Au moment ou est décerné le prix de l’humour politique 2017, ce n’est pas seulement le rire que nous ont inspiré nos piètres hommes politiques cette année. Parmi les citations comiques dont nos clowns nationaux ont le secret, j’ai bien aimé celle de l’ectoplasme de l’UDI, Jean-Christophe Lagarde. Je cite : « La moitié de nos électeurs sont passés chez Macron et je crois que l’autre est déjà en marche. ». Voilà qui ne pouvait pas mieux camper la situation.
Résumons, parmi les élus Les Républicains qui le soir du premier tour de la primaire se sont précipités derrière François Fillon on en trouve qui ont fait défection après la mise en examen de ce dernier. Pour sauver leurs fesses aux législatives, ils ont soudainement prêté d’immenses qualités à Emmanuel Macron au point d’envisager leur entrée dans son gouvernement. Du côté de l’UDI, selon une bonne vieille tambouille politicienne, des accords avaient été négociés pour l’obtention de circonscriptions en pensant que le futur président viendrait des rangs de l’allié de droite tandis qu’il apparut assez vite qu’une grande partie de l’électorat centriste dont le centre-droit avait déserté pour Macron… Voici comment ces députés dits « constructifs » se sont retrouvés le cul entre deux chaises. Entre temps, le président Macron put se réjouir de bénéficier d’une majorité plus large que prévue et, de l’autre côté, le parti de droite a raffermi ses positions pour ne pas exploser. Rappelons qu’en nombre de députés, n’en déplaise aux soviétiques insoumis, LR EST le principal parti d’opposition. Depuis leur expulsion prévisible et quoiqu’on en dise, logique, les « constructifs » se devaient de clarifier la situation au fur et à mesure que les deux chaises s’écartaient dangereusement.
Comme toujours dans notre charmant pays, les logiques d’intérêts personnels ont prévalu sur la cohérence idéologique. l’UDI alliée à un canard sans tête ne sait plus où aller et a même moins de députés que le rival MODEM à la faveur d’un meilleur pari bien que dirigé par un looser éternel (Bayrou). Thierry Solère n’ayant pas pris complètement le train en marche comme Bruno Le Maire et surtout Edouard Philippe, notre brave et courageux député s’est résolu à adhérer au parti présidentiel. Tout ça pour ça pourrions-nous dire. L’idée de se mettre en marge de LR était sain et courageux au départ mais des questions surgissent immédiatement. Pourquoi se dire de droite, même modérée, pour finir dans un ramassis hétéroclite d’opportunistes à la sensibilité globalement sociale-démocrate? Au fond, les élus MODEM sont restés indépendants malgré leur alliance! Solère m’était sympathique mais lorsqu’il a voulu et obtenu son poste de questeur à l’assemblée nationale, au fond, les masques tombaient. Plutôt que d’animer un courant réformateur ne surjouant pas un enracinement conservateur, posture qui jouera probablement des tours à Laurent Wauquiez, il a voulu tirer profit de sa « compatibilité » avec le président Macron. Le plat de lentilles avant les convictions qui auraient du le conduire à fonder un nouveau parti de centre-droit, plus libéral qu’En Marche! mais prêt à voter tout ce qui allait dans la bonne direction. Un nouveau parti qui pourrait expliquer calmement pourquoi il se situe encore à droite sur l’échiquier justifiant ainsi le soutien sans réserve au candidat Fillon et sa tentative embryonnaire d’encrer LR dans un compromis entre libéralisme et conservatisme, caractéristique flagrante de la plupart des droites occidentales.
Il est également navrant de constater qu’au sein de LR, certaines personnes commettent une erreur quasi-symétrique à Solère. Que Virginie Calmels fut approchée par les équipes d’Emmanuel Macron et ait négocié son ralliement n’a rien de choquant. Ce qui est plus étrange, c’est sa volonté de faire vivre un courant libéral au sein de LR en alignant ses pas avec ceux de Laurent Wauquiez qui a la tête de la cible facile, à la droitisation factice et au répondant, au tempérament qui semblent trop lisses. Il semble donc de plus en plus plausible que l’émergence d’un parti qui sait ce qui le relie à la droite et qui embrasse les évolutions indispensables à la France dans la mondialisation, passant par de puissantes réformes libérales, soit remis aux calendes grecques. La faute aux institutions? Peut-être, la faute à la médiocrité intellectuelle et historique, la veulerie, la pleutrerie, l’avidité de nos politiques? Beaucoup plus sûrement, la passivité des français cumulant lesdites tares? Avec certitude.