Le sous-titre de mon modeste blog est « Vous reprendre bien un peu de socialisme? » car tel le sparadrap du capitaine Haddock, le socialisme, on ne s’en débarrasse pas comme ça. Je note que dans une société droguée à la dépense publique et hypnotisée à l’instantanéité des chaînes d’infos, toute réflexion à long terme, sur l’évolution des idées politiques et sur l’économie depuis les révolutions industrielles en occident, est manifestement délibérément entravée. On peut bien s’étriper sur la définition précise du socialisme mais quiconque raisonnable se doit de reconnaître que depuis plus de 200 ans d’économétrie richement documentée, aucun régime planiste, constructiviste et plus ou moins collectiviste dans son atavisme anticapitaliste n’a produit de meilleurs résultats que toute société libre. En clair, le socialisme n’a jamais marché, nulle part ni en aucune circonstance et pourtant, il y a toujours des socialistes, pire, des bateleurs hardis pour agiter le chiffon rouge du grand soir révolutionnaire communiste.
Soyons précis à l’heure où des libéraux galvanisés par cette période actuelle qui tord le cou au socialisme évoquent la courbe de Laffer. Arthur Laffer ne faisait que reprendre l’idée de bons sens que les « hauts taux tuent les totaux » mais en vérité sa courbe en cloche n’est pas vérifiée expérimentalement. Même dans la gentille France qui sombre dans le communisme de moins en moins light, quand on monte un taux d’un impôt, les recettes continuent de croître. En revanche, ce qui est exact c’est que les rendements estimés par les puissants cerveaux de Bercy via une règle de 3 ne sont pas au rendez-vous. En clair, oui les rentrées fiscales augmentent mais moins qu’escompté ce qui prouve que dans cette vision statique de l’économie, on n’avait pas prévu qu’un agent serait si pénalisé qu’il ne serait pas capable de payer au minimum la même somme d’impôt que précédemment. L’idée planiste consiste essentiellement à penser que si l’état dispose de plus de moyens, il va investir dans des domaines où la rentabilité à long terme est délicate à apprécier avec ce pré-supposé douteux qu’un marché libre ne rechercherait que la rentabilité immédiate et délaisserait ce qui pourrait accroître à long terme le bien-commun, une aisance partagée en quelque sorte. Les étatistes hurlent par exemple au dépeçage d’Alstom ou à la vente de STX (comme si les italiens étaient encore plus méchants et sourds aux revendications de la gentille France que les coréens). On met en avant le protectionnisme au nom des intérêts stratégiques, caste ultime du bien commun, du bien public. Les USA, bien connus pour leur agressivité envers la France, notamment au cours du XXème siècle, seraient si méchants qu’ils seraient capables de ne plus assurer la maintenance d’une pauvre turbine nucléaire afin de paralyser son allié vassal? Un allié vassal avec qui les entraînements militaires sont très réguliers dont ils ne sont pas mécontents de voir l’unique porte-avion les seconder? La mentalité anti-capitaliste conduit décidément à théoriser les pires crétineries.
Le président Macron et ses ministres ne transgressent pas certaines règles, on l’a vu avec l’affaire STX mentionné précédemment ou cet été, avant les législatives, avec l’entreprise GM&S. Avant une élection on peut faire de la pédagogie mais au fur et à mesure qu’elle se rapproche, le plus sûr moyen d’éviter des vagues médiatiques reste malheureusement toujours la démagogie bien dégoulinante d’étatisme. Or précisément ce qui a forgé Macron comme candidat potentiel c’est évidemment une validation d’une partie des idéaux égalitaristes sur le plan sociétal, véhiculés par les journaux subventionnés, mais aussi la nécessité de réformes économiques. D’où toutes les inepties de Marlène Schiappa tandis que Jean Michel Blanquer essaie de remettre l’école sur patte, loin de l’idéologie égalitariste qui la détruit à petit feu, ce qu’il a même osé reconnaître. Il y a aussi la phrase restée célèbre, « l’ISF n’est pas un impôt idéal » dans la lignée de punchlines qui ont ringardisé les politiciens installés même ceux qui pensaient installer une rupture dans leur propre camp.
La transformation de l’ISF montre que l’abandon pur et simple de cet impôt pourtant anti-économique est politiquement périlleux dans ce pays où la haine de classe et la jalousie des autres est paroxystique. Cela révèle surtout qu’aucun homme politique prétendant à la magistrature suprême ne s’est fait élire ces dernières décennies en développant la moindre réflexion sur l’impôt. Pourquoi payons-nous des impôts? Qu’attendre de ceux à qui on verse une si substantielle part du fruit de notre travail? Quels impôts doivent collecter l’argent qui finance ces dépenses collectives? Cette collecte est-elle efficace et au delà, est-elle morale, juste, sensée au point de ne pas susciter le rejet même d’une faible partie de la population assujettie à ces impôts? Toutes ces questions devraient naturellement être soulevées dès lors qu’on songe à une réforme fiscale et hélas, ce n’est pas le cas même dans le pays au record mondial des prélèvements obligatoires. Dieu sait qu’on y songe depuis des lustres mais il est moderne désormais d’avoir cette vanité, cet orgueil de juger les textes anciens dépassés, périmés, réactionnaires en quelque sorte… L’état a bien des ministères régaliens ce qui prouve que certaines de ses missions sont prioritaires. Un socialiste pur sucre, bavant sur l’argent des autres, vend toujours des services publiques, idéalement gratuits puisque tant qu’à faire les poches de certains autant faire totalement oublier que ça a bien entendu un coût et donc un contribuable derrière. Bachelay et Galut sont de ceux-là. Des irresponsables patentés mais agréablement présentés comme de gentils utopistes par la presse, elle même droguée à la dépense publique.
