2017: France anno zero

Comme je le pressentais dans mon dernier billet, François Fillon s’est bien qualifié pour le second tour de la primaire. Fait marquant, il n’est pas arrivé second devant Alain Juppé car sauvé par des voix centristes ne votant à droite qu’au second tour et même des voix de gauche, mais devant tout le monde et surtout un Nicolas Sarkozy désavoué comme jamais. Avec plus de 44% des voix, le voilà propulsé de manière inespérée dans la dernière ligne droite.

Avec seulement 13% dans mon bureau de vote à Suresnes, troisième à Neuilly sur Seine, Nicolas Sarkozy a livré la bataille de trop. Son populisme factice, ses casseroles judiciaires, son programme trop prudent l’ont cette fois définitivement assassiné. Il pourra se consoler avec Carla en reprenant des frites… Quant à Alain Juppé, il n’a pas compris qu’en 2016 recevoir le soutien des médias équivalait à un baiser de Judas. Pour le Judas de la droite RPR qui depuis le référendum de Maastricht de 1992 n’a cessé avec son mentor Chirac de faire de la droite un parti social-démocrate, la claque qu’il risque de prendre demain par un séguainiste qui avait voté « non » va, j’espère, enfin tourner une page historique.

Avec Fillon, la droite française revient dans son lit naturel tel un cours d’eau qu’on avait détourné à des fins malfaisantes. Chirac (comme Hollande du reste) ont mis en avant leur enracinement provincial alors que ce n’étaient que des parisiens énarques incapables de sortir de leurs schémas technocratiques. Sarkozy et son affairisme assumait un capitalisme de connivence (le yacht de Bolloré) et avait lui aussi travesti leurs valeurs de la droite dans des postures dans lesquelles elle ne se reconnaissait pas. Fillon, désormais député de Paris notamment de l’arrondissement assimilé aux penseurs de mai 68 (à tort tant il est bourgeois et à droite cet arrondissement) qu’il dénonce allègrement a réalisé ses meilleurs résultats dans l’ouest catholique mais mesuré comme en pays de Loire ou la Bretagne. Fillon réconcilie la droite avec ce qu’elle n’aurait jamais du cessé d’être comme dans tous les pays occidentaux: libérale sur le plan économique et conservatrice sur le plan sociétal. Tout ce que vomissent les nantis héritiers, rentiers, de mai 68. Ils ne l’ont pas vu venir, ils ne sauront probablement pas le contrer n’ayant rien compris avec l’élection de Donald Trump conchié par les médias. Plus il montait dans les sondages, plus les derniers gardiens du temple de la pensée autorisée lui tapaient dessus avec des arguments sans prise sur son électorat. François Fillon a dans chaque débat conspué les journalistes de manière feutrée (à la française au fond) c’était propre, ironique et dépourvu d’agressivité comme chez Sarkozy. On garde le sourire mais le message est passé d’autant que les électeurs de cette primaires sont plutôt des retraités ou des CSP+ comme moi.

D’autres surprises désagréables pour nos sondeurs et le microcosme parisien sont à venir: défaite de Renzi à son référendum, élection du très, très méchant FPÖ en Autriche, désunion manifeste à gauche et un président social-démocrate désavoué par une partie de son camp pour ne pas être assez communiste. Dans ce contexte, malgré un manque de charisme, un programme de purge aussi peu vendeur qu’indispensable, François Fillon devrait franchir la ligne d’arrivée en tête de la course sauf tête à queue improbable. Il va hériter d’une France où tout va être à faire, ça tombe bien c’est le titre de son bouquin.

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A propos Duff

Ingénieur consterné par le monde dans lequel il vit...
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