Elections européennes, renforcement des politiques centristes en vue après leur défaite dans les urnes. Graves conséquences en vue aussi mais pour plus tard.

L’affaire Bygmalion a donc eu la peau du président autoproclamé de l’UMP. Cette fausse bonne nouvelle se conclut par une fausse bonne idée, quand tout va mal à l’UMP, les mauvaises décisions s’enchaînent. Monsieur Alain Juppé croit toujours comme pour la campagne de 1995 que la prochaine se jouera au centre. Les résultats électoraux récents en particulier de celui des européennes en France comme dans d’autres pays apportent un cinglant démenti à cette croyance poussiéreuse. L’UMP cultive un étonnant paradoxe qui aurait déjà dû depuis longtemps lui sauter aux yeux : L’UMP c’est le RPR + la moitié de l’UDF sachant qu’une majorité du RPR a voté « non » à Maastricht. Si l’appel de Cochin était plus le fait de Marie-France Garaud que des convictions personnelles de Chirac, si toutefois il en a eu, sa résignation à l’euro marquait une première trahison de la maison gaulliste à ses fondamentaux. Chirac mu en libéral dans les années 80, n’a pas cessé de vanter l’intérêt de « libérer les énergies » tous les soirs du 31 décembre de ses mandats présidentiels sans que rien ne suive : Sarkozy et sa rupture devait mettre fin à cet immobilisme, regrettable perte de temps. Non seulement il a échoué faute de cap clair et frappé par une crise qui changeait tous ses plans, mais ce qui fut la « ligne Buisson » qui le sauva d’un destin encore plus tragique que celui de Jospin fut encore récemment accusée d’être responsable de sa défaite. La vérité c’est qu’on ne sauve pas un quinquennat en 6 semaines de campagne pour preuve Hollande semble visiblement créer de toute pièce les conditions d’une cohabitation pour tenter de se refaire une virginité bien avant l’échéance de 2017.

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Facepalm

Mon interprétation ne manquera pas d’être qualifiée de simpliste et réductrice par mes amis libéraux centristes pour qui la foi dans le fédéralisme européen ne peut constituer la seule sortie par le haut des difficultés actuelles. Je me permets modestement de leur rappeler que dans son ouvrage « Le Libéralisme » écrit en 1927, l’auguste Ludwig Von Mises jette les bases d’un programme politique d’un parti libéral. Il aborde naturellement la question des Etats-Unis d’Europe mais, soit j’ai mal lu le chapitre, soit la traduction de l’édition Charles Coquelin est erronée, soit je n’ai jamais trouvé la moindre la moindre précision sur la nature du fédéralisme et sa forme politique souhaitable : Mises a peut-être bien clarifié sa pensée dans des ouvrages ultérieurs que je n’aurais pas encore lu, à ce stade je n’ai relevé aucune critique sur une fédération d’Etats Nations, uniquement une critique évidente des chauvinismes et de ses dérives potentielles lorsque récupérées politiquement. Le récent colloque organisé par le Parti Libéral Démocrate sur la proposition de revenir au principe de subsidiarité comme fondement aux institutions européennes avait fait jour une exubérante diversité de point de vues confirmée par l’éclatement dans chaque pays des projets portés par les principales formations politiques. Une logique d’efficacité voudrait que l’UE ne s’occupe que de grandes questions pour coordonner les activités régaliennes des différents membres : Sur les questions de justice, la cour européenne passe effectivement le plus clair de son temps à condamner la France pour ses décisions de justice iniques et liberticides. Notons qu’un des organes vitaux européens fonctionnent bien et c’est tant mieux tant l’entité française dysfonctionne horriblement et à la vue de tous. J’aimerais éviter un amalgame rapide mais je ne peux éviter de me demander si au moment ou plus 1000 jeunes français se baladent kalachnikov en main en Syrie, s’il est bien raisonnable de mobiliser autant de gendarmes sur les autoroutes pour flasher un maximum de moutontribuables. Si les policiers belges ne savaient rien, alors sur les questions de police, on peut s’interroger sur le niveau d’intégration européenne des sujets liés à la sécurité. Sur les affaires étrangères et son bras armé, nous constatons que français et anglais sont toujours aussi prompts pour intervenir à tous crins mais que la sortie du nucléaire oblige Merkel à ménager durablement Poutine : Aucune convergence en vue, mais beaucoup de lois sur le volume de la chasse-d’ eau  made in UE.

