ce joyeux bordel m’a fait beaucoup de bien. Il y aurait tant à dire mais laissons aux anglais et aux belges, mauvais perdants, leur promptitude à nous reprocher notre chauvinisme en face de leur incapacité de s’apercevoir de l’extrême mauvaise foi de leurs critiques envers nous, du jeu des bleus, de leurs couvertures sur les incidents aussi lamentables que tristement inévitables. Ce joyeux bordel était si beau et si jouissif après la triste soirée de défaite de 2006 et le scénario fou. La penenka de Zidane, l’arrêt de Buffon qui a empêché Zidane d’accéder à un statut divin et le carton rouge qui l’a fait redescendre (heureusement au fond) à l’humble niveau des autres humains. Des gens errant dans le métro, rasant les murs et regardant leurs pieds et moi mal comme possible, à la limite des pleurs encore le lendemain.
Un détail est passé inaperçu : Jean-Michel Larqué prenait sa retraite après cette coupe du monde. Une énième page de ma jeunesse se tourne. J’ai du coup été frappé par l’incapacité du duo de commentateurs Grégoire Margotton et Bixente Lizarazu de trouver les mots dimanche soir. On vivait un moment exceptionnel mais les mots justes et simples n’arrivaient pas à venir. J’ai immédiatement pensé à Thierry Roland. A côté de la palette, des artifices techniques de Canal+, Roland était simple, « beauf » comme on se plaisait à le critiquer mais avec Jean-Michel le duo avait eu tout bon. Cette jeune équipe hyper talentueuse et à la fois brouillonne par moment est tellement française… C’est ça qu’il faut dire aux jeunes. C’est juste ça qu’il fallait dire à la télé, avec simplicité. L’identité française, finalement, c’est ça. Être capable du meilleur comme du pire, imprévisible, mais savourer le meilleur, l’exalter, et le reconnaître pour commencer. Pas une promesse politicienne ou la récupération agaçante, la promesse comme espoir.
Merci les bleus, j’ai vibré, elle était magnifique cette coupe du monde, merci.
Vibrer pour une équipe d’epicier Non merci.les croates ont fait le spectacle,les français rien sinon une ligue maginot ,triste .
J’éprouve plus de plaisir à savourer la victoire que les places d’honneur sur le podium d’un Poulidor par exemple.
Je n’aime pas le foutchebol,, nan ! (comme près de 30 à 40 millions de français qui, eux, n’étaient pas agglutinés devant leur « télé »)