Le tabou va-t-il enfin tomber ?

Alors que tout le monde meurt d’impatience de découvrir sur quelle ligne politique Nicolas Sarkozy va revenir, les autres prétendants à la prochaine élection présidentielle fourbissent leurs armes. A l’occasion de cette rentrée parlementaire, on en sait un peu plus sur les lignes politiques de chacun : Comme tout produit poli par un marketing, l’argumentaire politique caresse l’opinion dans le sens du poil mais aucune garantie n’est cependant vendue avec sur la stricte application d’un programme ni l’exécution d’une pensée structurée et cohérente. Depuis jeudi soir, on en sait beaucoup plus sur la nouvelle ligne sarkozyste.

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chuis candidat!

Si on résume ce que disent les français dans les études d’opinion, ils sont accablés d’impôts et de règlements, qu’il faut plus de liberté économique aux entreprises et moins d’état qui s’immisce jusque dans les moindres détails de nos vies. Voilà qui tombe à pic, il y a une ancienne école de pensée française qui détient les solutions enfin attendues par les français : Le libéralisme. Seulement se dire libéral, quelle prise de risque dans un pays qui suit paisiblement la route de la servitude en cochant une après une toutes les cases décrivant le paradis égalitariste du socialisme authentique : Presse achetée diffusant l’idéologie magique malgré des faits aussi accablants qu’irréfutables, liberté d’expression en régression constante, liberté économique rapetissant débouchant sur toujours plus de chômage et d’assistanat pour qu’un nombre toujours plus grand d’individus d’électeurs mangent dans la main de l’état…

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L’ultra-libéralisme a produit les cigarettes d’une part et le dentifrice d’autre part, il reste à chacun d’être responsable de ses actes…

Au cours des réunions publiques de l’UMP cet été, on a entendu des propositions, mais au-delà du catalogue intrinsèquement invendable dans un pays de rentiers où l’immobilisme est roi, une réflexion de fond semble émerger, elle peine à y parvenir mais elle y parviendra. Il y a quelques jours, François Fillon s’est démarqué de l’eau tiède servie par Alain Juppé – ce que j’avais déjà mentionné en analysant sa prise de risque inexistante comparée à celle de Manuel Valls à l’université d’été du MEDEF – pour Fillon, la situation française exige un discours de vérité, de la fermeté et donc d’inscrire dans la tête des français qu’il faut changer de modèle, de paradigme. Voilà une description du tableau général avant l’élection qui me semble bien plus efficace et pertinente pour que la légitimité à réformer enfin le pays ne s’érode pas en seulement quelques mois après le scrutin. Cette parole de vérité est d’autant plus indispensable que plus rien ne semble pouvoir barrer la route du second tour aux présidentielles à Marine Le Pen qui gagne des électeurs désemparés face aux reniements de la gauche aux affaires, forcée de renoncer à ses pires travers marxistes et incapable de concilier ses vieilles lunes étatiques et constructivistes avec la réalité de l’économie de marché et de la concurrence effrénée (mais salutaire pour les consommateurs que nous somme aussi) et exacerbée par la mondialisation.

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Le FN sera au second tour de la prochaine présidentielle car rien de ce qu’il fallait faire pour s’épargner cette redite depuis 2002 n’a été entrepris.

Au cours de la prochaine élection présidentielle, plus qu’en 2012, les forces opposées à la mondialisation qui oseront faire croire que notre « modèle social » pourrait subsister en se « protégeant » tout en se coupant d’une partie d’une monde et en s’éloignant de nos partenaires européens vont gagner en écho. La faute conjuguée d’une droite étatiste et d’une gauche idéologue incapables d’enrayer la spirale funeste de l’augmentation des dépenses publiques, du déficit et donc de l’endettement et de son corollaire inévitable qu’est l’asservissement aux puissances étrangères et du chômage lié à cette dégradation constante de notre système de formation opérant avec l’affaiblissement de notre tissu économique accablé d’impôts et de règlements. Pressentant dès l’élection d’Hollande que l’enjeu du prochain scrutin d’envergure serait un choix entre la liberté ou la servitude, la vérité contre le déni, ce n’est pas aujourd’hui que je vais baisser la garde.

