Voici un rapide billet pour synthétiser ce que j’ai entendu et vu ces derniers jours au sujet des perspectives en Europe pour l’année qui vient. Voici quelques éléments factuels listés en vrac pour rapidement et approximativement planter le décor:
- L’UE est désormais sous présidence grecque. La présidence tournante n’a aucun sens pas plus qu’un président de l’UE – même élu démocratiquement au suffrage universel : Mes amis centristes oublient un peu vite que dans une union où les décisions se prennent à l’unanimité, ce genre de proposition ne plaira jamais à un citoyen chypriote, luxembourgeois, slovène etc…
- La reprise économique semble se confirmer pour la partie nord de la zone euro. L’inflation semble, quant à elle, pointer le bout de son nez. Au sud la récession s’atténue mais les perspectives de croissance sont bien moindres. Dans mon précédent billet je relevais qu’en toute logique la France court le risque d’à nouveau rentrer en récession… Au sud, le risque déflationniste est très réel et l’ajustement sur les salaires et le chômage a eu pour le moment comme seul effet spectaculaire d’amener des nazis au parlement grec. Nous n’avons probablement encore rien vu.
- Merkel doit cohabiter avec le SPD. Même si les allemands savent discuter et s’entendre autour d’une table, cela ne signifie nullement qu’elle cédera aux socialistes allemands soudainement épris pour la France en difficulté qui demanderait à Draghi un nouvel LTRO… Elle, et son parti, ont tout intérêt politique à se montrer fermes pour qu’aux yeux des allemands qui ont failli de peu faire entrer l’AFD au parlement il nul question que les fourmis allemandes paient pour les cigales méditerranéennes, France incluse.
- La cour constitutionnelle de karlsruhe a ajourné la délibération de son verdict sur les mécanismes de stabilité : Cette décision étonnante démontre que la décision n’est plus seulement constitutionnelle mais purement politique.
2014 : Le sud ira mieux. J’attends de voir surtout si maintenant il est clair que la France fait partie du sud…
A l’examen de tous ces points, sachant que les taux d’emprunts remontent paisiblement pour retrouver petit à petit des prix de marché, Super Mario va devoir justifier son sobriquet en 2014. Mais il devra peut-être faire mieux que des choses super, peut-être des miracles… Au même moment, après juin, le parlement sera plus eurosceptique que jamais, la situation française très tendue après des élections incertaines qui localement pourraient maintenir en place des bureaucrates socialistes contre toute attente (Paris par exemple) malgré un vote extrémiste record.
L’Europe libérale c’est fini! En fait c’est l’Europe technocratique qui la tue et non les quelques vertus qu’on peut encore lui trouver.
Sans plus analyser, on comprend mieux le pseudo virage social-libéral d’Hollande affirmant sa volonté « personnelle » de réduire la dépense publique formulé lors de ses vœux, réitérée au cours de la succession de vœux prononcés à telle ou telle corporation… Hollande semble comprendre que le positionnement marketing qui lui a permis d’accéder à l’Elysée en remplacement du favori auto-déchu a vécu et ne pas opérer un virage mitterrandien le condamnerait à l’échafaud.
Non cet homme n’est pas le fruit du hasard. Repensez-y avant de voter!
Nettement moins habile que l’intriguant – comme disait De Gaulle en 1965 – sera-t-il capable d’opérer le virage contre une grande partie de sa majorité? Pas sûr… L’arriviste ultra-efficace du collaborateur qui avait réussi à mettre le Général de la France libre en ballotage ne semble pas habiter le petit président normal.
Myard interdit de média et bailloné à l’UMP puisque selon lui « l’homosexualité est une perversité ». Il est donc logique après ce dérapage de ne surtout pas l’écouter sur l’UE et l’euro.
Cette semaine, Jacques Myard, le député maire UMP souverainiste a déclaré que bon nombre d’élus socialistes y compris des ministres étaient résolus à aller au clash avec l’Allemagne en 2014. Non contents d’avoir saigné fiscalement les français, voyant que la source se tarissait, nos bons égalitaristes anti-riches, anti-succès, anti-libre penseurs songeraient donc à s’attaquer à ceux qui ont commis le crime de lèse-majesté de placer le travail comme valeur supérieure à l’assistanat. Le résultat est connu d’avance, en 2012 Hollande devait renégocier les traités européens signés par le mécréant Sarkozy pour y inclure un volet « croissance » comme s’il avait échappé à Merkel et à Sarkozy que la croissance économique pourrait nous sortir de nos immenses difficultés… Hollande n’a rien renégocié mais mieux, la cour constitutionnelle allemande ne s’est toujours pas prononcée sur tous ces dispositifs et l’idée que des « eurobonds » puissent voir le jour recule de jour en jour, et à ce sujet, il est intellectuellement scandaleux de faire le moindre reproche à une Allemagne qui refuserait de signer un chèque à un allié devenant de plus en plus insolvable.
No comment.
On comprend mieux maintenant le sens des vœux de M. Hollande qui place désormais la réduction des dépenses comme priorité personnelle afin de se dégager des marges afin de faire miroiter une hypothétique baisse de la pression fiscale. Hollande sait qu’il a tellement tiré sur toutes les ficelles qu’il ne le lui en reste plus beaucoup qui ne seraient pas coupées. Même Valls tire sur la plus grosse au risque politique de devoir assumer des atteintes à la liberté d’expression, c’est dire le chantier odieux pour le futur premier ministre… Hollande s’est dénudé tout seul mais en plus il ne peut plus cacher à sa majorité qu’il va lui falloir marcher longtemps ainsi dans un froid glacial avant d’espérer trouver une source de réconfort. Il pourra se réjouir d’une moindre claque que prévue, avec la complicité des journalistes, sur les municipales mais les européennes risquent fort de provoquer une grosse désillusion et d’ouvrir enfin les débats de fond dont on a scandaleusement privé les français.
Vous reprendrez bien un peu de socialisme? 