Le Diagramme de Nolan revisité à la sauce française

Non la France n’est pas en face d’un tripartisme mais d’un quadripartisme, volontairement occulté par la presse partisane. Fidèles à leur acharnement contre la candidature de François Fillon, les médias égrainent tous les jours les derniers sondages promettant au candidat de la droite l’élimination dès le premier tour en parlant de « dévissage » tandis que les chiffres sont stables entre 18.5% et 20%.  On sent bien qu’ils brûlent un cierge pour que le dévissage se produise pour deux raisons simples : Emmanuel Macron n’a guère de marge en étant tout juste devant et que visiblement les sympathisants de droite ont, tel des roseaux, pliés mais n’ont pas rompus. Quand je parlais dans un billet précédent de l’interprétation ridicule et orientée des sondages par les médias avant la cabale, Fillon était en tête devant Marine Le Pen mais déjà, rappelez-vous, Macron le menaçait… On comprend mieux pourquoi désormais, mais, force est de constater ce qu’il aura fallu pour que ces titres mensongers finissent par devenir des professions auto-réalisatrices. Les partis de droite et de gauche sont juste actuellement challengés par leurs extrémistes respectifs antilibéraux parce qu’ils ont prêté trop longtemps le flanc à la critique. En clair, ils ont merdé.

Certains vont gamberger au risque d’une surchauffe de la matière grise pour tenter d’établir quelques scénarios crédibles sur la base de ces enquêtes afin de déterminer l’identité de notre prochain président. La seule tendance qui se dégage de ces 2 dernières semaines c’est qu’elles ont bien failli assassiner politiquement celui qui était encore dans les premiers jours de 2017 l’absolu favori des présidentielles. Partons des primaires qui devaient se résumer, selon nos bons médias, à une marche triomphale d’Alain Juppé. Un candidat de droite qui offrait beaucoup de prises à la critique en cas de présence d’un candidat de gauche en capacité et à défaut un moindre mal dans la situation inverse. Patatras, on savait que Juppé avait la cote dans les médias, Sarkozy auprès des militants (quoique son score ne fut pas si spectaculaire en 2014 lors de son retour pour la prise du parti) mais on a découvert que les sympathisants, déterminés à voter à droite en 2017, plébiscitaient Fillon tant pour la sobriété de la personne que pour le programme osé bien que jugé unanimement impossible à mettre en oeuvre dans un pays socialiste. On a attaqué donc la personne, un châtelain de l’argent publique qui veut baisser les dépenses, à la bonne heure, serait-ce un Tartufe de plus?. Crime parfait. Acharnement de médias de gauche mais essentiellement de médias participant de la propagande pro-Macron, tiens tiens, on voit mieux pourquoi il le menaçait alors que les sondages éjectaient alors Marine Le Pen du second tour… Peu importe qui balance, certainement à droite de la part de gens qui pensent que leur carrière politique peut en prendre un sérieux coup en cas d’élection de Fillon et à la limite moindre en cas de défaite. Sans parler de leur horreur et l’abjection devant un choix démocratique jusqu’ici inconnu à la droite bonapartiste que fut la primaire. La short-list se réduit bizarrement. Quant aux journalistes du Canard Enchaîné, ils peuvent bien pérorer, glousser, se faire mousser, rappelons que leur seul talent est d’abandonner quelques instants la machine à café pour prendre les escaliers afin de relever la boîte aux lettres, acte qu’ils qualifient d’investigation.

Seule certitude que je retiens de la séquence, c’est que les noyaux durs, le socle électoral de Marine Le Pen et de François Fillon ont une masse critique pour attendre le second tour. La volatilé sur les autres candidats est bien plus importante notamment pour le candidat sans expérience, sans programme, sans élu, virtuellement sans adhérent avec une cotisation à 0€, Macron. Avec la tempête médiatique actuelle, Fillon est en apparence plus fragile, astuce pour les médias de faire croire que la bipolarisation de la politique française refait surface. A mon avis il n’en rien, la bipolarité découle des institutions de la Vème République à l’agonie, la France étant plutôt en train de valider expérimentalement le diagramme de Nolan. Dans une campagne présidentielle, plusieurs sujets comptent vraiment et on peut classer les candidats selon une grille de lecture plutôt libérale en ajoutant au traditionnel clivage gauche/droite un autre qui ajoute une dimension en plus qui serait une confiance soit dans les solutions collectivistes ou individuelles.

diapositive1

Le socle historique du libéralisme que j’ai colorié en jaune est plutôt en haut à gauche. Manuel Valls n’ayant pas su l’incarner par son autoritarisme et les calculs politiciens à la mords-moi-le-nœud d’Hollande, la place était laissée vacante pour Emmanuel Macron. François Fillon se proposait de rompre avec le socialisme de droite et inscrivait son parti dans la case libéral/conservateur. Coté fascistes, on avait les communistes traditionnels qui maquillent leurs propositions éculées avec des éléments de langage apparus récemment depuis la chute du mur de Berlin et de l’effondrement de l’URSS tel que l’éco-socialisme, les vues malthusiennes sur le travail etc. Nous avons aussi Marxine Marine Le Pen qui abandonne les éléments poujadistes de son père et la lute contre l’avortement voire le mariage gay pour se concentrer sur l’immigration et la prise totale du contrôle de l’économie et de la monnaie. En campagne électorale, nous avons comme toujours un affadissement des propositions réformatrices pour ne surtout pas déplaire aux médias comme ceci:

