Je ne partage pas toutes les analyses du bonapartiste et donc étatiste et dirigiste Eric Zemmour. Il y a un point que je lui accorde volontiers : l’importance de la démographie. Dans un pays vieillissant et angoissé comme la France, où le politiquement correct a conduit la classe politique dans l’abyme et le pays avec, l’arrivée au pouvoir d’une droite « dure » est inévitable, la parenthèse décalée du macronisme lui prépare le terrain même. Décalée parce qu’elle s’appuie sur des principes qui deviennent minoritaires, sociale-démocratie, progressisme social, européisme etc.
A un collègue de gauche se félicitant de l’élection d’Hollande en 2012, j’avais confessé que celui qui avait gagné contre le candidat sans visage, celui de la finance (et non incarné par Nicolas Sarkozy, à juste titre) n’avait que très peu de chance d’être réélu. Voire de finir son mandat, la BCE l’a sauvé, rappelons que plus de la moitié de la baisse du déficit budgétaire est à mettre au crédit de la baisse des taux d’intérêts… Hollande ne s’est même pas représenté. Il finira au mieux comme Chirac, un brave type, sympa mais incapable à ce niveau. J’avais aussi dit que je ne voyais pas le FN de Marine Le Pen l’emporter dès 2017, trop tôt, pas le bon positionnement idéologique et sociologique. Et ce fut Macron qui matérialisa l’UMPS, une alliance contre-nature entre courants de pensée qualifiés trop vite de « modérés » qui ne se sont agrégés que par refus, un refus évidemment moindre qu’en 2002. Cette alliance de technocrates, sociaux-démocrates, était dictée parce qu’il fallait trouver le vainqueur de Condorcet face à la lèpre lepéniste. Macron finira comme Giscard. Trahi par sa droite d’autant plus pour les raisons démographiques que j’ai immédiatement mis en avant. Reste à savoir deux choses pour le moment inconnues. Quelle est la force exacte et la volatilité de l’électorat de centre-droit plutôt libéral qui soutien Macron face à un FN qui avec sa représentante actuelle de la famille Le Pen s’enferme dans un soutien cohérent mais maléfique du socialisme français?
Tout le monde politico-médiatique regarde la dernière version de l’entreprise Le Pen, le FN 3.0 que pourrait incarner Marion Maréchal Le Pen, moi le premier tant j’ai perdu confiance dans ce que le parti de centre-droit pouvait produire. Ses tares sont connues et abondamment discutées. Elle a pour elle le nom sulfureux qui peut entraîner autour d’elle les déçus de Chirac et plus récemment de Sarkozy. Sur un positionnement plus raisonnable face au socialisme qui ruine – dans tous les sens du terme – le pays elle peut capitaliser des soutiens. Et si l’immigration, normalement pas un problème reflétant l’attractivité du pays au fond, posait un enjeu civilisationnel? La réponse libérale dans un pays qui dilapide avec allégresse plus de la moitié de la richesse produite en transferts sociaux communistes en plus des nécessaires dépenses régaliennes n’a pas grand sens. Même revenir au niveau de la Suisse, le niveau de la France de De Gaulle et Pompidou quand les deux pays avaient le même niveau de richesse est strictement impossible en un mandat, voire même en deux (baisser les dépenses publiques de 57% du PIB à moins de 40%).
Le plus important à celui qui veut « sérier les problèmes » c’est de bien voir que la démocratie, la liberté politique donc, est gravement mise en péril par des gens qu’on qualifie imprudemment de « libéraux » comme Macron. Fait rare et nouveau, cette soumission au politiquement correct, à l’extrémisme qui combat le libéralisme est opéré par des gens soit-disant centristes. Pour le comprendre il ne faut voir que le niveau de désinformation général qui explique que des opinions au centre du jeu puisse dériver à ce point vers l’arbitraire, la magie (l’obscurantisme vert traité avec une mansuétude ahurissante), si loin de ce que le bon sens commanderait naturellement. La Marion 3.0 est une proie facile tant la défaite de la tante était grossière, prévisible. C’est si facile d’opposer au pur produit de la connivence entre les élites administratives et les grandes firmes corruptrices, qui cherchent à effacer les vertus de la concurrence, une figure de proue repoussante. Marine Le Pen été un formidable, miraculeux repoussoir. Je pose juste une question terrible: Et Si la Marion 3.0 démontre son réel talent, ses intuitions et sa capacité à déjouer l’instrumentalisation machiavélique du système pour qu’elle soit battue face à un technocrate socialisant, ne serait-ce pas une preuve de sa capacité à gouverner « convenablement » ?
des gens qu’on qualifie imp(r)udemment de « libéraux » comme Macron
Quant à la démocratie, sans contrôle c’est un leurre !