Gilets jaunes et fractures françaises s’aggravant

Le traitement médiatique du mouvements des gilets jaunes révèle comme prévu les fractures observées dans bon nombre de pays occidentaux où notamment on se lamente de la montée du populisme. Le mouvement est dénigré avec condescendance mais les chaînes d’information en continu n’ont pas d’autre choix que de couvrir abondement le phénomène. On assiste à un étonnant mélange de fascination envers cette nouvelle jacquerie fiscale qui pourrait bien laisser des traces indélébiles et de rejet presque de classe. Le risque est évidemment de paralyser l’action de l’exécutif et de radicaliser la France d’en bas, mécontente de la réponse et de son traitement irrespectueux depuis l’élection du président Macron. L’attention se porte sur l’attitude du président, manifestement incapable de trouver la bonne posture. C’est une erreur me semble-t-il, il ne fait qu’hériter d’une situation qui a pourri depuis trop longtemps et qui s’inscrit sans doute dans un mouvement irréversible.

 

Il est évident que ce mouvement des gilets jaunes, né hors de tout ce que l’appareil d’état peut contrôler avec son saupoudrage de pognon, de subventions, de carottes clientélistes, c’est la France très diverse qui n’a pas voté Macron ou sans y croire. Il ne serait pas étonnant d’apprendre aussi qu’une partie non négligeable se sente flouée par ce jeune et vigoureux président qui était bien parti mais qui s’est presque immédiatement emmuré dans une communication de plus en plus grotesque. La gronde en France ne date pas d’hier ni des bonnets rouges sous le minable Hollande. Je maintiens que la première manifestation spectaculaire fut déjà dans les urnes lors du 21 avril 2002 et que ce qui ne fut qu’un avertissement sans frais alors : Chirac fut finalement réélu et on vit le retour du PS aux affaires 10 ans plus tard tandis que ce parti n’avait rien retenu et donc rien n’a proposer pour répondre aux crises que traversait la France. Acter une hausse des carburants pour un motif bidon, la très dispensable transition écologique, après les 80 km/h, l’installation de migrants hors des grandes villes à grands frais, des gendarmes consommés à flasher sur les routes et non à élucider les cambriolages etc. Trop c’était trop.

La très catholique Irlande avait validé par référendum le mariage unisexe, la France en aurait peut être fait de même mais Hollande avait voulu tenir tête à la France qui n’avait pas voté pour lui. A la différence des irlandais revenus rapidement à la prospérité après la crise de 2008, le moindre prétexte attise la colère des français face à cette incapacité des politiques à sérier les problèmes. Une France plus prospère se poserait probablement moins de questions existentielles sur l’immigration, sur le mariage et la faveur accordée à seulement quelques milliers de couples non hétéros d’accueillir un enfant. Déjà à cette époque j’avais remarqué que les français de confession musulmane, pourtant très conservateurs sur les mœurs ne s’étaient pas mobilisés. Pas plus en Bretagne avec les bonnets rouges ce qui pouvait se comprendre du fait de raisons démographiques et du particularisme régional de cette jacquerie. Hormis quelques imams, toujours les mêmes, bien peu furent charlie. Bien peu ont enfilé un gilet jaune aussi. Qu’on n’aille pas m’expliquer que cette colère de péri-urbains et de campagnards drainent trop de gens xénophobes, suspectés d’entretenir des sympathies avec l’extrême droite, cela me paraît une nouvelle fois une excuse bidon.

 

Le premier tour de l’élection présidentielle de 2017 avait révélé une France coupée en 4 avec des quarts à la fois équivalents et de plus en plus antagonistes. La seule addition possible pour gouverner a enfanté d’un centre mou et trop hétéroclite pour mener une politique libérale afin de soulager du poids écrasant de l’état ceux qui soufrent du racket fiscal. En menant une politique d’immobilisme, il perd au final tout le monde. Et pendant ce temps, des français ne manifestent jamais comme s’ils se moquaient totalement des turpitudes d’une majorité de la population, comme si cet immobilisme, à terme fatal, leur convenait. Vers quoi allons-nous alors? Une crise économique majeure avec un défaut sur notre dette? Une crise sociale telle une guerre civile? Une crise de régime avec un effondrement des institutions actuelles paraît inévitable car elle serait automatiquement provoquée par une des deux graves crises mentionnées avant. La Vème république est d’ailleurs née en 1958 de la combinaison des deux… Je redoute qu’elle ne s’écroule à son tour, comme la précédente.

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A propos Duff

Ingénieur consterné par le monde dans lequel il vit...
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2 commentaires pour Gilets jaunes et fractures françaises s’aggravant

  1. Didier Bous dit :

    Première ligne du second paragraphe, « or ».

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