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Puisque Poutine n’est pas un grand démocrate et qu’il a en plus le toupet de s’opposer à l’impérialisme américain, tiens nous européens, on va soutenir des mouvements néonazis en Ukraine. Na!

Autre problème parfaitement évident suite à la victoire très relative du PPE : Juncker ne s’impose pas comme s’il avait remporté la majorité des sièges, il y aura fatalement du bricolage entre gouvernements pour former sa commission dont il n’est toujours pas à cette heure certain de présider. Ajoutez le fait que les eurosceptiques ont toutes les peines du monde à former un groupe, ce qui est assez logique puisqu’idéologiquement ils ne partagent que la simple envie de scier la branche sur laquelle ils sont assis – Farage négocie avec Grillo afin de ne pas se compromettre avec le FN français ce qui démontre en passant qu’il est bien un repoussoir international – in fine le status-quo régnant va pouvoir se prolonger mais en dissimulant de moins en moins facilement que le projet européen et à la fédéralisation en marche se fera sans l’aval des peuples. Les suites données aux référendums perdus en 2005 sur le projet de constitution avaient exposé avec un éclairage cru que cette Europe, pensée par Jean Monnet, avait bel et bien pour but de détruire les Nations.

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Vous n’avez pas assez de communisme chez vous? On va vous l’imposer d’en haut, celui là a plus de chances de marcher que les précédents…

La gestation douloureuse de la prochaine commission achevée par du magouillage entre gouvernements et non, comme joliment vendue par le nouveau parlement, va abonder dans le sens de l’ultra-souverainiste  François Asselineau sur un de ses thèmes favoris. Lui qui a fondé un mouvement pour sortir, accrochez-vous, de l’UE, de l’Euro et de l’OTAN, pour une France tellement libre qu’elle en sera aussi gentiment libre que paisiblement autarcique, a tenu dans une conférence un raisonnement mathématique assez indiscutable : La gauche nous appelle à voter pour une Europe plus sociale, la droite pour une Europe respectant la souveraineté ou je ne sais quelle autre fadaise qu’on pourrait placer en parallèle. Or depuis 20 ans nous avons ni l’un ni l’autre. C’est logique, plus vous intégrez de pays à l’UE plus statistiquement vous avez un parlement idéologiquement équilibré. Notons en passant, sans ironie déplacée, qu’une des dernières fois que l’Angleterre, la France, l’Allemagne et l’Italie étaient simultanément gouvernées par des gouvernements antilibéraux issus de tous les courants socialistes, c’était en septembre 1939… Avec un parlement européen qui ne dévie jamais ou d’à peine d’un iota du centre, on y mène une politique de compromis mais jamais capable de se contredire et d’amorcer la moindre autocritique ou le moindre revirement. Seulement le hic c’est qu’il y a une grosse semaine, dans tous les grands pays (et pas que) les partis centristes ont été sévèrement défaits. Les partis fédéralistes en particulier. L’allié des conservateurs (Nick Clegg) de Cameron en UK se fait même battre par le Green Party arrivant 5ème et laminé dans le débat suicidaire face à Farage arrivé en tête avec 27% et son UKIP. Dans les sondages, 68% des anglais avaient considéré que Farage avait remporté le débat… Avec son score final, nul doute sur le fait que les élections générales en Grande Bretagne s’annoncent incertaines l’an prochain. En France, l’UDI/Modem espérait 15% mais son 10% au final n’est pas si mal. Mais c’est très faible. En Italie, Grillo s’installe à 25%, c’est le parti de Berlusconi (passé eurosceptique depuis peu?) qui s’effondre, je ne suis pas sûr que les 40% de Renzi soit un si bon score vu le reste… En Allemagne, l’AfD avance doucement tandis que les libéraux du FDP disparaissent des écrans radar…

