La France actuelle est métastasée et son agonie arrive à son terme sans qu’elle n’en prenne encore bien conscience. Ses personnages politiques, surtout ceux qui sont théoriquement au pouvoir, eux, l’ont déjà bien compris et tentent de préparer l’étape suivante dans la désorganisation la plus totale. Conscient de l’impasse vers laquelle nous conduit la gauche, Manuel Valls a esquissé cette semaine les contours du tableau suivant. La même semaine on apprenait sans surprise que François Hollande, président acculé de toute part, s’apprête à dire merde à Bruxelles qui tousse devant le budget scandaleux que les députés français votent et qui entérine une nouvelle fois le retour à l’équilibre budgétaire à la Saint Glinglin. Peu à peu la suite de la tragicomédie française n’a jamais semblé aussi évidente et les enjeux à venir aussi prédominants.
Un réformateur apaisant? Vraiment?
Dans un entretien accordé à l’obs, hebdomadaire en crise identitaire et financière comme toute la presse qui survit grâce aux subventions et qui y répond en changeant de nom, Manuel Valls propose aussi de changer de nom au parti socialiste, suivant la même logique. Il est de bon ton de railler l’UMP en recherche de leader et d’idée au point de ressusciter en grandes pompes le cadavérique Nicolas Sarkozy pourtant mortellement touché par son bilan et les suspicions autour de ses pratiques du pouvoir ainsi que de ses proches, il ne faut pourtant pas perdre de vue que c’est bien le PS qui gouverne et qu’il est plus qu’en souffrance, il au bord de l’implosion. Valls est bien plus qu’un bon communiquant répétant les bonnes recettes qui ont permis à Nicolas Sarkozy d’accéder à l’Elysée en 2007 contre vents et marées notamment le bilan très médiocre de Jacques Chirac finissant surtout après son avc, Valls sait qu’un choc intérieur ou extérieur va se produire et balayer tous les hommes responsables devant l’histoire. Il se positionne et reconnaît explicitement que n’avoir pas saisi la balle au bond en intégrant des centristes au gouvernement malgré les grossiers appels du pied de Bayrou était une erreur fatale d’Hollande. Comme celle de faire semblant de réformer en attendant que la croissance ne revienne d’elle-même, ce qu’elle finira par faire mais retardée par le choc fiscal du début de mandat et les doutes sur la soutenabilité de la dette des états du sud de la zone euro. La crise de l’euro peut revenir à tout moment et ceux qui saluaient le retour de la Grèce sur le marché obligataire se sont réjouis trop vite, la lente agonie de la Grèce se prolonge et finira tôt ou tard par fragiliser le château de cartes péniblement bâti par Mario Draghi.
Le dernier président, si si.
Valls prépare donc sa sortie car Hollande précipite la France socialiste vers son destin : En virant les frondeurs, il voulait donner de la cohérence à son action : Peine perdue, la fuite en avant continue et mieux, en disant merde à ses partenaires européens et en sommant les Anglais et les Allemands de payer pour la nullité française, il donne raison aux frondeurs. Ce paradoxe n’est pas mystérieux, Hollande est un lâche qui n’assumera aucune réforme sérieuse et apparaît bien comme étant l’obstacle premier de Manuel Valls. La crise de régime viendra de mouvements intérieurs ou d’une crise extérieure c’est désormais certain, Hollande ne fait que l’attiser en fuyant ses responsabilités. Valls cherche juste à incarner le réformateur qui affrontera le courant réactionnaire qui sera au second tour de chaque élection à venir.