Il est amusant de constater que dans notre chère France socialiste on peut s’interroger sur le caractère moral d’une évasion fiscale, d’un arbitrage rationnel pourtant légal. Jamais on ne va se poser la question de la moralité de l’impôt. Dire « je vais taxer les noirs » est jugé naturellement de raciste et discriminatoire. Mais jamais on se pose la moindre question lorsqu’un ancien président, pourtant au courant de la nocivité des impôts basés sur une assiette restreinte et un taux confiscatoire, dit soit lui même « c’est pas cher, c’est l’état qui paie » ou par le truchement de son fantomatique premier premier ministre « seuls les 10% les plus riches seront mis à contribution ». La gentille France, martyrisée par l’ultra-libéralisme ambiant bafoue assez méthodiquement le fruit d’une pensée venue de loin qui n’est autre que la déclaration universelle des droit de l’homme et du citoyen. Article premier, « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits » est une plaisanterie face à ce qu’est devenue notre parodie de justice où l’état dispose de ses propres tribunaux, juge et partie, depuis Napoléon, et la mansuétude coupable face aux pauvres déséquilibrés qui causent des attentats terroristes. Article deux : « Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’Homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et la résistance à l’oppression » Chacun jugera des actions formidablement efficaces de l’état français pour assurer le droit de propriété et la sûreté. Mais quitte à juger, Florent Pagny est coupable de résister à l’oppression, aussi fiscale soit-elle. Troisième article : « Le principe de toute Souveraineté réside essentiellement dans la Nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément ». Vouloir détruire la Nation comme le fait explicitement la gauche et par trahison la droite est bien beau mais c’est avant tout un viol démocratique, une façon d’avoir des élus qui ne rendent jamais des comptes, nous y sommes. Article quatre : « La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi, l’exercice des droits naturels de chaque homme n’a de bornes que celles qui assurent aux autres Membres de la Société la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la Loi ». Dans mon enfance j’entendais dire que nous étions libres et que notre liberté ne trouvait comme frontière là où commence celle des autres, propos librement inspiré de John Stuart Mill. Il me semble vivre dans un pays où n’est autorisé que ce que stipule la loi tandis qu’il faudrait davantage une loi n’explicitant que les interdits.
On pourrait continuer la longue liste des entraves faites à un texte historique né d’une longue réflexion sur les travers autoritaires français et des fructueuses expérimentations commises ailleurs. A l’évidence la France méprise son histoire en se vautrant dans le socialisme. Les réformes indispensables sont connues et même documentées par les expériences voisines. Le plus incroyable c’est l’effacement des débats historiques, pourtant très actuels, qu’on a laissé s’opérer. Quand on planche sur la fiscalité française, qui peut raisonnablement donner tort à Frédéric Bastiat et sa célèbre citation : « l’État, c’est la grande fiction à travers laquelle tout le monde s’efforce de vivre aux dépens de tout le monde ». Niches fiscales, parce qu’on sait sans l’avouer qu’on taxe trop et la vision planiste/constructiviste de l’économie, d’un côté, et, de l’autre subventions/allocations pour ceux qui chouinent le plus fort. Avec ce qu’il se voit et ne se voit pas, notamment par le prisme des médias complaisants, on voit l’action de l’état providence. Et ça c’est un crime d’y toucher. De le penser même. L’ISF, on le dénature mais on ne peut pas le supprimer, on ne peut pas « flatiser » les impôts, ça se verrait trop. Toujours cette vision statique, l’économie est un jeu à somme nulle comme première erreur, le refus de la concurrence pour stimuler le progrès social comme seconde.
Bravo Praud pour le respect des temps de parole
Entre la fille de l’IREF et le président du PLD, arriver à faire plus parler le tocard communiste relève de l’exploit. Mais on sent par ses questions et sa façon d’orienter le débat que Praud penche plutôt du « bon côté ». Il a pas l’air de goûter aux joies du socialisme égalitariste.
Dimanche 1 octobre 2017 à 22:32, http://www.lcp.fr/emissions/droit-de-suite/283004-alstom-une-affaire-detat , Hollande-Montebourg : les fieffés gredins !
En résumé GE est majoritaire malgré les serments d’ivrognes des 2 voyous ci-devant cités, un vrai scandale devrait se préparer . . ..
So what, la faillite étatique de la CGE sensée concurrencer Siemens, l’absence de fonds de pension etc. Je peux dénoncer la faillite du capitalisme de connivence pas le fait que des boîtes françaises mal gérées (souvent par des trouducs passés par des cabinets ministériels) aillent au tapis.
Pas d’accord sur un point important. Vous dites
« Cela révèle surtout qu’aucun homme politique prétendant à la magistrature suprême ne s’est fait élire ces dernières décennies en développant la moindre réflexion sur l’impôt. »
François Hollande avait une réflexion sur l’impot très poussé, visant notamment à faire payer ceux qui ne votent pas pour lui. On peut détester son approche, mais il est faux de dire qu’il n’a pas d’avis informé sur la question fiscale.
Pas faux. Je le mentionne en faisant référence à la vidéo d’avant 2012 où il explique à Pieketty que les impôts à assiette étroite et des taux élevés sont nocifs… Puis il a sorti sa taxe à 75% en campagne. Jollande est pire que mauvais, il a flatté le bon peuple de gauche et sa jalousie en sachant qu’éconmiquement il commettait une erreur.