Comme c’est étonnant, alors même que le nouveau gouvernement de Gabriel Attal s’installe à peine, un nouveau mouvement de contestation émerge en France. Et personne de s’interroger sur cette étrange simultanéité. Certes la colère agricole montait partout en Europe et voir des tracteurs néerlandais puis allemands sonner la révolte sans les français semblait étrange. Mais à quelques semaines d’élections européennes, le sens du timing ne peut pas laisser de place au moindre doute.
Si on regarde le sens des nominations de Macron au poste de premier ministre, on note immédiatement que le but est toujours plus étroit et au fond minable. Diviser la droite d’abord puis sans une personnalité qui pourrait s’émanciper (un peu) puis racler à gauche puis… Puis on nous refait le coup de la jeunesse pour donner un « nouvel élan« . En réalité plus personne de sérieux ne veut encore monter dans ce Titanic à la dérive. Que des seconds couteaux, des corruptibles, ou des tocards incroyables comme la nouvelle ministre de l’éducation qui ne tient encore à peine nommée parce que les tracteurs et le purin, ce n’est clairement pas son truc bien que ça la sauve (temporairement).
Le soir du second tour des législatives, à la vue des résultats, le parti arrivé en tête aurait dû entamer des négociations en vue de former une coalition à l’assemblée. Du moins, c’est ce qu’il se serait produit dans n’importe quelle démocratie encore fonctionnelle en Europe, et il en reste. Avec la censure du conseil constitutionnel de quelques articles – pas très méchants – concédés à la « droite » LR, et l’emploi de l’article 49.3 on comprend mieux pourquoi et comment Macron a naturellement pensé qu’il pouvait gouverner 5 ans de plus sans se soucier du peuple et en piétinant des principes démocratiques auxquels nos voisins semblent plus attachés. Inutile de faire de concessions, on demande le soutien des LR et quand on doit lâcher du leste, tonton Fabius et papy Juppé veillent au grain.
Il n’y a donc plus rien qui peut s’opposer au président : ni opposition démocratique ni même les institutions qui ont atteint un niveau de corruption et de dénigrement ahurissant. Pour compléter le tableau, on peut aussi citer Moscovici qui rend ses rapports quand bon lui chante, mais au fond, qui peut raisonnablement croire que ce brave monsieur qui a fait sa carrière sur des mensonges et tous les foutages de gueule politiciens se mettrait au service des citoyens au crépuscule de sa carrière de politocard?
La révolte paysanne sera peut être plus croustillante que celles des bonnets rouges ou des gilets jaunes. Nous vivons dans un pays façonnés par ses territoires où presque tout le monde a au moins un grand-père ou un arrière grand-père ouvrier agricole et sommes attachés à notre patrimoine et notre excellence en la matière. D’un côté des entrepreneurs pauvres de droite modérée versus les folies écologistes post-modernes, fascisants. Sur le papier le combat paraît inégal. Plié d’avance même.
Et pourtant, Macron va dégainer un chèque, repousser des accords de libre-échange, tout ceci n’ayant aucun rapport avec le problème, au contraire, Marine Le Pen va brailler mais en proposant toujours plus de ce qui ne marche pas (protectionnisme, étatisme) et tout ce brave petit monde va rentrer au calme chez lui après quelques grandes surfaces et bottes de foin cramées. Reste que Macron a osé nommer premier ministre un petit Rastignac au CV vide et continue d’ignorer superbement, avec un mépris condescendant qui ne se cache plus, les plus saines aspirations populaires.
Les prochaines échéances électorales ne seront pas un motif sérieux de remise en cause, normalement. Mais pourquoi pas puisque plus aucune échéance ne sert à quoi que ce soit. Le pays est à la dérive, à l’image de son personnel politique hors sol, et c’est plus que jamais le cas de le souligner.