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Juppalm

Au final, comme l’avait finement analysé notre non moins fin président, l’Europe se devait de changer. Avant c’était lui qui promettait le changement, au plus fort de sa résignation, il annonçait de ses vœux un changement en Europe qui sur le plan institutionnel ne pourra jamais changer, la fuite en avant sans contrôle des peuples va se poursuivre d’autant que les possibles nominations recasés des Ayrault et Moscovici qui ont minablement échoué à changer quoi que ce soit en France ne plaident pas en faveur de cette énième incantation aussi désespérée que désespérante. Pourquoi Mélenchon qui critique l’UE en est réduit à un lamentable exercice de tragicomédie, sur-jouant sa douleur vis-à-vis du bon peuple ouvrier, que lui le millionnaire qui n’a jamais travaillé, défendait la classe pourtant le mieux ? Pourquoi le FN et son programme consternant de communisme est-il arrivé en tête ? Pourquoi UKIP et son leader libre-échangiste, anti-impôt, qui pense qu’au-delà de 40% on sombre dans la spoliation, que les fonctionnaires sont trop nombreux et devraient être récompensés au mérite et non à l’ancienneté séduit-il un électorat qui ne votait plus et qui a un salaire moyen inférieur à tous les autres partis ? (On nous rabâche tellement en France que c’est un crime contre lui-même quand le petit peuple n’a pas la décence de sa classe et l’intelligence du cœur de voter à gauche…). UKIP et FN partagent quelques traits communs fondamentaux dans ce qui se joue : Le refus de l’élite autoproclamée à la l’autocritique qui dans ses actes et mêmes dans ses discours, après ses trahisons, cherchent toujours à amadouer sans jamais s’attaquer aux problèmes, en laissant penser que les électeurs ne sont fondamentalement que des pigeons faciles. FN et UKIP disent aussi clairement que des sociétés malades du chômage de masse se tirent une rafale de Kalachnikov dans le pied en acceptant le relativisme culturel, le multiculturalisme et son vecteur encouragé par la bien-pensance idiote utile du capitalisme de connivence : L’immigration de masse. Par ses choix, sa clarté, Farage peut espérer faire partie d’une coalition gouvernementale tandis que le FN ne restera qu’un parti fourre-tout critiquant toute forme d’establishment, de consensus, de négociation : Au mieux un révélateur des trahisons de la droite classique (malgré des commentaires navrants) au pire avec des hommes vendus comme Juppé, son autobloquant.

Sur la BBC le commentaire sur la dynastie Le Pen est très clair.

Ce ne seront pas les eurosceptiques qui bloqueront l’Europe, c’est son fonctionnement au mépris des peuples qui cherche à faire croire que des pays aux intérêts et aux dynamiques divergentes peuvent néanmoins partager leurs souverainetés qui la mènera à sa chute, l’euro étant un parfait catalyseur. Marine Le Pen a tort mais ses non-sens idéologiques ont le mérite de porter aux nues les reniements méprisables d’une droite qui s’est elle-même coupée du peuple et s’enferme à croire que si le peuple est idiot, il vaut mieux le changer, réflexe identique de la gauche.  En cela, je rejoins étrangement bon nombre de gauchistes donneurs de leçons tout aussi sourds et aveugles mais qui croient dur comme fer que Marine le Pen qui est le diable à ce si près que j’ajouterais qu’elle est la lumière rouge du photographe qui révèle les vrais vices de la pensée, et c’est la pensée de la droite qui est viciée depuis la fin de Mitterrand.

 

 

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A propos Duff

Ingénieur consterné par le monde dans lequel il vit...
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