Gros temps en perspectives sur l’Europe. La rentrée promet d’être sportive tant l’été, période ordinairement calme et sujette à de la politique politicienne sans intérêt, des sujets sociétaux alternés avec l’angoisse du réchauffement climatique à exacerber, fut plus riche que d’ordinaire. Les récents événements laissent songeur, négociations clownesques du Brexit, instabilités gouvernementales en Italie, simulacres de débats et de réformes en France, BCE pilotant des taux négatifs.. Les institutions européennes semblent avoir enclenché le mode survie « whatever it takes ».
Les institutions humaines sont souvent des colosses aux pieds d’argile. Tandis que le visionnaire génial Emmanuel Todd prédisait l’écroulement prochain de l’URSS en 1976, dès 1920 Ludwig Von Mises avait expliqué pourquoi, quelques mois seulement après la mise en place de l’idéologie marxiste avec le peu qu’on en savait rétrospectivement. Jamais la mise en place d’une zone de libre échange puis progressivement d’un pouvoir, aux compétences encore étroites, contrôlé par un parlement fruit d’élections libres, ne pouvaient faire penser que l’objet de cette construction pourrait ressembler à l’horreur soviétique. Le noble projet a divergé en projet politique et a (accidentellement?) ravivé des ambitions impériales d’état continent, créant une monnaie contre nature, une bureaucratie violant la subsidiarité et la séparation des pouvoir. En ne lâchant rien à de pauvres anglais divisés à l’intérieur du Royaume et au sein de leurs partis politiques, l’UE démontre sa crainte des velléités séparatistes. Mon intuition se renforce en conviction : le Brexit est impossible dans la configuration actuelle, c’est une lute à mort. De la même manière, la BCE devait être une institution indépendante du pouvoir politique. Elle aussi se lance dans l’arène politique pour sauvegarder son intégrité en essayant d’acheter du temps pour des pays insolvables (Italie en tête). Qui peut croire qu’à moyen/long terme des taux très bas ne tuerait pas la nécessaire destruction/créatrice, l’épargne et son allocation rationnelle?
En plus de cette fuite en avant périlleuse, les dirigeants pro-européens dénigrent aux populations le pourtant nécessaire retour aux urnes pour légitimer l’action politique. Boris Johnson le sait et affronte les communes pour convaincre les britanniques de lui confier totalement les clés du camion. Qui peut croire que l’alliance entre le M5S et le PD en Italie, encore plus bancale que l’alliance entre le M5S et Salvini à l’issue des dernières élections générales en Italie, pourrait miraculeusement lancer des réformes et sortir le pays du mauvais pas tant redouté? Aucun de ces deux partis n’ont les idées et même au fond la légitimité pour agir avec l’ampleur nécessaire. Écarter Salvini fut un succès temporaire. Une probable façon de lui servir le pouvoir sur un plateau plus tard. Quant à Macron? Il fait du Macron, il subjugue les médias mais moins les français. Son sort se joue dans la capacité des premiers à fabriquer une opposition factice, qu’on peut facilement discréditer, à inquiéter les braves gens à tout prix.
Nul ne sait comment et quand va se dénouer cette tragédie. Son origine est claire: les élites gouvernantes qui sont prêtes à tout pour conserver le pouvoir ont abandonné l’idée que la démocratie et le droit ont besoin de frontières pour définir ce qu’était un citoyen, une décision de justice implacable, un contrôle par les représentants du peuple, une démocratie libérale. Après avoir fait barrage aux volontés populaires exprimées par référendum, ils lui dénient le droit de s’exprimer tandis que le besoin d’un retour aux urnes devient patent. L’issue se rapproche inexorablement.
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