Le président Macron a donc fait amende honorable et annoncé moult mesurettes qui cette fois, plus personne n’a le droit encore d’en douter, vont marcher. Les médias sont soulagés car il semble qu’une partie significative des français ont été réceptifs à notre bon président. Bien peu d’éditorialistes se sont en fait inquiétés du fait que pour répondre à un excès de redistribution, aussi injuste qu’économiquement étouffante, le prestidigitateur président a tout bonnement proposé d’en remettre une couche de plus. La fuite en avant, la cavalerie, encore et toujours donc.
Macron ne s’apprête pas uniquement à s’asseoir sur ses beaux principes des 3% de PIB de déficit au risque de déclencher un puissant éclat de rire de la part de ses têtes de turc habituelles, Trump et Salvini en tête. Il a pris aussi le risque d’introduire la question de la rigueur budgétaire et des conditions de survie de pays comme la France et de l’Italie au sein de la zone €. Tant que le débat était accaparé par cette nullité de Marine Le Pen, incapable de faire prendre le moindre % d’intention de vote à son parti tandis que le parti majoritaire se démène pour se torpiller tout seul, la question de l’€ restait secondaire, une affaire de gens compétents… Or l’€ est le catalyseur de la dégringolade économique et notamment industrielle de la France. Le déclassement des gilets jaunes, la mauvaise santé économique des PME/TPE a été accélérée par cette monnaie qui autorise à des pays socialistes de faire jouer encore l’orchestre alors qu’un grand coup de barre* était devenu socialement urgent.
Invité par l’ALEPS, Markus Kerber se lance dans une comparaison audacieuse dans la séance de questions. Il fait remarquer que tous les dirigeants socialistes et/ou autoritaires sont prisonniers de leurs programmes, de leurs promesses et qu’ils sont toujours prêt à assumer (trop longtemps) le déni de réalité au risque que le coût en devienne faramineux.
A chaque fois que Kerber passe le matin chez Doze sur BFM Business, les patrons face à lui louent les réformes allemandes et plaident pour la poursuite de l’intégration européenne. Et quand Kerber fait remarquer que cela ne signifie pas la même chose de chaque côté du Rhin et que les allemands n’ont pas à s’excuser de leur santé économique ni du mercantilisme apparent (conséquence directe des défauts inhérents à l’€) et encore moins à payer pour les pays socialistes, il est systématiquement traité de fou, de facho ordolibéral psychorigide etc. Puisque le débat est interdit – je ne fais nullement confiance à Macron pour tenir des débats sur les quelques sujets clés comme il l’a promis lundi dernier – le manque de compétitivité de notre économie à cause de son modèle social dans l’€ sera gentillement esquivé. Celui promis sur l’immigration a immédiatement été jeté aux oubliettes par exemple.
La polémique du jour porte sur les référendums d’initiative citoyenne. Promis par Sarkozy mais verrouillé soigneusement par le parlement, le besoin référendum souligne trop que la construction européenne technocratique avance par un déni démocratique depuis 2005 et que depuis le faux référendum de Papandreou en Grèce, le sujet de l’€ est interdit. Les populistes italiens reculent progressivement sur leur budget sentant bien que sur ce sujet repose la clé de voûte de ce système pourri. Ce besoin de démocratie directe souligne aussi, mais c’est une autre histoire, que la représentation au parlement est une farce… Jamais ces gens ne seront capables de mettre les français devant leurs contradictions et la première d’entre elles : notre modèle social étatiste et anticapitaliste est incompatible avec le maintien à long terme de la France dans la zone €. La fuite en avant de nos dirigeants ou de celui de la BCE ne pourra pas être éternel. Combien faudra-t-il de gilets jaunes pour enfin le comprendre?
*Un grand coup de balai sur les dépenses publiques nuisibles surtout.