diapositive2 Fillon recule sur la sécu mais dit une phrase qu’aucun socialiste n’oserait jamais prononcer:  à titre personnel, il était opposé à l’avortement mais qu’il n’imposerait pas aux autres son mode de vie. J’entends des libéraux jouer les vierges effarouchées sur l’IVG mais jamais sur le caractère fondamentalement libéral de cette affirmation. Comme sur le revenu universel, les libéraux de gauche resteront avant tout de gauche et des connards de droite comme moi, de droite. Aucun média pour qualifier d’extrême gauche le programme économique du FN. Le protectionnisme et la main-mise de l’état sur l’économie c’est très mal sauf si c’est un communiste qui le propose. Il est très distrayant d’écouter tous ces experts de mes fesses m’expliquer que ce que propose Donald Trump et Marine Le Pen est atroce alors que venant d’un socialiste lambda ça sent la rose. On en vient à la carte délibérément avantagée, espérée par les médias:

Diapositive3.PNG

Quid du tripartisme apparu dans les médias à la lumière des derniers scrutins? Si on se donne la peine de regarder de près la courte aventure politique d’Emmanuel Macron on constate bien vite que son atout est son point faible. Les journalistes qui ne digèrent toujours pas le Brexit et l’élection de Trump pourraient bien tuer leur champion sans programme au passif déjà anormalement lourd pour son jeune âge. Ils rêvent tous d’une revanche en se disant que Macron passerait face à la fifille. Normalement. A ne pas faire leur boulot et en faisant passer leurs convictions d’abord, voire les injonctions de leurs patrons, on peut fort bien se réveiller avec la fifille Le Pen élue, plus rien n’est à exclure dans ce jeux dangereux du « dégagisme » énoncé par le tribun Mélenchon. Lors de la cérémonie d’investiture de Trump, les intervenants de BFMTV ne tarissaient pas d’éloges pour Barrack Obama et disaient ouvertement que tout ce barnum serait d’une tout autre facture avec la mère Clinton. La démocratie on s’en fout. Et on s’en fout d’être jugé par nos lecteurs, ça fait belle lurette qu’on en n’a plus!

Conformément aux stratégies fascisantes, François Fillon et ses soutiens gaspillent du temps d’antenne pour se justifier moralement alors qu’on en pense ce qu’on veut, sur le fond il n’y a toujours rien d’illégal. Voilà qui permet  à un aventurier sorti de nulle-part sinon que la galaxie socialiste avec son cortège de copinage lucratif avec la nuée de parasites qui vivent fort bien à proximité de l’état de faire croire au vrai changement. Enfumage extraordinaire. Mystification médiatique inédite. Il est aussi possible qu’une bonne partie des français se rendent compte de cette grossièreté à temps et comme en 2016 veulent déjouer les pronostiques officiels et les volontés basses qui sont à l’oeuvre derrière les médias et la calomnie envers M. Fillon. Je ne l’enterrai pas si vite, il a si bien résisté lors des primaires. Et, si tapis dans l’ombre, Benoît Hamon vampirisant Mélenchon, venait disputer la victoire à sa jumelle à peine plus droitière? Quelle sera la réaction des français indécis face à un tel vertige? Tout est encore possible. La sortie par le haut est encore possible, hélas, le pire aussi et il gagne du terrain grâce aux journalistes partiaux.

Publicité

A propos Duff

Ingénieur consterné par le monde dans lequel il vit...
Cet article, publié dans Politique, est tagué , , , , , , , , , , , , , , , . Ajoutez ce permalien à vos favoris.

4 commentaires pour Le Diagramme de Nolan revisité à la sauce française

  1. atoilhonneur2 dit :

    Complètement hors sujet: on organise régulièrement des déjeuners de blogueurs  » nauséabonds  » sur Paris. Le prochain a lieu le 25 février midi du côté de la place d’Italie.
    Si tues intéressé , tu m envoies un email à : atoilhonneur@yahoo.fr

    cdlt,
    Corto

  2. François Carmignola dit :

    Totalement d’accord ! Et le repositionnement du « libéral » macron dans le carré en bas à gauche est particulièrement bien vu… En gros, Macron reste une tentative de la gauche de conserver un statut quo qui n’a rien de libéral: fonctionnaires et dépenses publiques jusqu’à l’arrivée du FMI.

    Excellente remarque sur l’avortement vu coté Fillon: l’essence du conservatisme libéral est effectivement dans cette remarque. Cela s’appelle la civilisation et peu de gens l’ont compris…

    • Duff dit :

      Ce sont des libéraux de gauche qui gardent leur prisme socialiste qui ont hurlé sur Fillon et aussi par anticléricalisme primaire.

      Au lendemain des législative je vous fiche mon billet qu’en marche va être rebaptisé Parti Social Démocrate… Et tous les idiots du centre qui ont auront voté Macron auront comme une douleur à l’anus face à cette supercherie.

  3. Ping : Le clivage gauche/droite va perdurer, pas les partis actuels | Vous reprendrez bien un peu de socialisme?

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s