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Juppalm ou le socialisme de droite : Forcément favori des gagnants du capitalisme de connivence et des électeurs de gauche qui in fine ne voteront jamais pour lui.

A l’écoute du premier discours de Nicolas Sarkozy entré à nouveau dans l’arène, je suis plutôt rassuré sur son contenu dans le fond alors que sa prestation télévisée sur France 2 dimanche dernier m’avait passablement irrité. A ces deux interventions, il manque cruellement toujours une vision enthousiaste et motivante pour inspirer une sortie de crise par le haut. Dans la décennie qui s’ouvre, la population française – quoique vieillissante comme toutes les démocraties occidentales – sera plus importante que la population allemande : Et pourquoi la France qui dispose d’atouts indécents et d’un potentiel de croissance supérieur à son mastodonte de voisin ne se fixerait pas comme objectif de le dépasser économiquement ? Cette perspective rendrait tellement plus crédibles les intentions françaises de bousculer l’UE, aujourd’hui dans l’impasse, parce que le poids de l’histoire contraint toujours l’Allemagne à la plus grande discrétion diplomatique et militaire, pire, à la mansuétude économique vis-à-vis de son alliée cigale et dilettante mais disposant de l’arme atomique et d’un siège de membre permanent à l’ONU.

Voir un ancien président critiquer aussi vertement – quoiqu’à bon droit – son successeur me laisse une impression de malaise, il faut croire que l’homme est prêt à tout ou que la France soit au bord de l’écroulement voire les deux à la fois. Il ne faudrait pas que par sa personne et son rejet commandé des médias et des fabricants de pensée bien-pensante discréditent quelques éléments centraux de son discours : Cessons de faire croire qu’entre la mondialisation et l’euro d’un côté et de l’autre notre modèle social obsolète et intrinsèquement communiste, c’est ce dernier qu’il faudrait préserver. Cessons de faire croire que l’exploration en premier lieu et éventuellement l’exploitation des gaz de schistes seraient une abomination. Cessons de faire croire que plus de prestations sociales soulageront la misère et les incroyables iniquités qui sévissent dès l’école puis à l’accès à l’emploi. Cessons enfin de nous référer au principe de précaution et laissons aux individus innovants la responsabilité de leurs actes.

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La gauche est morte et idéologiquement happée par le FN qu’elle croyait manipuler contre la droite, lourde responsabilité devant le tribunal de l’histoire.

Bruno Le Maire a eu raison de rappeler qu’il n’est pas forcément venu le moment d’affirmer que le clivage droite / gauche était révolu, magnifique cadeau offert au FN, mais Sarkozy a raison sur un point sans nommer pour aller jusqu’au fond de sa pensée : Droite et gauche ont poursuivi main dans la main la même logique clientéliste étendant l’état providence. Plus que jamais, il revient à la droite de faire son aggiornamento pour rejeter enfin son socialisme génétique puisque la gauche au pouvoir, même présentée comme « sociale libérale » (joli oxymoron), se montre incapable d’être réaliste et pragmatique. Sarkozy a par contre tort de faire croire qu’il n’est nul besoin de relire la pensée économique des classiques des XIXème et XXème siècles sauf s’il pense à Keynes qu’il a pourtant honoré par son « grand emprunt » pour relancer l’activité après la crise… La clique journalistique continue à cracher sur la droite car elle craint qu’une fois revenue au pouvoir, celle-ci ne pousse enfin sa logique actuelle jusqu’au bout : Lui couper les vivres et laisser le marché de l’offre et de la demande faire son œuvre. Cette presse fait croire que la droite n’a pas d’idée : Non, elle renoue enfin avec le libéralisme, ce n’est pas le manque d’idée qui m’interpelle le plus aujourd’hui, c’est bien plus la crédibilité, la fermeté discutable, le doute rationnel à l’égard de ces dirigeants une fois revenus aux affaires d’accomplir ce qu’ils n’ont pas eu le courage de réaliser entre 2002 et 2012. La bonne nouvelle c’est que le mot libéralisme est de moins en moins tabou, il l’est encore dans les discours politiques, de moins en moins dans l’inspiration qu’il insuffle aux programmes.

 

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A propos Duff

Ingénieur consterné par le monde dans lequel il vit...
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